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Filière lait

Les producteurs Guilloteau réclament la prise en compte des surcoûts de production

Les producteurs de lait Guilloteau, réunis au sein de l'OP Guilloteau et de la coopérative laitière de la vallée de l'Ange (Ain), publient une lettre ouverte dans laquelle ils réclament à Agrial la prise en compte des surcoûts de production des éleveurs situés à 90 % en zones de montagne. Mardi 23 janvier, le groupe coopératif laissait entendre que, faute d'accord sur le paiement du lait sur la base Agrial Ouest-France, il n'y aurait plus de collecte au 1er février.
Les producteurs Guilloteau réclament la prise en compte des surcoûts de production

Lors de l'émission de France 2 « Cash investigation »(1), il a été question de la situation des 110 producteurs de lait livrant à l'entreprise Guilloteau.

105 sont adhérents de l'organisation de producteurs (OP) Guilloteau et de la coopérative laitière de la vallée de l'Ange, pour un litrage collecté en 2017 de 37,8 millions de litres.

90 % de ces exploitations sont situées en zone de montagne dans l'Ain (le Haut-Bugey et le Valromey), dans le Rhône et la Loire (les monts du Pilat).

Ces quinze dernières années, la Fromagerie Guilloteau SA a réussi son développement en pénalisant sa rentabilité, et donc avec le soutien des producteurs dont le lait n'a pas toujours été valorisé au maximum lors de cette période de croissance.

Seulement, ces dernières années un système « d'amortisseur » a permis de réduire l'impact des récentes crises laitières sur les producteurs.

Changement de stratégie

Ce fleuron régional de la transformation fromagère (le Pavé d'Affinois) est passé en 2016, lors du départ à la retraite de son dirigeant, sous contrôle du géant coopératif de l'agroalimentaire Agrial. Alors même que les producteurs tentaient de s'organiser pour prendre en main cet outil industriel.
Changement de stratégie ! La perspective de paiement du lait sur la base Agrial Ouest-France n'a pas reçu l'adhésion des producteurs.

Ils ont, à l'unanimité, rejeté l'adhésion à Agrial, alors que prendre 7 % de capital social dans la coopérative n'ouvrait pas l'accès aux fournitures ou aliments (tourteaux, ...) de la branche approvisionnement d'Agrial, aux tarifs pratiqués en Normandie ou en Bretagne.

Ce refus d'adhésion a eu comme conséquence la dénonciation par Guilloteau des contrats existants avec les producteurs et la proposition de signature d'un nouveau contrat avec Eurial Lait, avec une simple référence au prix du lait Eurial Ouest-France.

Uniformité source d'iniquité

Une façon de se soustraire aux obligations validées lors des EGA (Etats généraux de l'alimentation) et bien affirmées par le président de la République lors de son discours de Rungis en octobre dernier, puis réaffirmées lors de l'émission de France 2 par le ministre de l'Agriculture.

Bien surprenant pour une coopérative.... Quelles sont ces obligations ?

Elles sont fondées sur les attentes du consommateur, relayées par les acteurs de la distribution.

Elles sont de deux ordres : inclure dans les contrats des références précises aux coûts de production et des références à la valorisation obtenue – ce que l'on appelle le mix-produit de l'entreprise.
Il est indéniable que les coûts de production (source Idele 2016) en zone montagne Est France hors AOC sont bien supérieurs à ceux des élevages de plaine spécialisés : 516 € / 1000 l contre 437 € / 1000 l, soit un surcoût de 79 € dans notre zone.
Sachant que les aides viennent compenser en partie cet écart : 99 € / 1000 l contre 59 € / 1000 l en plaine, soit une différence 40 € qui peut (qui doit) largement être compensée par la valorisation d'un fromage à forte valeur ajoutée. Le mix produit de Fromagerie Guilloteau SA est bien supérieur à celui d'Eurial !
C'est ce que les producteurs demandent à l'actionnaire Agrial qui le refuse au nom de l'uniformité... Uniformité source d'iniquité, contraire même à l'esprit de la coopération.

Une provocation incompréhensible

Face à la détermination des producteurs à faire entendre leurs arguments, Agrial par la voix de son président, a réaffirmé que faute de contrat signé aux conditions Agrial, il n'y aurait plus de collecte le 1er février prochain.
Cet arrêt de la collecte de la part d'un groupe coopératif serait interprété par la centaine de producteurs très soudés, comme une provocation incompréhensible.

Notre demande est étayée de chiffres réels, d'arguments solides et acceptables de nos collègues adhérents d'Eurial, des acteurs de la grande distribution, et surtout des consommateurs en attente d'équité et non d'uniformité entre tous les maillons de nos filières.

Messieurs, ne condamnez pas les producteurs de nos zones difficiles ! Merci de vos soutiens.

Les producteurs Guilloteau

(1) Émission « Cash investigation – Produits laitiers : où va l'argent du beurre ? » diffusée mardi 16 janvier 2018 à 21 h sur France 2.