Météorologie
La sécheresse dans le nord-Isère impacte les cultures et les prairies

Un important déficit hydrique est constaté en Isère depuis le début de l'année. Il a de nombreuses conséquences sur la croissance des cultures et de l'herbe.
La sécheresse dans le nord-Isère impacte les cultures et les prairies

La pluie tombée la semaine dernière a fait du bien, mais, pour l'instant, ne suffit pas.

C'est en substance le point de vue des agriculteurs du département qui, à part les quelques dizaines de millimètres évoqués ci-dessus, n'ont pas eu de précipitations dans leurs parcelles depuis le début du mois de mars.

Du coup, la situation est critique pour les céréaliers, comme pour les éleveurs. Elle l'est d'autant plus dans les secteurs de la Bièvre, de la vallée du Rhône, du bas-Dauphiné et du nord-Isère.

 

En complément : l'analyse des températures et de du bilan hydrique pour les quatre premiers mois 2020 en Isère par Jean-Pierre Manteaux, chambre d'agriculture Drôme-Isère

 

Manque de potentiel

L'absence de précipitation a entrainé des difficultés dans l'implantation des cultures.

Pour beaucoup, il a été compliqué de casser les mottes et d'effectuer les semis dans de bonnes conditions.

Les semis de maïs n'ont d'ailleurs pas encore été faits partout. La croissance a aussi été fortement impactée.

Didier Boichon, installé à Chozeau à côté de Crémieu, qui exploite des parcelles de terres plutôt séchantes, a même constaté en plusieurs endroits des blés et des orges qui ne repartiront pas.

« Une bonne partie du capital rendement a été atteint », estime-t-il.

Même constat de Roland Badin, agriculteur à Maubec : « Les céréales vont manquer de potentiel cette année et la paille risque d'être un peu plus courte ».

Claude Faivre, agriculteur à Pommier-de-Beaurepaire, partage l'analyse et estime pour sa part, que « même si la pluie arrivait maintenant, elle ne permettrait pas de rattraper ce manque de croissance qui a impacté le remplissage des céréales ».

 

Crédit photo : Nathan Gomes

 

 

L'irrigation a cependant permis d'améliorer la situation chez les irrigants.

« Elle a été mise en route très tôt cette saison et contrairement aux années précédentes durant lesquelles on arrosait que les blés, on l'a fait pour toutes les cultures », souligne Nathan Gomes, installé à Tignieu et président de l'Association des irrigants de l'Isère.

« Mais la situation est compliquée par la question sanitaire qui n'a pas permis l'envoi des arrêtés préfectoraux d'autorisation de pompage et d'attribution des volumes. Même si ce n'est la faute de personne, ce n'est pas évident à gérer pour les agriculteurs qui ne savent pas sur quels volumes ils peuvent compter », précise le nouveau président de la structure.

Changement climatique

« Catastrophique ». C'est ainsi que la situation est qualifiée par bon nombre d'éleveurs isérois.

Si les précipitations de la semaine dernière ont été suffisamment conséquentes dans la vallée du Grésivaudan pour atténuer les craintes dans ce secteur, il n'en est pas de même dans la partie nord du département.

La croissance de l'herbe ne s'est pas faite comme elle aurait dû.

Elle est montée en tige sans épaissir. Hervé Dumollard, éleveur de charolaises à Frontonas, s'inquiète et attend la pluie : « Dans certaines parcelles situées sur des terrains séchants, il n'y a plus rien à manger. Heureusement que j'avais lâché mes bêtes un peu tard ».

A Luzinay, à côté de Vienne, la situation est aussi préoccupante.

Comme nombre d'éleveurs désireux de récolter ce qu'il y avait avant la montée en graine, Laurence et Jérome Laval, qui élèvent une centaine de vaches laitières, ont déjà effectué leur première coupe.

Si l'herbe est de bonne qualité avec d'intéressants taux de sucre, le rendement est inférieur de 30 % à celui d'une année normale.

Ils espèrent que la pluie va arriver pour leur permettre de faire une deuxième coupe plus satisfaisante. 

Egalement éleveur de vaches allaitantes, Roland Badin a l'impression que « cette situation se représente maintenant chaque année, que le changement climatique est là et nécessite de s'adapter ». Il privilégie donc de plus en plus le méteil « qui pousse mieux en début de printemps » et, pour cette année, prévoit de modifier son assolement en remplaçant les 10 ha de maïs qu'il avait prévu d'implanter par du sorgho fourrager.

Afin de venir en aide aux éleveurs du département, une demande portée par la FDSEA de l'Isère est en cours pour l'utilisation des jachères en fauchage ou en pâturage.

Isabelle Brenguier