Récoltes
Moins de céréales en Isère en 2022
Les récoltes de céréales sont au plus bas cette année, dans le département de l’Isère.
Claude Faivre, responsable de la section grandes cultures à la FDSEA de l’Isère, explique que les rendements ont cette année été hétérogènes, « quelle que soit l’espèce concernée ». Cette situation est liée à la conduite de culture, aux cultures mêmes mais également à la météo. Cette année, les rendements d’orge, de blé et de colza sont en moyenne inférieurs de 20 à 30% par rapport à 2021.
Des récoltes décevantes
De manière générale, les rendements de céréales sont très nettement inférieurs à ceux habituellement collectés en Isère. Pour la partie nord du département, jusqu’à la plaine de Lyon, André Coppard, agriculteur à Saint-Savin, explique que les récoltes ont été « décevantes pour certaines cultures, notamment pour l’orge ». En ce qui concerne le blé, les récoltes ont été très hétérogènes. « La qualité est au rendez-vous mais pas la quantité », assure-t-il. Par exemple, les parcelles situées dans les Terres froides ont donné de meilleurs rendements car elles ont été plus arrosées par la pluie. Le colza semble quant à lui avoir tiré son épingle du jeu. Les rendements ont été plutôt bons. « C'est lié au fait qu’il s’agisse d’une plante possédant un pivot, pas une racine, comme le blé et l’orge. C’est ce pivot qui lui a permis de mieux résister », explique André Coppard.
C’est ce que confirme Pierre Chavallard, responsable de production végétale pour Cholat. « Même dans les situations mauvaises, le colza a pu produire des rendements autour de 25 quintaux. » Mais « la caractéristique de cette année, c’est qu’il y a de très gros écarts de rendement, beaucoup plus que d’habitude, en raison de situations sèches. » Il y a eu 140 mm de pluie par endroits quand il y en a eu seulement 25 à d’autres. « Cette importante différence a créé beaucoup de disparités dans tout le territoire », ajoute André Coppard. Désormais, toutes les réserves d’eau de pluie ont été utilisées.
En ce qui concerne l’orge, « les écarts de rendement sont de 20 quintaux d’habitude, mais là, ils atteignent plutôt 40 quintaux », explique Pierre Chavallard. C'est une conséquence du premier coup de chaud du mois de mai, qui a créé un écart de rendement important entre les bonnes terres et les terres plus légères, qui ont alors perdu tout leur potentiel. « On peut se retrouver à 30-35 quintaux cette année alors que le rendement moyen est habituellement de 70 à 75 quintaux », se désole Claude Faivre. Cela est dû au manque de pluie à une étape cruciale allant de fin mars à début avril, puis à un premier coup de chaud en mai, n’a pas permis l'assimilation totale des fertilisants, et enfin à un dernier coup de chaud au début de la moisson. « La canicule du mois de mai a provoqué l’avancée des moissons de quinze jours, car nous avons commencé à récolter à la mi-juin et le 14 juillet, tout était terminé dans la Bièvre », ajoute Claude Faivre. « Même dans le Trièves, la moisson est pratiquement terminée. »
Les récoltes de blé sont quant à elles assez hétérogènes. De manière générale, la qualité est plutôt bonne en Isère, « contrairement à d’autres régions de France », précise Pierre Chavallard. Les protéines, notamment, sont très bonnes car le rendement a été moins important, ce qui leur a permis d’être concentrées à la fin de la pousse. Le poids spécifique (PS) n’a pas été exceptionnel mais il est resté dans la norme, soit au-dessus de 76. Mais en ce qui concerne la qualité du blé meunier, elle semble être au rendez-vous. Les rendements n’étant pas très bons, les grains sont moins bien nourris individuellement mais ils le sont collectivement, ce qui permet à la farine boulangère d’obtenir un bon taux de protéine.
Avenir incertain
Claude Faivre explique avoir semé du tournesol, du maïs et du sorgho pour les rotations de ses cultures et se dit « inquiet » pour ces futures récoltes. « Les conditions d’implantation étaient bonnes, car jusqu’au mois de mai, soit un mois et demi après les semis, les tournesols étaient bien développés, mais il est vrai que maintenant, ils souffrent beaucoup du manque de pluie. Au moins sont-ils déjà bien avancés car ils ont été plantés tôt. » Leurs graines sont en effet en train de sécher et il craint que les rendements soient en baisse, surtout au regard de 2021, qui a été une année excellente.
Cette diminution est plus criante sur le maïs non-irrigué, car son cycle de maturation est plus long, sa floraison arrive au moment où l’eau manque le plus. « Les épis seront à peine formés et les plants vont se dessécher, il ne devrait y avoir que 10% des rendements escomptés », s’inquiète Claude Faivre. D’autant plus que les orages annoncés pour la fin du mois de juillet arriveront trop tard, selon l’agriculteur.
« Il faut également savoir que le prix des engrais a augmenté, donc de nombreux agriculteurs en ont utilisé moins que d’habitude, ajoute Anthony Payre de la société Payre, à Moirans, et dans le Trièves, un problème s’est ajouté. Il y a eu très peu de pluie. » Si dans le Nord-Isère, les rendements sont en moyenne inférieurs de 25% à ceux des autres années, dans le Trièves, ces données tombent à -40 voire -50%. « Les éleveurs gardent leur orge triticale pour nourrir leurs troupeaux, car il n’y a plus rien à manger pour les bêtes en raison de la sécheresse », explique Anthony Payre.
