Autonomie alimentaire
La Métropole grenobloise accélère la relocalisation de son alimentation

En germe depuis 2015, le Plan alimentaire interterritorial porté par la Métro et cinq territoires partenaires a connu une phase d'accélération en raison de la crise sanitaire.
La Métropole grenobloise accélère la relocalisation de son alimentation

Paniqués par le confinement, les consommateurs du bassin grenoblois se sont d'abord rués dans les grandes surfaces. Puis ils ont redécouvert les commerces de proximité et les marchés de producteurs... là où ils ont pu être maintenus. « La crise sanitaire a fait apparaître un vrai souci au niveau de l'approvisionnement, constate Christophe Ferrari, le président de Grenoble Alpes Métropole, qui regroupe près de 450 000 habitants. Elle a révélé une certaine fragilité. Dans cette période d'incertitude, la question du local est devenue centrale. C'est vrai pour l'industrie comme pour l'alimentation. Nous avons passé un cap : le local est désormais perçu comme un élément de sécurité. »

Manger local

Partisan de l'économie circulaire, le président de la Métro voit dans la crise l'occasion d'accélérer un processus de reterritorialisation alimentaire en gestation depuis des années. « Il y a des choses que l'on voulait faire depuis dix ans et qui ont émergé d'un coup avec la crise », confirme Lilian Vargas, chef du service agriculture de Grenoble Alpes Métropole. Les équipes n'en reviennent pas. Jusque-là assez confidentiels, les deux grands projets censés garantir l'autonomie alimentaire du territoire, le Pôle agroalimentaireet le Plan alimentaire interterritorial (PAIT), ont d'un coup pris un tour très concret. « En trois jours, la page "Manger local" de notre site a reçu 32 000 visites, indique Christophe Ferrari. 

Fin avril, visitant le Min en pleine crise sanitaire, le président de la Métropole grenobloise a rappelé le rôle central de l'équipement dans l'approvisionnement en produits frais du territoire.

En germe depuis 2015, le Plan alimentaire interterritorial et son bras armé - le Pôle agroalimentaire - ont permis de recenser rapidement les ressources et de mettre en relation collectivités, producteurs, distributeurs et consommateurs. Porté par la Métro, le Grésivaudan, le Pays voironnais, le Trièves et les PNR de Chartreuse et du Vercors, PAIT a ainsi jeté les bases d'une « reterritorialisation du système alimentaire » de plus de 700 000 habitants. « C'est allé très vite, car nous nous connaissons et travaillons depuis cinq ans ensemble », confie Lilian Vargas, en charge du PAIT pour la Métro. En quelques jours, il a été trouvé des débouchés de substitution pour les agriculteurs en difficulté, les marchés ont été réorganisés et les commerces de proximité approvisionnés en articulation avec les chambres consulaires, les producteurs locaux et les grossistes du Min de Grenoble.

Nouveaux réflexes

« Nous allons tout faire pour rester dans cette logique », assure Lilian Vargas. Ce que confirme le président Ferrari : « Cette crise a montré l'intérêt du lien entre production et consommation locales. Je pense qu'il y a des réflexes qui ne se perdront pas. » En tout cas, les élus de l'agglo entendent bien en profiter pour ancrer le PAIT dans la réalité territoriale, y compris en conduisant une politique foncière volontariste, permettant de conforter les agriculteurs et d'installer de nouveaux producteurs. « Nous sommes mûrs pour de telles avancées », affirme Christophe Ferrari.

Les producteurs locaux sont des acteurs clés dans la dynamique portée par le Plan alimentaire interterritorial.

Encore faut-il parvenir à toucher toutes les franges de la population, et non pas seulement les consommateurs les plus aisés. Les communes de la Métro peuvent ont déjà un petit bilan à leur actif, notamment grâce à un patient travail au niveau des centres communaux d'action sociale ou des cantines scolaires. « J'invite les maires à se montrer extrêment exigeants, insiste le président Ferrari. Ils ont un rôle à jouer dans la construction d'une alimentation tournée vers les producteurs locaux. C'est ce que nous faisons à Claix, dans ma commune. Ça ne coûte pas plus cher et il y a moins de perte. Nous allons même démarrer des cours de cuisine en direction des familles modestes. » Rendez-vous en septembre.

Marianne Boilève