Plantes en folie a attiré plusieurs milliers de visiteurs le week-end dernier à Châbons, confirmant un engouement certains pour les fleurs et le patrimoine.
Première édition réussie pour Plantes en folie au château de Pupetières.
La manifestation a attiré plusieurs milliers de visiteurs pendant trois jours, les 29 et 30 avril et le 1er mai.
Il faut dire que les exposants avaient su répondre présents - mélange proportionné de nouveaux venus et d’habitués des journées des plantes -, et que le programme était étoffé.
Parmi les temps forts, la venue de l’actrice Véronique Jannot pour baptiser deux rosiers, l’un à son nom samedi et l’autre à celui de l’association Rêves de gosse, dont elle est marraine, le dimanche.
Par ailleurs, partenaire de l’événement, Terre Dauphinoise a remis un prix, celui des « Plantes d’ici (et pas d’ailleurs)» à Mojo Ferme florale, deux jeunes installés à Cessieu, qui produisent eux-mêmes les fleurs coupées qu’ils proposent à la vente.
Un moment rare
« C’est un entrepreneur de belles choses », a déclaré Véronique Jannot au sujet d’Aymar de Virieu qui en quelques années a fait du château de Pupetières le rendez-vous incontournable de la fleur, conviant au printemps et à l’automne les professionnels pépiniéristes, horticulteurs et artisans du monde végétal.
Le baptême d’une fleur reste un moment rare tant son processus d’élaboration est long. Il conjugue la patience et la connaissance du créateur.
Jean Lin Lebrun, rosiériste à Grigny dans le Pas-de-Calais, avait fait spécialement le déplacement en Isère pour la cérémonie.
Ce passionné de génétique, incollable en sélection bovine et plus particulièrement en race prim’holstein, met tout son talent dans l’hybridation florale.
« Il faut créer beaucoup pour sortir la bonne rose », déclare celui qui a quelque 120 créations sur le marché « et entre 3 000 et 4 000 en observation ».
Il avait rencontré Véronique Jannot à la fête de la rose de Chaalis (60) et avait voulu offrir une rose à celle qui est devenue son amie. « Une rose oui, mais de caractère », avait rétorqué l’actrice.
La rose Véronique Jannot a été dévoilée samedi 30 avril.
Ce rosier arbustif de grand développement et à grandes fleurs « éclôt rouge et devient rose le lendemain », commente le créateur.
« C’est un rosier robuste, j’adore sa couleur et il est adaptable à tous les types de terrains. Je l’ai testé chez moi depuis deux ans », indique Véronique Jannot.
« Les rosiers portent loin les personnes à qui ils ont donné leur nom », a encore assuré le rosiériste.
Rêves de gosse
C’était un doublé pour l’actrice qui dimanche a aussi inauguré le rosier Rêves de gosse créé par le rosiériste isérois François Félix. L’occasion pour elle de rappeler combien elle est investie depuis 20 ans dans l’association dont elle est la marraine.
« Rêves de gosse réunit toutes les qualités que peut revendiquer une association dans l’évolution harmonieuse pour former les enfants à l’acceptation de la différence. Quand on connaît l’autre, il n’effraie pas et on en prend soin ».
La beauté, la délicatesse et l’authenticité ayant pignon sur tous les stands, des prix offerts par des partenaires récompensent le travail des professionnels du végétal.
Remise de prix
C’est ainsi que le lycée horticole de La Tour-du-Pin a été distingué par le Crédit agricole Sud Rhône Alpes, de même que les producteurs de clématites belges (prix Deutz), très fidèles à Pupetières, l’Esprit du phénix, tourneurs sur bois à La Chapelle-de-la-Tour (prix Châbons), Rêves de jardin (prix Area), Bois Fleuri (prix Pupetières) et Mojo Ferme florale.
La sous-préfète de la Tour-du-Pin, Caroline Gadou, a souligné combien une telle manifestation « contribue à faire vivre le tourisme rural et local ».
Et pour ceux qui ne se lassent pas ni du site, ni d’une telle animation, rendez-vous est donné pour les Journées des plantes, les 30 septembre et 1er octobre.
Isabelle Doucet
Les fleurs d’ici
Mojo Ferme florale est une exploitation tout juste créée à Cessieu qui produit et vend des fleurs plein champ.
« Je n’aurais jamais imaginé venir en tant qu’exposant, je n’aurais jamais osé », confie Morgane Sénéchal. Avec Johny Stemple, ils ont créé Mojo Ferme florale à Cessieu, il y a à peine un an et demi.
Ils sont les premiers lauréats du Prix des « Plantes d’ici (et pas d’ailleurs)» remis par Terre Dauphinoise à l’occasion de Plantes en folie.
Fleuristes et horticulteurs, ils cultivent leurs propres fleurs et sont adhérents du collectif Fleur française qui promeut les fleurs locales et de saison.
Sur une petite parcelle en pente et à 500 mètres d’altitude, ils produisent en plein champ 120 variétés de fleurs annuelles et de vivaces sélectionnées selon quatre critères : leur parfum, leur tenue dans un vase, leur résistance à la sécheresse et leur capacité à sécher.
On retrouve ainsi des dahlias, renoncules, tournesol, anémones, cosmos, zinnias, immortelles ou des tulipes pivoines, comme présentées lors de Plantes en folie.
Johny Stemple, qui a réalisé tous les aménagements de l’exploitation, a conçu une pépinière en autoconstruction et matériel de récupération, à l’image de leur modèle de production, résilient, raisonné et diversifié.
Optimiser les fleurs
C’est un repositionnement professionnel complet pour les deux horticulteurs-fleuristes. Elle est issue de l’enseignement, lui, ex-cadre dans l’environnement.
Ils ont fait de leur coup de cœur pour le site de la Ferme florale leur métier, à la faveur d’une réflexion menée pendant le confinement. Petite exploitation, petits besoins, le plus gros poste étant l’irrigation par goutte à goutte.
« L’an dernier nous avons ombragé les plantes pour éviter qu’elles ne grillent car nous sommes exposés plein sud », explique encore Johny Stemple.
Leur production s’étale de mars à octobre, au moment où les fleurs coupées cèdent la place aux fleurs séchées « pour optimiser les fleurs ». À Mojo ferme florale, rien ne se perd.
Les deux producteurs font visiter leur ferme à la demande, « ça vaut le détour », promet Morgane Sénéchal.
Le chalet en A, la pépinière, les fleurs dans les champs : ils veulent faire du beau avec peu. « Nous sommes un peu perfectionnistes, reconnaît la fleuriste. C’est important que ce soit beau. C’est notre image. »
Leur modèle est basé sur la vente directe, à la ferme ou sur les marchés de La Tour-du-Pin, Morestel et Lyon Jean-Macé, ainsi que les marchés de Noël.
Ils cherchent encore des points de vente et souhaitent développer des ateliers de création. Mais l’année est avant tout consacrée à la consolidation de l’exploitation.
Isabelle Doucet