Foncier
537 hectares de terres agricoles et naturelles sanctuarisées

La commune du Touvet a validé le premier PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains) du département. Un exemple à suivre.
537 hectares de terres agricoles et naturelles sanctuarisées

Il était attendu. Il sera le premier du département. Le PAEN (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains) du Touvet a été validé et son programme d'actions a été identifié. Après quatre années de travaux et de rencontres, l'outil est prêt pour sanctuariser – pour 30 ans - les 537 hectares de terres agricoles et naturelles de la commune, soit la moitié de sa surface et la quasi-totalité de sa plaine agricole. Pour André Coppard, vice-président de la chambre d'agriculture en charge de l'aménagement, « le PAEN du Touvet peut être montré en exemple, car toute la commune a été protégée ».

Jamais constructibles

Réunis autour d'une conférence de presse le 19 décembre au Touvet, Laurence Théry, maire du Touvet, Christian Coigné, vice-président du conseil départemental délégué à l'ingénierie urbaine, au foncier et au logement, et Jacqueline Rebuffet, secrétaire adjointe de la chambre d'agriculture de l'Isère, ont mis en avant les bienfaits du PAEN pour l'agriculture du territoire. Laurence Théry est fière de l'engagement qu'elle a pris qui vise à préserver les parcelles agricoles, ainsi que les continuités écologiques et l'identité paysagère de la commune. Pour elle, « l'étalement urbain, c'est fini. Il arrive un moment où l'on doit définir les espaces dédiés à chacun, à l'économie, à l'agriculture, sachant que l'activité agricole est une activité économique ». Selon Christian Coigné, « il existe un intérêt d'autant plus fort à créer un PAEN dans les territoires soumis à une forte pression urbaine. Aujourd'hui encore, il y a trop de surfaces agricoles qui disparaissent. A l'inverse du PLU (Plan local d'urbanisme), le PAEN ne permet pas de revenir en arrière ». Il permet aussi d'expliquer aux propriétaires fonciers que les coteaux ne deviendront jamais constructibles. La rétention foncière n'aura plus lieu d'être. Le coût du projet a été évalué à 197 000 euros. La moitié du budget est financée par des subventions Feader (Fond européen agricole pour le développement rural). Partenaire de l'opération, le Département s'engage aussi à verser une aide de 5 000 euros par an pendant cinq ans à la commune pour l'animation du programme et des aides à la mise en œuvre des actions. Quant au reste, il est autofinancé par la ville.

Un travail de dentelle

La mise en place du PAEN dans la commune va permettre de nouvelles installations. Des projets autour de la vigne, de la spiruline, du safran, des plantes aromatiques, de la noisette, ont déjà été lancés ou sont évoqués. Il s'agit d'un travail de longue haleine, « un travail de dentelle », souligne Laurence Théry. Car pour dégager deux hectares, il faut avancer 1 000 mètres carré par 1 000 mètres carré. « C'est très long. Il faut être tenace », insiste-t-elle. Mais l'objectif est bien d'aller voir tous les propriétaires des côteaux, parcelle par parcelle, pour voir s'ils sont vendeurs. « Nous voulons réimplanter de l'agriculture. Certes, il s'agit de petites parcelles. Mais ce sont de vrais emplois qu'elles vont générer ». Le PAEN pourra aussi servir à la mise en place d'actions collectives comme la création d'une plateforme de lavage et une autre de compostage bio.

Etant prête, la commune du Touvet a lancé seule son PAEN. Mais la démarche interpelle déjà d'autres collectivités du territoire du Grésivaudan. La Terrasse, le plateau des Petites Roches, Saint-Martin d'Uriage, Revel et même la Communauté de communes du Grésivaudan portent une réflexion attentive pour s'inscrire dans la continuité de ce projet.

Isabelle Brenguier