L’élevage, secteur trop souvent décrié pour des motifs injustes, joue pourtant un rôle crucial dans la préservation des grands équilibres agro-écologiques, l’entretien de la biodiversité et le dynamisme économique des territoires. Un récent rapport du CGAAER met justement en lumière les externalités positives générées par cette activité essentielle.
L’élevage est malheureusement trop souvent associé à des problématiques environnementales vue par le petit bout de la lorgnette, comme les émissions de gaz à effet de serre. Mais un récent rapport du CGAAER (Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux) de juillet 2024 nous invite à envisager plutôt cette activité millénaire au regard de ses multiples aspects bénéfiques. En effet, élever des animaux ne se limite pas à produire de la viande ou du lait : cela contribue également à la préservation de la biodiversité, à la lutte contre l’érosion des sols et au maintien du tissu économique local.
L'élevage, un des garants de la biodiversité
L'élevage extensif, notamment dans les zones de piémont et de montagne, associé aux prairies, joue un rôle fondamental dans la gestion des paysages. Les animaux pâturent, contribuant ainsi à la régénération des sols et à la diversité florale. Selon le rapport, « les systèmes d’élevage qui favorisent la diversité des espèces herbivores et des pratiques de pâturage préservent des habitats essentiels pour de nombreuses espèces animales et végétales ». Biodiversité ‘’domestique’’, dans le cas de races locales, à petit effectifs, qui trouvent dans ces systèmes une chance de survie. Par exemple, des éleveurs engagés dans la valorisation de races locales comme la vache Salers ou la brebis Lacaune participent à la sauvegarde de ces espèces, tout en contribuant à la qualité des produits régionaux. Biodiversité ‘’ordinaire’’ également, avec la faune et la flore très diversifiée des prairies permanentes, des arbres isolées et des haies qui y sont associés, dont les inventaires mettent en lumière l’extraordinaire richesse.
Une dynamique économique à ne pas négliger
L’élevage constitue également un pilier économique structurant dans la plupart des secteurs ruraux. En créant des emplois, tant directs qu’indirects, il contribue à la vitalité des territoires. Le rapport souligne que « chaque emploi agricole génère entre 1,5 et 2,5 emplois dans les secteurs connexes », tels que la transformation, la distribution et le commerce.
De plus, l’élevage est à même de s’inscrire dans la dynamique de développement des circuits courts, qui permet via la vente directe ou de proximité de réduire les coûts de transport et desoutinir l'économie locale. Par ailleurs, il contribue à l'attractivité touristique de certaines régions, en façonnant les paysages, ainsi que par la production des matières premières indispensables à l’élaboration de salaisons, fromages et autres spécialités qui font la réputation des terroirs.
L'élevage et les services écosystémiques
Au-delà de ses impacts économiques, l’élevage génère des services écosystémiques essentiels. La gestion des terres par les éleveurs permet de maintenir des espaces naturels, de réguler le cycle de l'eau et de prévenir les risques d'inondation. Le rapport du CGAAER met en avant que « les pratiques d’élevage durable, en favorisant la couverture végétale, jouent un rôle dans la réduction des gaz à effet de serre ». Les co-produits que sont les effluents d’élevage constituent une précieuse ressource en azote organique bon marché et intéressante du point de vue agronomique, et même écologique, pour peu que puissent jouer les synergies positives entre cultures et élevage. Des pratiques agroécologiques émergentes, telles que le pâturage tournant, ou ancestrales remises au goût du jour, telles que l'agroforesterie, sont également mises en avant dans ce rapport. Elles sont des pistes prometteuses pour améliorer la résilience des systèmes agricoles face aux changements climatiques, tout en préservant la qualité des sols et en favorisant la biodiversité.
Ce rapport du CGAAER de juillet 2024 vient à point nommé pour nous rappeller que l'élevage est bien plus qu'une simple activité de production. Ses externalités positives, tant sur le plan environnemental qu'économique, sont essentielles pour la durabilité de nos écosystèmes et le dynamisme de nos territoires. Il est donc crucial de valoriser ces aspects, de soutenir les pratiques durables et de reconnaître le rôle des éleveurs en tant qu’acteurs de la transition écologique.
AC