Après une année dynamique en 2021, le marché des terres et prés a été encore très soutenu en 2022 avec une hausse des transactions et des surfaces échangées. La FNSafer reste vigilante sur le marché des terres de loisirs.
« Le marché des terres et prés a progressé en 2022 », a indiqué Loïc Jégouzo responsable adjoint du service des études au ministère de l’Agriculture, lors d’une conférence de presse le 25 mai. Le nombre de transactions (106 130) a augmenté de 2,5 %, celui des surfaces vendues (480 400 ha) a crû de 2,7 %. Si bien que le chiffre d’affaires de 7,144 milliards d’euros (Md€) a lui aussi enregistré une hausse de 4,9 % par rapport à 2021. Le prix moyen de l’hectare est à son plus haut niveau depuis 1997 à 6 130 euros/ha (5 940 €/ha en 2021). La FNSafer et le ministère de l’Agriculture expliquent cette bonne tenue des marchés par de nombreux facteurs, notamment la hausse de la valeur de la production agricole (+ 17,4 %) et par l’accélération des transmissions d’exploitations dans un contexte de départs à la retraite. Le marché des terres et prés loués connaît lui aussi un rebond après une légère baisse en 2021 (- 0,4 % à 4 910 euros). Le prix moyen affiche 5 060 euros/ha en hausse de 2,9 % par rapport à l’année précédente. Le prix à l’hectare augmente quel que soit le mode de production. Les terres en grandes cultures se louent en moyenne 6 500 euros/ha (+ 2,9 %), celles de polyculture-élevage 4 890 euros (+ 2 %) et celles en élevage bovin 3 810 euros/ha (+ 3,3 %).
Un effet loi Sempastous
Comme l’an dernier, la FNSafer observe un marché de plus en plus dominé les sociétés (GFA, GFV, SCI GAEC, EARL, etc.). « En 2022, 9 490 projets de ventes concernant 6 650 sociétés ont été notifiés aux Safer, en hausse de 24,8 % par rapport à 2021 », pour un volume global de 3,133 Md€, soit + 104,8 %. « Une accélération est même observée en décembre, avec 52 % de transactions supplémentaires par rapport à décembre 2021 ». Il faut y voir l’effet de la loi Sempastous, promulguée le 23 décembre 2021, qui a contribué à intensifier les transactions. Cette loi entend lutter contre la concentration des terres et à faire toute la transparence sur les cessions de parts sociales, au service de l’installation sinon de la consolidation des exploitations.
Terres non bâties
Même si le marché de l’urbanisation semble se contracter depuis quelques années, la FNSafer constate que 18 100 ha, soit l’équivalent du département des Hauts-de-Seine, ont été définitivement perdus pour le monde agricole en 2022. Mais en passant sous les 20 000 ha, l’urbanisation semble avoir atteint un niveau plancher « inédit en 30 ans », souligne la FNSafer. Le nombre de transactions chute de 37,3 % pour atteindre 25 240 et le chiffre d’affaires 2022 (4,150 Md€) recule de 31,4 %. Les collectivités locales sont assez dynamiques dans ce secteur et le président de la FNSafer, Emmanuel Hyest, se demande si certaines de ces terres ne sont pas dédiées, à terme, aux projets alimentaires territoriaux. Il s’est aussi déclaré particulièrement vigilant sur l’achat de terres non bâties par des particuliers « pour y faire de l’agriculture de loisir ». Pas moins de 88 000 transactions de ce type ont été réalisées l’an dernier. Ne sachant pas si ce « phénomène est ponctuel ou durable », il s’inquiète de cette perte de surfaces pour les agriculteurs. Plus encore, parce que ces terres sont souvent peu exploitées, favorisant notamment des incendies.
Christophe Soulard
Vignes / Un marché soutenu
En 2022, le marché des vignes est resté soutenu avec un nombre de transactions (9 490) en hausse de 1,1 % pour 18 400 ha échangés (+ 5,4 %) mais avec une valeur en baisse de 7,9 % à 1 Md€. « Le nombre de transactions est au plus haut depuis 15 ans », note l’étude conjointe de la FNSafer et du ministère de l’Agriculture. Le marché est particulièrement actif en Val-de-Loire (+ 10,8 %), en Champagne (+ 8,7 %). Deux régions restent à l’écart de cette hausse globale : la Corse et surtout le Bordelais qui traverse une crise depuis quatre ans. L’étude souligne également qu’en dix ans, trois fois plus de surfaces ont été acquises par des groupements fonciers viticoles et que les personnes physiques agricoles voient leur nombre d’acquisition reculer de 33 % sur la période 1993-2022.
Maisons de campagne / Marché en recul
L’année 2022 est celle du « revirement » pour le marché des maisons de campagne qui avait connu une embellie (+ 14 %) entre 2018 et 2021. Le marché accuse, pour la première fois, une baisse sensible tant sur le nombre de transactions (119 740 / - 11,8 % par rapport à 2021) que sur les surfaces (65 100 ha / - 15 %) qu’en valeur (30,108 Md€ / - 6,6 %). Ce marché suit la tendance générale d’une baisse dans l’immobilier, notamment en raison du redressement rapide des taux d’intérêt et d’une limitation des octrois de crédits immobiliers. La FNSafer constate d’ailleurs que l’âge moyen d’acquisition (45 ans et 7 mois en 2022) a augmenté de 4 mois sur un an. Elle note aussi une très légère reprise des acquisitions par les Britanniques qui représentent 1,2 % des acquisitions en 2022, avec une présence toujours marquée en Dordogne et en Mayenne.