SYNDICAT
Loup : revoir la convention de Berne

Les organisations syndicales du Doubs ont rencontré, le 22 octobre à Pontarlier, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, pour s’entretenir du dossier loup. Un sujet plus que brûlant et qui suscite colère et peur chez les éleveurs.

Loup : revoir la convention de Berne
Jeunes agriculteurs du Doubs a présenté au ministre de l’Agriculture les noms des 20 vaches et génisses prédatées par le loup dans le département depuis le début de l’année. ©Actuagri

La venue de Marc Fesneau à Pontarlier ne pouvait pas mieux tomber. La veille de son déplacement, dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 octobre, une attaque de loups a eu lieu aux Pontets à la frontière du Doubs et du Jura, sur l’exploitation de Loïc Scalabrino, le responsable « prédation » de Jeunes agriculteurs (JA) du Doubs. Deux génisses de moins d’un an ont péri. À l’écoute des éleveurs, Marc Fesneau a déclaré qu’il souhaitait « apaiser la situation ». Insistant sur la nécessité de dialoguer avec toutes les parties prenantes, il a aussi pointé du doigt les «  y’a qu’à-faut qu’onistes et les gens qui sont dans des positions radicales ». Pour lui, le loup « ne représente pas à lui seul la biodiversité » et que cette façon de voir les choses est « une erreur tragique pour la biodiversité ». Il a ajouté qu’il fallait « trouver un équilibre qui ne fasse pas reculer l’élevage et s’inquiéter des situations humaines. Aujourd’hui, l’espèce menacée, c’est plutôt l’éleveur que le loup », a-t-il assuré tout en reconnaissant que « c’est compliqué de mettre en place une politique de protection efficace ».

Attaques en hausse

Pour Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le « loup est très présent en Europe. On en compte plus de 18 000 sur le continent. Ce n’est pas une espèce en voie de disparition En revanche, les éleveurs à l'herbe en plein air eux disparaissent un peu plus chaque jour et le pastoralisme prend le même chemin », a-t-elle dit. Appelant à ce que « le futur plan national loup 2023 soit un véritable plan de sauvegarde du pastoralisme, de l'élevage en plein air et un plan de régulation de l'espèce lupine », elle a demandé la révision de la Convention de Berne. Rappelons que dans le département du Doubs, la préfecture avait fait procéder, dans la nuit du 18 au 19 septembre, par un lieutenant de louvèterie à l’abattage d’une louve à Longeville-Mont-d'Or, près de la frontière suisse. Ce tir avait fait suite à l’attaque d’une meute de trois loups sur un Gaec de cette commune. D’ailleurs leur nombre d’attaques ne cesse de croître en France : il était de 984 attaques en 2010 pour atteindre 3 730 en 2020. L’État dépense environ 30 millions d’euros par an pour indemniser les éleveurs.

Christophe Soulard