Installation
« Il faut anticiper son installation »

Morgane Poulet
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Lors du forum de l’installation des Jeunes agriculteurs de l’Isère des 23 et 24 novembre, la nécessité d’anticiper son installation a été rappelée.

« Il faut anticiper son installation »
Le premier forum de l'installation des Jeunes agriculteurs de l'Isère a attiré de très nombreux visiteurs.

A l’occasion de l’organisation du premier forum de l’installation des Jeunes agriculteurs de l’Isère, les 23 et 24 novembre, de nombreuses conférences ont été tenues pour informer les visiteurs quant aux clefs de réussite et d’accompagnement de différentes structures en matière d’installation.
Le mot d’ordre de chaque discours : anticiper le plus en amont possible son installation, car de nombreuses démarches sont à effectuer.
 
Plusieurs étapes
 
« Il faut compter en moyenne entre un an et dix-huit mois en termes de temps de préparation du projet agricole d’installation », explique Véronique Rochedy, conseillère territoriale à la Chambre d’agriculture de l’Isère.
C’est pourquoi la structure conseille aux futurs installés d’élaborer un rétroplanning : avec une idée de date d’installation, la Chambre peut réaliser un premier plan d’actions avec l’agriculteur, même s’il s’affinera au fur et à mesure de l’avancée du projet. Des Points accueil projet (PAP) sont présents dans chaque département pour cela.
« Il faut aussi réfléchir à l’obtention de foncier, ce qui est une étape difficile », admet la conseillère. Pour les aider, le Crédit agricole propose notamment l’accès à des dispositifs d’aide, comme la participation aux frais d’investissement. Dominique Renoud, directeur de clientèle agricole au Crédit agricole Sud Rhône-Alpes (Casra), précise que lors du choix du territoire d’installation, il est tout particulièrement important de s’intéresser à la clientèle présente, mais également à la façon dont l’agriculteur souhaite vendre ses produits, s’il y a de la concurrence ou pas.
Il convient ensuite d’acquérir des compétences de terrain. Pour cela, « toutes les expériences salariales, en tant que stagiaire ou tout simplement de mise en situation dans des exploitations sont préconisées », explique Véronique Rochedy. Cela permet au futur installé d’être conforté dans son idée ou bien de changer d’avis. Le passage par des services de remplacement ou par Agri Emploi 38 est également préconisé.
Les démarches sont ensuite longues à effectuer, car une fois le chiffrage du projet effectué, le futur exploitant doit se rendre au Centre de formalités des entreprises afin d’immatriculer son entreprise auprès de la Chambre d’agriculture. Il doit également passer devant une commission d’installation s’il fait une demande de DJA. Et six mois avant de passer en commission d’installation, il doit obligatoirement effectuer ses demandes d’autorisation d’exploiter. « Le processus est long, c’est pourquoi il faut anticiper son installation », conclut Véronique Rochedy.

Morgane Poulet
Un premier forum réussi
Yanis Villard et Nathan Vert ont pu se conforter dans leur choix d'avenir lors du Forum de l'installation.

Un premier forum réussi

Les agriculteurs de demain sont venus en nombre au premier forum de l’installation des JA de l’Isère.

Le premier forum de l’installation des Jeunes agriculteurs de l’Isère a été une réussite. Environ 500 visiteurs se sont rendus à Seyssins pour se renseigner sur les métiers agricoles.
La grande affluence autour des stands des partenaires du forum s’est expliquée par la volonté des étudiants, en ce début d’année, de « rencontrer des acteurs du monde du travail agricole différents de ceux dont nous avons l’habitude, comme les banques », explique Timothée Feret, étudiant en BPREA à l’École du paysage de Saint-Ismier, et de « compléter les informations que nous avons déjà avec des versions plus ajustées ».
Pour Yanis Villard, isérois, et Nathan Vert, ardéchois, en bac pro CGA à la MFR de Mozas, le forum permet aussi aux élèves d’être guidés. Même s’ils ont déjà une idée précise de leur projet professionnel – le premier souhaite reprendre l’exploitation de son père en vaches laitières et le second s’installer en vaches laitières et allaitantes pour fournir en viande la boucherie-charcuterie de son père, le forum leur a apporté un regard différent sur l’élevage selon l’emplacement géographique de l’exploitation et leur a permis de s’informer sur l’actualité agricole.

« Se concentrer sur son métier »
Vladim Huin est intervenu lors d'une conférence d'Agri Emploi 38 pour parler de son expérience de salarié agricole.

« Se concentrer sur son métier »

Pour aider les exploitations agricoles à trouver des salariés, Agri Emploi Isère s’occupe des démarches administratives.

Pour permettre aux agriculteurs d’embaucher un salarié pour un nombre d’heures de travail réduites, mais également pour s’occuper directement des tâches administratives inhérentes à la gestion d'un salarié, Agri Emploi 38 propose ses services aux adhérents.
Présente lors du forum de l’installation des Jeunes agriculteurs de l’Isère, qui s’est déroulé à Seyssins les 23 et 24 novembre, la structure a rappelé son fonctionnement aux visiteurs et a invité un salarié agricole à partager son expérience.
 
Adaptabilité
 
En tant que groupement d'employeurs, Agri Emploi permet aux exploitants adhérents de bénéficier du travail d’un salarié lorsqu’ils en ont le besoin. Et l’embauche est également adaptée à la saisonnalité et à la charge de travail. « Le planning des salariés évolue toute l’année en fonction des saisons, car un agriculteur peut avoir besoin d’une main-d’œuvre plus importante à certains moments. Un salarié a donc un contrat avec un temps de travail annualisé, car il fera 35 heures en moyenne, mais certains mois, un peu moins, et d’autres, un peu plus », explique Hugo Esteve, chargé de recrutement et de gestion des embauches et des contrats à Agri Emploi 38.
Une situation qui convient à Vladim Huin, salarié agricole depuis le mois de septembre, après être passé par deux ans d’apprentissage. Le salariat dans différentes exploitations lui permet d’être « autonome » et de « gérer son temps » ainsi que son planning. « J’acquiers de nombreuses compétences et j’ai un nombre d’heures garanti », ajoute-t-il.
Et pour cause, à raison de sept heures par jour dans huit exploitations différentes, « différentes tâches » lui sont proposées. « J’apprends donc plusieurs façons de faire, mais aussi des métiers différents, parce que je travaille chez un apiculteur, mais aussi chez des éleveurs. Mes employeurs travaillent avec moi car j’en suis à mes débuts dans l’agriculture et cela me permet d’apprendre rapidement. »
 
Facilités
 
Si l’exploitant doit payer des frais de fonctionnement et de suivi, cela lui permet de se « concentrer sur son métier » et de ne pas avoir à gérer la partie administrative inhérente à la gestion de salariés, explique Agri Emploi.
Une clause intéressante figure également dans le contrat de travail des salariés. Si un agriculteur arrête son adhésion à Agri Emploi 38, le salarié peut aller travailler chez un autre adhérent sans qu’il y ait la moindre modification de son contrat. Cela permet donc au salarié de conserver son CDI de 35 heures, mais aussi son ancienneté.

MP

Pour en savoir plus sur l’expérience de Vladim Huin, retrouvez une vidéo sur le site de Terre Dauphinoise.

Chiffres-clefs de l'installation

 -       116 Dotations jeune agriculteur (DJA) en 2022
-       Plus de 400 porteurs de projet accueillis à la Chambre d’agriculture de l’Isère : maraîchage (29%), herbivores hors bovins (19%), fruits et autres cultures (17%) sont les plus représentés
-       175 installations par an, 45% de femmes et 50% en société
-       En 2022, de nombreuses installations en herbes aromatiques et médicinales en Isère

MP