Reportée de mai à l'automne, l'opération Prenez la clé des champs se déroulera les 3 et 4 octobre. Quelques fermes ouvriront leurs portes aux visiteurs comme la Bôn'Source, une exploitation porcine entièrement recréée à Saint-Geoire-en-Valdaine.
La ferme retourne à sa source

Nichée dans un vallon aux portes de la Chartreuse avec vue sur le mont Blanc, la Bôn'Source est une ferme récemment créée par Francis Lambert.

Il élève en plein air des porcs de race duroc, une espèce rustique reconnaissable à sa robe brune et ses oreilles tombantes.

 

La race duroc est adaptée à l'élevage en plein air.

 

Membre de l'association Porcs du Dauphiné (1), l'éleveur contribue au programme de reconstitution de races régionales tout en répondant à un cahier des charges précis (élevage en plein air, bien-être animal, alimentation diversifiée, abattage à partir de 12 mois etc.).

 Cochon au four à pain

« Je fais visiter l'exploitation, poursuit Francis Lambert. Les gens ont besoin de voir les choses. » C'est la raison pour laquelle il a répondu favorablement, avec son épouse Valérie, à la demande du réseau Bienvenue à la ferme (2), de participer à l'opération Prenez la Clé des champs, qui aurait dû se tenir au printemps, mais qui a été reportée les 3 et 4 octobre.

« Nous aimons bien organiser des événements, reconnaissent-il. C'est beaucoup de travail, mais des amis viennent nous aider. C'est convivial. »

Au programme, petite restauration debout ou à emporter à base des produits de la ferme, dont le cochon cuit au four à pain, des saucisses et des frites maison avec des pommes de terres du coin et les bières La Dauphine de Saint-Geoire-en-Valdaine, chez qui le producteur récupère les drèches pour l'alimentation des animaux.

Il y aura aussi des visites de la ferme et un concours de lancer de bottes de foin. « C'est l'occasion de faire la promotion des races de cochon », ajoute Francis Lambert.

Père et fils à l'école

Les époux Lambert ont le sens de l'accueil et le prouvent avec les deux chambres d'hôtes qu'ils ont ouvertes dans le corps de ferme.

« C'est un projet familial. Nous en avions envie depuis plusieurs années », explique Valérie Lambert, ravie d'avoir trouvé un havre pour ses chevaux.

Ex-employé de l'industrie, Francis Lambert s'est lancé dans une reconversion professionnelle il y a trois ans, après avoir passé un BPRA au lycée de Contamine-sur-Arves en Haute-Savoie, département dont le couple est originaire. L'éleveur s'est donc retrouvé sur les bancs de l'école avec son fils Stevan, en formation de boucher, qui projette de s'installer sur la ferme. « Il ne faut pas être seul sur une exploitation », glisse-t-il.

 

Stevan Lambert a suivi un formation de boucher pour faire de la transformation à la ferme.

Deux chevaux, deux génisses, des poules et des canards ont investi avec les porcs cette exploitation de onze hectares dont trois de bois, qui ne demandait qu'à retrouver sa fonction initiale.

Installé sans aide, hormis l'appui technique de l'association Porcs du Dauphiné, Francis Lambert a entièrement recréé cette ferme d'un seul tenant.

En phase de développement, il conserve une double activité. « On s'adapte au fur et à mesure », indique le nouvel installé qui est issu d'une famille d'éleveurs charolais.

Système D

La partie habitation a entièrement été rénovée tandis que le système D prévaut dans les parcs. Ainsi toutes les huttes où les truies donnent naissance à leurs portées sont fabriquées à base de rondins et de planches issues de l'exploitation.

Francis Lambert installe des parcs tournants où les petits cochons évoluent jusqu'à leur sevrage, aux environs de 2 mois et demi.

Puis ils poursuivront leur croissance (entre 12 et 18 mois), par lots d'une dizaine, dans des parcs clos dans les bois. Tous les parcs sont ceints d'un double fil électrique espacé de 50 centimètres afin de rendre impossible de contact avec des animaux extérieurs.

 

Francis Lambert fait partie de l'association Porcs du Dauphiné qui a pour objectif la réintroduction de races locales.

 

L'exploitant est d'ailleurs toujours en recherche de nouveaux bois pour ses animaux. D'une part, cela lui permettrait de faire de meilleures rotations, d'autre part d'augmenter son cheptel. « L'avantage de cette ferme, ajoute-t-il, c'est qu'elle possède deux sources, un privilège. »

Il est aussi un des rares naisseurs-engraisseurs de ses bêtes.

« Ma priorité est de gérer la génétique », explique-t-il. La reproduction des cinq truies est assurée en insémination artificielle ou en monte naturelle. « J'ai démarré avec trois cochettes, raconte Francis Lambert. Il faut les manipuler tout de suite. Le duroc est une race sociable. Même le verrat, Nesquick, est sympa. » Mais prudence tout de même.

 

Le verrat Nesquick est plutôt placide, mais gare.

 

La relation avec les animaux est essentielle pour l'éleveur et le contact est quotidien, notamment au moment des deux repas, si bien que les porcs se montrent plutôt dociles.

Economie circulaire

La viande de porc est commercialisée en direct, à la ferme où l'exploitant a créé un magasin, ou auprès des restaurateurs alentour.

Les porcs sont abattus à Grenoble et Francis Lambert envisage de créer un laboratoire pour l'installation de son fils. « Durant le confinement, nous avons été dévalisés. Les gens avaient le temps de cuisiner et appréciaient d'avoir un produit de qualité. Après, tout le monde n'est pas resté, mais nous avons développé notre clientèle. »

Toute une économie circulaire s'est mise en place autour de l'exploitation qui récupère beaucoup de fruits et légumes non commercialisables ou du vieux pain pour les animaux.

La Clé des champs est l'occasion de venir échanger avec les exploitants sur la réussite de cette renaissance. 

Isabelle Doucet

(1) L'association Porcs du Dauphiné fait partie du réseau de l'Association pour la promotion de la diversité porcine en région Auvergne-Rhône-Alpes ou Div'Porcs qui soutient notamment l'installation d'éleveurs de porcs prémium.

(2) Le réseau créé par les chambres d'agriculture

 

 
Evénement / Les samedi 3 et dimanche 4 octobre, des agriculteurs du réseau Bienvenue à la ferme accueillent les visiteurs dans leurs exploitations.

Quand La Clé des champs rime avec l'automne à la ferme.

Pas question de louper un événement qui attire autant de monde. L'opération La Clé des champs menée par le réseau Bienvenue à la ferme animé par les chambres d'agriculture, se tient traditionnellement le premier week-end du mois de mai. Crise sanitaire oblige, le rendez-vous des agriculteurs avec le grand public avait été annulé avec espoir de le repousser à l'automne. C'est ce qui s'est passé en Isère où une dizaine d'exploitations ont accepté d'ouvrir leurs portes, contre une cinquantaine habituellement.  Le faible nombre de participants n'est pas tant une question de crainte quant à la propagation du Covid-19 que le fait que certaines productions ne sont pas adaptées à la période. En effet, les nuciculteurs, qui d'habitude se mobilisent fortement, sont en pleine récolte et les éleveurs de chèvre n'ont pas de production.
Les samedi 3 et dimanche 4 octobre, certains agriculteurs et des magasins de producteurs accueilleront donc les visiteurs, dans le respect des gestes barrières, dans les 25 fermes organisatrices en Isère, Savoie et Haute-Savoie et les deux magasins de producteurs en Haute-Savoie.
Au programme : visites de fermes, échanges conviviaux avec les agriculteurs, et de multiples découvertes autour des productions fermières. Certaines fermes offriront la possibilité de se restaurer sur place pour le repas de midi ou le goûter à base de produits fermiers, ainsi que des animations .
La liste des fermes ouvertes figure sur le  site internet : www.prenezlacledeschamps.com
Jusqu'au mois de décembre
Sur un  temps plus long, les agriculteurs du réseau Bienvenue à la ferme invitent les visiteurs à découvrir une large gamme d’activités et de rendez-vous jusqu’en décembre 2020. Près de 900 agriculteurs d'Auvergne-Rhône-Alpes, sont prêts à faire découvrir leurs produits et leur passion du métier. Leur engagement : permettre de manger quotidiennement de bons produits locaux et de saison.
Plus d’infos sur : www.automne-fermier.com
 

 

Enquête /

Covid 19 : un impact fort sur l'agrotourisme

 

Les chambres d'agriculture ont mené, du 21 avril au 15 mai 2020, une enquête dans le réseau Bienvenue à la ferme auprès de 570 exploitations. L'étude portait sur l'impact économique et humain de la crise Covid-19 sur l'agritourisme.

Il apparaît que 70% des exploitations ont constaté des pertes de leur chiffre d'affaires (40% de plus de 5 000 euros et 12% de plus de 20 000 euros).

L'emploi a été menacé dans 40% des fermes : 25% ont connu des suppressions d'emploi et 20% ont mis en place du chômage partiel.

34% des exploitations n'ont pas eu recours aux aides proposées, dont 43% parce qu'elles n'étaient pas éligibles. Mais 21% ont bénéficié de plusieurs aides et 18% de délais et de médiation de crédit.

Par ailleurs 50% des structures ont mis en place des initiatives spéciales pendant la crise : 39% ont développé la vente directe et dégagé un complément de revenu, 33% ont boosté leur communication ainsi que leur relation client via les réseaux sociaux et 17% ont mené une réflexion sur leur offre agrotouristique.

Enfin, les exploitants interrogés estiment que leur activité en agritourisme peut être menacée, en particulier plus de 25% des fermes équestres et pédagogiques se disent en danger. Mais 41% des fermes se montrent optimistes, notamment pour les activités d'hébergement et de loisirs.

L'enquête met également en évidence le besoin d'accompagnement des fermes. 32% des exploitants souhaitent être aidés sur la partie communication et relation client, 16% ciblent l'innovation et l'adaptation de leur offre, 25% ont besoin d'être accompagnés pour avoir accès aux aides et 25% recherchent des informations sur la démarche « règlementation et hygiène » à adopter.