BRUXELLES
Un conseil agricole au menu chargé

Les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se sont réunis le 25 juillet à Bruxelles pour évoquer, dans un ordre du jour plutôt chargé, de nombreux dossiers dont celui de l’Ukraine ou de l’usage durable des pesticides (règlement SUR).

Un conseil agricole au menu chargé
Le conseil des ministres de l'Agriculture, le 25 juillet à Bruxelles. ©UE

C’est le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, qui a ouvert les débats. Son pays a en effet pris pour six mois la présidence de l’Union européenne avant de la céder à la Belgique en janvier prochain. Parmi ses priorités, il a indiqué vouloir porter l’effort sur cinq grands axes : le renforcement et la promotion des nouvelles technologies dans le secteur agroalimentaire ; la garantie de la sécurité alimentaire ; la protection de la santé et de l'environnement ; la promotion de la politique agricole commune (Pac), ainsi qu’une plus grande visibilité du monde rural. Le tout dans un contexte de transition verte (Green Deal) dont les objectifs commencent à être décriés et remis en question.

Déstabilisation des marchés

L’un des premiers sujets abordés a été celui de la prolongation des restrictions imposées par cinq pays d’Europe de l’Est aux importations de céréales ukrainiennes. Courant avril, la Commission avait autorisé cinq États membres voisins de l’Ukraine (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie) à interdire la commercialisation de céréales ukrainiennes sur leur territoire. En effet, depuis juin 2022, les autorités européennes ont supprimé les barrières douanières sur les importations1 en provenance d’Ukraine pour soutenir l’effort de guerre contre la Russie. Conséquence : ces importations ont pratiquement doublé en 2022 passant de 7 à 13 milliards d’euros, ce qui a provoqué un effondrement des prix dans les cinq pays limitrophes. La Commission européenne avait avalisé l’interdiction à condition que ces cinq pays n’empêchent pas le transit vers d’autres pays. Le 25 juillet, la France et l’Allemagne se sont fermement opposés à la prolongation de cette interdiction dont le terme est prévu pour le 30 septembre. Ils ont rejoint, en cela, la moitié des pays de l’UE qui s’étaient prononcés pour le retour des produits ukrainiens dans ces cinq pays. « Il ne peut y avoir de mesures unilatérales ni d’aventure individuelle, ce n’est que collectivement qu’on fera face au défi d’une déstabilisation des marchés », a abondé le ministre de l’agriculture français, Marc Fesneau. « Il faut renforcer les couloirs de solidarité pour sortir les céréales ukrainiennes vers les pays tiers. Il faut également mieux anticiper et réguler les effets économiques des mesures en faveur des produits agricoles ukrainiens », a-t-il ajouté. Il reste maintenant à la Commission de trancher.

Mesures miroir

Le règlement SUR relatif à l’usage durable des pesticides a également alimenté les conversations. La Commission a fourni aux ministres une note confirmant que « les objectifs de réduction des pesticides ne menacent pas la sécurité alimentaire ». Dubitatifs et quelque peu méfiants, les ministres de l’Agriculture, parmi lesquels Marc Fesneau, ont remarqué que l’étude de la Commission était incomplète : il y manque notamment des chiffres sur les conséquences portant sur le rendement, les importations et les prix des denrées alimentaires ! De nombreux ministres ont également fait part de leurs préoccupations concernant la définition des « zones sensibles », la faible disponibilité d'alternatives non chimiques aux pesticides. Marc Fesneau s’est déclaré favorable à la définition d’indicateurs pour chaque État membre et souhaite qu’un travail collectif puisse s’engager sur la définition des zones sensibles. Il faut aussi avancer sur le dossier « des mesures miroir pour renforcer la protection des consommateurs et de l’environnement », a-t-il soutenu.

1- Elles concernent notamment la plupart des produits agricoles : céréales, fruits légumes, vins, viandes bovine, porcine et ovine, produits laitiers…

Christophe Soulard