Nuciculture
Des difficultés mais aussi des projets, au menu de l'assemblée générale du CING

Isabelle Brenguier
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Réunis en assemblée générale, les membres du CING ont eu de nombreux sujets à évoquer. Des difficultés de commercialisation actuels aux enjeux d’avenir, le travail à fournir pour l’avenir de la filière reste très important.

Des difficultés mais aussi des projets, au menu de l'assemblée générale du CING
Arnaud Rivière a présidé l'assemblée générale du CING le 7 septembre à Chatte.

La crise rencontrée par la filière noix n’a pas échappé aux échanges tenus entre nuciculteurs et metteurs en marchés, à l’occasion de l’assemblée générale du Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble (CING) le 7 septembre à Chatte.

« La commercialisation de l’exceptionnelle récolte 2022-2023 (1), s’est déroulée dans un contexte économique très compliqué dû à une chute du cours mondial et à une baisse de consommation en France, liée à une diminution du pouvoir d’achat », évoque Arnaud Rivière, metteur en marché et président du CING.

« Cette année, le marché intérieur de la noix de Grenoble a représenté avec ses 5 359 tonnes, 57 % des volumes, dépassant pour la première fois le marché à l’export. Est venu derrière la vente vers l’Italie pour 16 % et l’Allemagne pour 12 %. Cette inversion de tendance s’explique par une faible consommation sur le marché extérieur qui a dégringolé, alors que le marché intérieur est malgré tout resté stable, la noix AOP étant très demandée dans notre pays », ajoute-t-il.

Marchés concurrencés

Les réflexions pour savoir vers quels types de marchés la profession devait se diriger dans ce contexte commercial devenu ardu, ont été nombreuses. La France et l’Allemagne sont les deux pays qui sont ressortis des échanges. « Il faut éduquer le consommateur français à consommer plus de fruits secs tout au long de l’année et faire davantage entrer nos produits dans les cantines », a martelé Christian Mathieu, producteur et co-président de la Senura (Station d'expérimentation nucicole de référence, pour le bassin Sud-Est).

« Il faudrait aussi qu’il y ait plus de cohérence entre les discours des consommateurs mettant en avant une volonté d’acheter français et de qualité et leurs actes d’achat », abonde Marc Giraud, directeur de Coopenoix. S’agissant du marché allemand, aujourd’hui bien plus concurrencé qu’auparavant, les metteurs en marché ont évoqué leurs difficultés à répondre aux appels d’offres de leurs discounters, qui demandent de la stabilité et des engagements en termes de prix et de volumes dès le mois d’avril précédent la campagne.

« Nous ne sommes pas sur cette temporalité-là. Ils nous laissent quelques marchés car nous avons toujours travaillé avec eux. Mais globalement, ils ont déjà tout mis en place », explique Arnaud Rivière. « Avec les appels d’offres, nous ne travaillons plus comme il y a 20 ans, où on passait du temps à échanger », confirme Marc Giraud. Les metteurs en marché indiquent aussi devoir composer avec l’augmentation de la qualité des noix des pays émergents.

Président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, mais aussi producteur de noix, Jean-Claude Darlet a fait remarquer que « la vente de la noix sous appellation ne rapportait pas de plus-value économique à ses producteurs, que cette année, elle était même partie des exploitations en dessous de son coût de production. Cela pose problème », s’est-il indigné.

Il a également souligné que « si pendant des décennies, les nuciculteurs avaient fait progresser la qualité de leurs noix, le sujet s’était banalisé dernièrement ». Il exhorte donc les producteurs à poursuivre leurs efforts et rappelle que du producteur au consommateur, tous les acteurs de la filière doivent travailler main dans la main.

Sécuriser des débouchés

De nombreux nuciculteurs ayant fait le choix de la variété fernor ces dernières années, le CING a lancé une procédure pour l’intégrer à l’appellation. « Le dossier avance mais le processus est très long. L’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) nous demande des éléments techniques complémentaires pour mieux comprendre les différences de conduite entre vergers de fernor et de franquette en matière d’utilisation de produits phytosanitaires et d’irrigation », précise Christian Nagearaffe, producteur et membre du conseil d’administration du CING.

En outre, comme à l’inverse de la consommation de noix à coque, celle de cerneaux et de produits dérivés est en hausse, le CING estime pertinent de réfléchir à ce que le cerneau intègre également l’appellation noix de Grenoble. « Cela permettrait de valoriser des sous-calibres, d’amener un produit fini à de nombreux clients et notamment aux restaurateurs, de sécuriser des débouchés », avance ainsi Arnaud Rivière. La volonté de travailler le dossier a été mise au vote. L’assemblée générale du CING l’a entériné.

Baisse de volumes à prévoir 

Les prévisions de récolte 2023 ont aussi été évoquées. Chargée d’expérimentation à la Senura, Delphine Sneedse a indiqué que les méthodes utilisées cette année (combinaison de l’ancienne et d’une nouvelle utilisant des drônes en cours de mise au point) laissaient présager « une baisse importante des volumes par rapport à 2022 et de plus gros calibres ». Jean-Claude Darlet avance une perte de 50 % par rapport à l’année dernière.

(1)   16 554 tonnes de noix AOP rentrées dans les entreprises de mise en marché contre 12 678 tonnes de moyenne ces dix dernières années. A noter que sur ce volume, seules 9 356 tonnes ont effectivement été commercialisées en AOP (Appellation d’origine protégée).

Isabelle Brenguier

 

Ginette parle de la noix
Florence Bisch est co-fondatrice de la société « Ginette et compagnie ».
Communication

Ginette parle de la noix

En missionnant une nouvelle agence de communication pour promouvoir la notoriété de la noix de Grenoble, le CING veut se montrer plus offensif.

Co-fondatrice de la société « Ginette et compagnie » mandatée pour créer une nouvelle identité à la noix de Grenoble, Florence Bisch a présenté le travail de promotion et de communication mis en œuvre durant l’année écoulée. « Notre stratégie consiste à faire rayonner la noix de Grenoble chez nous, au départ des fermes, à créer une communauté des nuciculteurs, et à développer leur sentiment d’appartenance et un esprit « corporate ». Ensuite, nous souhaitons toucher les riverains, puis la France, et enfin l’international », explique la professionnelle de communication.

Salons professionnels

Grâce à la création de différents contenus disponibles sur le nouveau site Internet du CING, ses pages Facebook, Instagram, et Linkedin, ainsi que sur sa chaîne Youtube, l’agence de communication veut expliquer ce qu’il y a derrière le label AOP de la noix de Grenoble. Elle veut aussi décrire les réalités du métier de nuciculteur et le détail des techniques de production. La responsable indique donc être en recherche permanente de nuciculteurs souhaitant témoigner sur leur quotidien pour nourrir ces supports.

Florence Bisch a également indiqué que le CING a participé à plusieurs salons professionnels fruits et légumes et qu’une agence de presse spécialisée accompagne l’organisme dans ses relations avec les médias. L’objectif est de multiplier les retombées sur Internet, dans des journaux ou des revues, à la radio et à la télévision.

Enfin, le CING poursuit sa politique de participation à des évènements organisés dans le territoire pour faire rayonner l’AOP au niveau local. Pour cela, plus de 5 000 ballotins de noix et 150 kgs de noix en filets ont été distribués lors de 21 évènements. « Nouveauté 2023 : le soutien direct de clubs sportifs. Ainsi, nous avons sponsorisé le club de hand-ball de Bourg-de-Péage et le club de basket de Voiron », précise encore Florence Bisch. Le budget consacré par le CING à la promotion a été de 145 000 euros

IB