Emploi
Un territoire demandeur de salariés agricoles

Morgane Poulet
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Lors d’une rencontre organisée le 20 mars entre groupements d’employeurs et agriculteurs à Susville, les besoins en salariat agricole en Matheysine ont été analysés.

Un territoire demandeur de salariés agricoles
Une dizaine d'agriculteurs matheysins s'est rendue à la rencontre de l'emploi agricole, le 20 mars.

La plateforme de l’emploi agricole et rural a été créée inaugurée en 2023 et a pour but de faciliter les démarches de tous les publics, agriculteurs comme salariés agricoles ou futurs installés. Sollicités par les agriculteurs du territoire matheysin, les groupements d’employeurs de cette entrée unique – Agri Emploi 38, chambre d’agriculture et service de remplacement – ont rencontrés les intéressés à Susville le 20 mars. L’objectif de la rencontre : exprimer les besoins en main-d’œuvre du territoire.
 
Soutien au travail
 
« A Plein lait yeux, nous avons pour projet d’engager un salarié qui travaillerait deux à trois jours par mois dans nos exploitations afin de toutes les connaître. En cas d’accident ou de maladie, la ferme concernée par le sinistre serait prioritaire par rapport aux autres pour recourir à ce saisonnier », explique Anaëlle Jacquin, éleveuse laitière à Saint-Jean-de-Vaulx. Venue se renseigner sur les modalités existant pour que ce projet rassemblant environ cinq exploitants puisse voir le jour, elle a pu échanger avec une dizaine d’agriculteurs également intéressés. D’autant plus que ceux ayant des responsabilités dans diverses associations ou syndicats « pourrait se faire remplacer pendant leurs missions », remarquent certains.
L’idée pour Plein lait yeux serait que chaque participant au projet reçoive le salarié une journée par semaine. « Le fait qu’il connaisse déjà l’exploitation en cas de problème serait rassurant pour lui comme pour nous, et en plus de cela, travailler en continu lui assurerait un travail fixe », ajoute Anaëlle Jacquin. Et un saisonnier pourrait aussi être engagé pendant les périodes de vacances.
 
Le droit au repos
 
Chaque participant à la rencontre y a pensé : pouvoir bénéficier de quelques jours de repos pour passer du temps avec sa famille. Pour cela, la plateforme de l’emploi agricole et rural agit comme une entrée unique pour faciliter les orientations. « La plateforme de l’emploi est là pour centraliser les demandes et guider le public vers le bon interlocuteur en fonction des besoins exprimés, qu’il s’agisse d’une demande de main-d’œuvre ponctuelle, sur un temps long, ou encore d’une demande de remplacement, explique Danielle Cuchet, chargée de mission pour la plateforme. Elle est là pour faciliter les choses ».
Mais pour pouvoir prendre du repos, les agriculteurs relèvent que « les salariés doivent en général savoir tout faire » pour pouvoir les remplacer. Les besoins en Matheysine concernent surtout la traite et le soin aux animaux, qui apparaissent ainsi comme étant des « incontournables ». « Les jeunes qui sortent d’école apprennent très rapidement à conduire un tracteur et à nourrir les animaux, mais il est plus difficile d’apprendre à traire. Et pour une bonne organisation des vies professionnelle et personnelle, afin que nous, exploitants, puissions partir l’esprit tranquille, il faudrait que le salarié tourne au moins une fois par semaine dans la ferme, et régulièrement, ce qui lui permettrait de bien connaître l’exploitation et le travail à faire », expliquent d’autres.
Et pour parvenir à embaucher, « il est nécessaire de penser au logement », remarquent-ils.
C’est ce que confirme Stéphane Bonnois, président de Plein lait yeux. « Nous aimerions trouver quelqu’un pour travailler du 23 avril au 1er novembre, et, avec du remplacement en complément, cela me permettrait de partir en vacances une semaine en août avec mes filles. » Et le service de remplacement, utile aux chefs d’exploitation pour pallier des absences liées aux congés, aux arrêts de travail, au répit et aux réunions et formations.
 
Soutien administratif
 
Agri Emploi 38 constitue aussi un « groupement d’employeurs », explique Hugo Esteve, chargé de recrutement de la structure. « C’est une association dont l’objectif est de rendre un service aux agriculteurs. Elle met pour cela à disposition des salariés dans une ou plusieurs exploitations et prend à leur charge toute la partie administrative qu’elle refacture ensuite sous forme de prestations de service. Cela permet aux agriculteurs de se concentrer sur leur travail. »
Concrètement, un salarié « partagé » entre plusieurs exploitations ne bénéficie que d’un seul contrat et d’une seule fiche de paie à la fin du mois, ce qui facilite aussi les choses pour lui. Mais les groupements rappellent aux agriculteurs que même si une aide administrative leur est fournie, ils doivent tout de même se soumettre à quelques obligations légales. Il s’agit par exemple de fournir le matériel, comme des bottes, à son salarié, apprenti ou encore stagiaire. « L’employeur doit également s’assurer qu’il porte bien les équipements de sécurité », ajoute Hugo Esteve.
 
Pédagogie nécessaire
 
« Il faut tout de même compter sur la motivation des salariés pour apprendre le travail à la ferme, remarquent les agriculteurs. On peut tout à fait être débutant pour travailler, car la motivation fait que l’on apprend rapidement, le reste suit ». Mais d’un autre côté, rester disponible, former et faire preuve de pédagogie, de patience est essentiel.
« Les fiches de poste pour expliquer en quoi consiste leur travail et ce qu’ils ont à faire est important et doit être mis à leur disposition », conseille également Danielle Cuchet. Et rien n’empêche de progressivement monter en compétence et de gagner en autonomie. « Et n’oubliez pas que les conditions de travail doivent être bonnes pour donner envie de travailler chez vous, c’est pourquoi il est important que le salarié bénéficie de locaux, d’une salle de pause, de sanitaires… » recommande Hugo Esteve.

Morgane Poulet

Les contacter

Plateforme de l’emploi agricole et rural
Danielle Cuchet, 06 81 44 95 45
Agri Emploi 38
Hugo Esteve, 06 20 16 37 87
Chambre d’agriculture, territoire Sud-Isère
Lucie Tiollier, 06 45 72 80 93
Service de remplacement
07 84 64 58 18