FILIÈRE
« L’élevage va devoir évoluer très vite »

Auvergne-Rhône-Alpes Élevage (Aura Élevage), la structure d’appui aux filières, a tenu son assemblée générale le 21 juin dernier. Le point sur le bilan de l’année 2020 et les enjeux d’avenir avec Patrick Escure, son président, également éleveur de vaches laitières dans le Cantal.

« L’élevage va devoir évoluer très vite »
Patrick Escure, éleveur dans le Cantal, et président du Corel et d’Auvergne-Rhône-Alpes Élevage. DR

Pouvez-vous nous rappeler les missions d’Auvergne-Rhône-Alpes Élevage ?

Patrick Escure : « Depuis la fusion des deux chambres régionales d’agriculture Auvergne et Rhône-Alpes, nous avons réorganisé la représentation des filières auprès de la Région et de nos partenaires. La chambre d’agriculture Aura assume le rôle politique sur le développement des filières et s’appuie sur deux comités d’orientation : le Corel, pour l’élevage, que je préside ; le CORPV, pour les productions végétales, présidé par Jean-Claude Darlet (Isère, ndlr). Le Corel est organisé autour de neuf comités de filières : bovins lait, bovins viande, ovins, caprins, lapins, apiculture, volailles, porcins et équins. Le rôle de la chambre régionale est de rassembler tous les acteurs et partenaires pour chacune des filières, Région, État (Draaf), interprofessions, coopération. Afin que le rôle politique soit affirmé, le président du Corel préside aussi Aura Élevage. Vis-à-vis du conseil régional, nous sommes donc organisés pour parler d’une seule voix sur chacune des problématiques de filières. Aura Élevage est une structure de service qui gère les dossiers des quatre filières : bovins lait ; bovins viande ; ovins lait et viande ; caprins lait et chevreaux. »

Quel est le bilan de l’année 2020 pour Auvergne-Rhône-Alpes Élevage ?

P.E. : « En 2020, Aura Élevage a notamment géré les Plans Ambition filières du conseil régional pour ces quatre filières. Cela représente 2 M€ de soutiens par an, reversés aux éleveurs ou à des structures qui réalisent des prestations chez les éleveurs. Nous nous occupons aussi des fonds de FranceAgriMer : les programmes ont été maintenus en 2020, mais risquent de disparaitre pour 2021. Nous avons par ailleurs des missions transversales, comme la charte des bonnes pratiques d’élevage, elle aussi en souffrance. Côté viande bovine, elle est abandonnée au profit de l’outil de bien-être animal Boviwell, sur lequel nous allons nous orienter. Pour le lait, tout n’est pas encore défini. La chambre régionale d’agriculture a également confié à Aura Élevage la coordination des conseillers en bâtiments d’élevage. Nous réalisons avec le conseil régional un travail sur l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevage. Nous coordonnons également le contrôle des machines à traire, sur la partie Rhône-Alpes uniquement. Enfin, Aura Élevage fournit aussi des prestations administratives pour divers organismes à leur demande. »

Quels sont les principaux enjeux pour les filières d’élevage ?

P.E. : « 2021 étant une année élective (Région et Départements, ndlr), nous avons démarré un travail sur les plans de filières, que nous allons poursuivre tout l’été pour présenter au nouvel exécutif régional nos réalisations et nos besoins. Nous avons réuni en avril les deux comités d’orientation : les enjeux pour les filières de production sont de trois ordres. Le changement climatique tout d’abord. L’agriculture en subit directement les conséquences mais contribue aussi à en atténuer les effets. Cela pose plusieurs questions : celle de la ressource en eau pour l’irrigation des cultures et l’abreuvement des animaux ; celle de la recherche variétale pour les cultures de vente et les ressources fourragères ; celle aussi de l’évolution des races de nos animaux. Le sujet de l’autonomie fourragère est au cœur de nos préoccupations, tout comme la réduction de notre empreinte carbone qui conditionne l’avenir de l’élevage. Le deuxième enjeu est celui de la création de valeur avec la prise en compte de nos coûts de production dans la détermination des prix alimentaires. Dernier enjeu, celui de la future Pac pour nos territoires. Les premières annonces font état d’un maintien de l’ICHN (compensation des handicaps naturels) mais prévoient de transférer plus de 100 M€ d’aides animales vers les exploitations végétales pour financer la production de protéines. Les choix du gouvernement sont d’une importance énorme. Ces enjeux nous obligent à réfléchir à l’avenir de nos filières : l’élevage va devoir évoluer très vite. »

Propos recueillis par Sébastien Duperay