Rhône et Isère : zones inondables et zones inondées

Deux épisodes de crue les 4 et 23 janvier : le secteur du Bouchage-Brangues-Saint-Benoît-Les Avenières dans le Haut-Rhône Dauphinois a été sérieusement inquiété en début d'année.
Mardi 23 janvier, le niveau est monté à la côte 206, à partir de laquelle les vannes sont ouvertes pour inonder la plaine.
Dans la soirée, les terres agricoles étaient noyées et quelques dizaines de maisons isolées pendants quelques jours.
L'eau a recommencé à baisser dans le week-end. « C'est un secteur plat, l'eau a du mal à retourner au Rhône », constate Gilbert Mergoud, le président du Syndicat du Haut-Rhône (SRH).
Le déversoir de Lyon
Le fleuve s'est répandu dans les vergers et dans les champs de blé, jonchant ces derniers de matériaux (troncs, branches) charriés depuis l'amont.
« Il n'y a pas eu de dégâts dans les vergers. En revanche, les parcelles de blé sont restées sous l'eau pendant trois ou quatre jours et je ne sais pas ce que ça va donner. Dans certains endroits, il y a eu jusqu'à deux mètres d'eau », estime Philippe Fiard, arboriculteur au Bouchage.
Mais il n'est pas alarmiste : « Ce n'est pas la première fois qu'il y a une inondation. L'important, c'est que les maisons ne soient pas touchées. Quant on voit ce qui se passe ailleurs, on relativise. »
Pour Gilbert Conte, aussi, plus de peur que de mal. « Nous sommes le déversoir de Lyon », rappelle cet arboriculteur dont les vergers sont aussi situés au Bouchage et à Saint-Benoît.
Classé en zone inondable depuis 1856, le secteur du Haut-Rhône est rompu au risque de crue.
Au printemps, le risque est important
Pour autant, si le principe de protection de l'agglomération lyonnaise du risque de crue ne fait pas débat, en revanche les zones inondées le sont sans contrepartie.
« Il n'existe pas de convention », reconnaît Gilbert Mergoud. Et certains élus des communes concernées commencent à s'en émouvoir.
Quant aux exploitants agricoles, ils savent que leurs cultures sont soumises à ces aléas. « Chacun fait marcher ses assurances au titre des calamités en cas de perte de récolte », déclare Gilbert Conte.
Mais la vigilance reste de mise dans le secteur. La crue de 1990, qui a marqué les esprits et fait désormais référence, est intervenue un 14 février.
Plus on s'approche du printemps, plus de risque de crue est important, surtout les années où il a beaucoup neigé en montagne.
« Il y a une quantité de neige monstrueuse en amont, non stabilisée, et en aval, les terrains sont gorgés d'eau », indique Gilbert Mergoud. Le Rhône n'a peut-être pas fini de faire parler de lui.
Isabelle Doucet
Isère amont
Des affluents capricieux
Début janvier, l'Isère a connu un épisode de crue de retour cinq ans, puis un nouvel épisode de crue de retour deux ans.Si l'aménagement du lit de la rivière a permis à l'eau de s'écouler sans causer de dégâts, en revanche, les affluents de l'Isère se sont montrés plus capricieux, posant des problèmes de réessuyage.
Dans le secteur de Gières et Muriannette, aux portes de Grenoble, une poignée d'exploitations a été touchée par les intempéries du 8 janvier dernier.
« Il y a eu un déluge en Belledonne, les ruisseaux ont rempli les chantournes et la trappe de relevage de Gières s'est bloquée », explique Elisabeth Perrot, maraîchère à Muriannette.
Ce sont les terres agricoles qui ont servi de déversoir. « C'est la deuxième fois en deux ans que cela arrive », poursuit-elle.

Une quinzaine d'hectares de blé et d'herbe ont ainsi été noyés, mais les dégâts n'ont pas encore été inventoriés.
Il existe certes une convention passée en 2010 entre le Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère (Symbhi), la chambre d'agriculture et le Département, qui prévoit une indeminisation des exploitants agricoles du fait des inondations, mais en janvier dernier, les terrains concernés n'étaient pas en zone inondable...
Comme en Nord-Isère, ce sont surtout les intempéries et le redoux à venir que les exploitants redoutent.
« Nous craignons pour la fonte des neiges, surtout s'il y a un coup de vent chaud venu du midi, souligne Elisabeth Perrot. Les anciens ont vu l'Isère déborder au printemps. »
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