Un accord sans langue de bois

« Il a été difficile à mettre au point mais on a joué le jeu. » Jean-Yves Bouvet, directeur de l'ONF Isère, souligne l'importance de l'accord départemental signé le 9 janvier dernier entre le Syndicat des exploitants forestiers et des scieurs Drôme-Isère, l'Association des communes forestières de l'Isère (Cofor) et l'Office national des forêts (ONF). Cet accord complète l'accord national tripartite signé le 15 décembre dernier. « Ces deux accords marquent la sortie de la crise et la reprise d'une commercialisation normale », confirme-t-il. Les scieurs avaient entamé à l'automne dernier un boycott des ventes publiques de bois. Selon eux, le mode de commercialisation ne serait plus adapté. « Les ventes publiques sont organisées en bloc et sur pied. On n'a ni la garantie du nombre d'arbres mis en bloc, ni du volume final, ni de la qualité du bois. C'était un peu au petit bonheur la chance », explique Stéphane Eymard, co-président du syndicat des exploitants forestiers et des scieurs Drôme-Isère. L'accord national prévoit que 30% des ventes publiques seront des ventes à l'unité de produit c'est-à-dire en étant plus précis dans le décompte, le volume et la qualité des bois. Le chiffre actuel des ventes à l'unité de produits avoisine les 30%. Les 70% restants seront des ventes en bloc et sur pied. « Avec la vente par unité de produit, si la qualité des bois est inférieure, le prix le sera aussi », détaille le président du syndicat des scieurs.
Spécificité géographique
L'accord départemental précise, quant à lui, que la coupe effectuée pour la vente par unité de produits se fera sur les bois à risque de défaut caché important. « Dans les exploitations en pente, les bois peuvent être abîmés et il peut y avoir des défauts cachés qui sont difficilement visibles lors de la vente en bloc. Ces bois-là feront partis des ventes par unité de produit afin que le scieur sache exactement la qualité du bois acheté », détaille Jean-Yves Bouvet. Cette gestion appliquée aux reliefs alpins est moins adaptée aux départements limitrophes. « En Ardèche, les bois sont plus homogènes », ajoute le président de l'ONF Isère. « Certains lots de bois n'étaient pas attirants pour les scieurs dans les zones montagneuses. Les parcelles peuvent parfois être assez éloignées des scieries ou, comme dans le Sud-Isère, être à forte pente », confirme Guy Charron, président de la Cofor en Isère. « Tous nos autres fournisseurs fonctionnent avec ce mode de commercialisation, explique Stéphane Eymard, nos clients ne tolèrent pas d'écart sur les sections de bois vendus. »
Plus de contrôle
La vente par unité de produit ne demande pas le même travail que la vente en bloc. « Il y aura beaucoup plus de contrôle. Des techniciens de l'ONF viendront quantifier et numéroter les bois. Ce système prend donc plus de temps et est plus coûteux... », détaille Guy Charron. « Il faut être capable de la traçabilité parfaite, du bois marqué, abattu et jusqu'à son arrivée à la scierie, explique Jean-Yves Bouvet. Chaque bois est numéroté afin de connaître son état d'avancement et sa qualité. » Ce système avait déjà été testé auparavant mais abandonné car jugé « trop lourd » et ayant échoué à maintenir une traçabilité. Cet accord devrait permettre la diminution des lots invendus lors des ventes publiques. La commercialisation par unité de produit sera donc appliquée lors de la prochaine vente publique, concernant les invendus de 2017 en raison du boycott, le 8 mars à la salle polyvalente de Vaulnaveys à 9 heures.
Virginie Montmartin