Sécheresse
Les céréales victimes de la sécheresse
L’absence de pluie et les températures qui montent inquiètent de plus en plus les céréaliers isérois.
André Coppard, céréalier à Saint-Savin, se désole du paradoxe ambiant. « Je trouve cela aberrant que l’on nous demande de produire plus alors que les stocks d’eau sont au plus bas et que nous connaissons restriction sur restriction. Mais malgré la sécheresse, les ronds-points sont arrosés. »
« L’Isère n’est pourtant pas un département qui manque d’eau, nous avons beaucoup de rivières et d’autres cours d’eau », ajoute-t-il. « Lorsque le volume d’eau est faible, nous le voyons et pour irriguer, il faut nécessairement de l’eau donc si nous pompons dans les rivières, c’est qu’il y en a suffisamment. »
L’économie touchée
L’orge a beaucoup souffert de la sécheresse. Il s’agit cette année de la céréale ayant le plus souffert du manque d’eau. « Le blé également à certains endroits », précise André Coppard, mais la qualité de cette céréale, notamment au regard du taux de protéine, rattrape les faibles rendements. « Ces derniers pénaliseront tout de même nos ventes. »
La sécheresse a surtout été difficile à gérer pour les cultures printanières, c’est-à-dire pour le maïs, le tournesol et le soja. « Nous avons tout de même connu un répit grâce à un épisode pluvieux il y a trois semaines, voire un mois, mais désormais, nous sommes de nouveau inquiets », explique Pierre Chavallard, responsable de production végétale pour Cholat. Les restrictions d’eau restent pour l’instant mesurées, car les agriculteurs ne doivent pas irriguer l’après-midi et les week-ends mais « il ne faudrait pas que cela aille plus loin », ajoute-t-il. D’autant plus qu’il y a une forte demande d’eau en raison des températures élevées et que le maïs est dans une période délicate.
Précocité des récoltes
L’année 2022 est marquée par la précocité des récoltes liée à la sécheresse. « Le tournesol sera récolté autour du 10 août et le maïs autour du 25 août alors que les dates de semis n’ont pas été particulièrement précoces cette année », explique André Coppard. Anthony Payre, de la société Payre, à Moirans, ajoute que cette année, la campagne de récolte est en avance de 15 à 20 jours en raison de la sécheresse dans tout le territoire isérois.
Un delta important subsiste entre les cultures irriguées et très profondes et « les situations plus légères », explique Pierre Chavallard. « La situation risque d’être dramatique pour le maïs ainsi que pour le tournesol, car ils sèchent à vue d’œil. »
Un point positif, tout de même, est que la période de floraison s’est déroulée dans de bonnes conditions car elle a commencé après un important épisode pluvieux. S’en sont suivis environ dix jours avec une température comprise entre 25 et 27 degrés, ce qui a permis aux cultures de se développer de manière optimale.
Mais au cours du mois de juin, les très faibles pluies et la chaleur ambiante ont accéléré la période de maturité des céréales. « Les quintaux de rendement ont été perdus à ce moment-là », explique Claude Faivre, responsable de la section grandes cultures à la FDSEA de l’Isère.
De manière générale, un problème lié au manque d’eau ressort, en particulier au cours du printemps, qui a été sec dans tout le département, « même si certains endroits ont reçu plus de pluie que d’autres », ajoute André Coppard.
Jean-Baptiste Escalier, responsable de collecte à La Dauphinoise, ajoute que la sécheresse aura un impact très fort sur les récoltes à venir, notamment sur le tournesol et sur le maïs, qui seront récoltés au plus tard la dernière semaine d'août. « Le problème se posera tout particulièrement sur le maïs. La sécheresse aura un impact sur les forages. Les adhérents pourront moins forer et feront donc plutôt du maïs ensillage pour compenser la baisse de qualité liée au manque d'eau. »
Les dernières pluies, qui ont eu lieu fin juin voire début juillet, sont tombées au bon moment car le maïs était en fleurs. « Et malgré les orages prévus dans le Nord-Isère le 20 juillet, nous n’avons pas eu de pluie, ce qui n’aide pas les cultures. Lorsqu’il pleuvra de nouveau, ce sera sans doute trop tard pour rattraper les dégâts causés par la sécheresse », note André Coppard.