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Coopérative

La coopérative Dauphinoise envisage l'avenir avec agilité

Lors de l'assemblée générale du Groupe Dauphinoise, le conférencier Christophe Dequidt a invité les agriculteurs à sortir de leur zone de confort en leur montrant la voie de l'audace et de la communication.
La coopérative Dauphinoise envisage l'avenir avec agilité

A la tête du groupe Dauphinoise depuis deux ans, Jean-Yves Colomb en souligne tout d'abord l'état d'esprit propre au mouvement coopératif.
Mais il fait également part de l'absence de certitude qui entoure l'activité de l'opérateur économique. 
« Dans un environnement mobile », indique-t-il, il convient donc de « garder le cap », en faisant preuve d'agilité.

 

Georges Boixo (à d.) et Jean-Yves Colomb, directeur général et président du Groupe Dauphinoise.


C'est l'objet du plan d'entreprise Cap Avenir 2020 basé sur l'accompagnement de tous les adhérents, l'ancrage au territoire, la recherche de valeur ajoutée via les filières et les nouveaux débouchés, l'amélioration des performances techniques, économiques et environnementales (voir Terre dauphinoise du 18 janvier).
L'année 2018 sera celle de la consolidation du groupe et de sa simplification, ainsi que l'a annoncé Georges Boixo, le directeur général. En effet, après des années de croissance interne et externe, l'entreprise est entrée dans une phase d'harmonisation de ses pratiques.
Ces ambitions ont été présentées jeudi dernier 18 janvier aux coopérateurs, lors de l'assemblée générale du Groupe Dauphinoise qui s'est tenue à Saint-Quentin-Fallavier.

Le monde change

En présence de près de 500 personnes, ce temps fort a aussi permis aux adhérents d'assister à l'intervention de Christophe Dequidt, expert des problématiques agricoles, enseignant et dirigeant de société de conseils, sur le thème : « L'agriculture, entre alimentation, climat et sécurité dans le monde ».
Avec son épouse, l'économiste est parti « à la rencontre des gens du monde ». Il a visité 18 pays en 13 mois, à raison de deux à trois fermes par pays, rencontrant environ 500 personnes et ciblant la culture du blé.

 

L'intervention de Christophe Dequidt a donné un éclairage géostratégique à l'opérateur économique.


Il délivre un message objectif, étayé par son appréciation directe du terrain, et tire quelques pistes de travail issues de ses constats et de ses échanges.
« Le monde change, sauf l'équation alimentaire », lance-t-il en se voulant rassurant. Il ne sert à rien d'avoir peur car l'humanité devra toujours se nourrir. Mais il faudra compter avec la mondialisation, l'évolution des technologies, la donne environnementale, l'ambivalence politique et les enjeux géostratégiques.

L'Asie et l'Afrique

Au fil des continents, Christophe Dequidt décrit des agricultures intensives, leurs limites, leurs volontés hégémoniques, les politiques agressives, à l'image de la Russie dont l'agriculture est devenue la priorité du gouvernement.

Il se montre aussi confiant : l'Asie et l'Afrique sont des terres d'avenir en raison de l'explosion de la consommation pour le premier continent, de la poussée démographique et du besoin alimentaire du deuxième. « Ce sont deux pôles d'intérêt pour la France », assure l'expert qui exhorte agriculteurs et acteurs de l'agroalimentaire à « y aller ».

Il enfonce le clou : « Tout le monde est en Afrique, sauf la France ! » et invite les pays européens et la France « à apporter leur - vraie - contribution au développement de l'Afrique », une solution pour « stopper la catastrophe migratoire ».

Une agriculture authentique

Il énumère les atouts de l'agriculture française, rappelant avant tout que les produits agricoles et l'agroalimentaire représentent le deuxième poste des exportations du pays.

Chantre de la durabilité, la France doit cependant ne pas se perdre en idéologie, mais faire preuve de pragmatisme « en mettant les moyens là où il faut ».

« Il faut relativiser les choses. La faim tue une personne toutes les quatre secondes », déclare Christophe Dequidt en utilisant volontiers des images fortes.

Ses mises en garde concernent naturellement le bio, « le grand bluff ». Il affirme « que 80% du bio consommé en France vient de l'international », avec une traçabilité discutable.

« Il existe des parts de marché à prendre », rappelle le conférencier, à condition de s'entendre sur les référentiels...

Il parle d'une agriculture « authentique » et « honnête », une « troisième voie, ni conventionnelle, ni bio, mais locavore » et rappelle que l'agriculture française « est unique », une sorte d'exception qualitative en laquelle les producteurs « doivent croire et faire croire ». 

Il ajoute « Notre agriculture passera par l'audace » et invite les agriculteurs à sortir de leur zone de confort, qui passe notamment par la communication pour « expliquer ce que vous faites ».

« Chaque pays a ses vertus »

Le discours du spécialiste a fait mouche et les réactions n'ont pas manqué dans l'auditoire.

Interrogé sur la place de la culture du maïs, il fait état d'une culture dominée par les OGM au niveau mondial, de sorte que le maïs français ne peut trouver de débouché à l'export mais reste intéressant pour le bétail et l'alimentation.
Quant aux règles européennes, il préconise une remise à plat afin d'établir « un cahier des charges européen, car chaque pays a ses vertus ».
En France, l'agroécologie, l'agriculture de précision sont des voies d'avenir. « Le seul risque, ce sont les errances politiques comme on la vu sur le glyphosate », commente l'expert qui en appelle à « un peu de cohérence ». « Nous vivons une époque formidable du point de vue des avancées en agriculture ».

Isabelle Doucet

Le Groupe Dauphinoise accompagne les jeunes avec le Pass JA et la mise en place de sessions de formation.

 

Le Monde en chiffres

En 2050, la population mondiale sera de 9,8 milliards d'habitants.
70% de la population sera urbaine, contre 50% en 2007.
La consommation de volaille était de 3,2 kg par habitant et par an en 1966. Elle sera de 45 kg en 2030. Alors que la consommation de viande bovine stagne à environ 10 kg par an et par habitant.
En 2010, un homme sur six dépend des marchés mondiaux pour couvrir ses besoins alimentaires. En 2050, la moitié de l'humanité dépendra des marchés mondiaux.