Politique territoriale
Le PNR de Chartreuse finalise la procédure de révision de sa charte

Isabelle Brenguier
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Le PNR de Chartreuse est en passe de terminer le processus de révision de charte dans lequel il est engagé depuis plus de cinq ans. La transversalité des thématiques est au cœur de ce nouveau projet de territoire.

Le PNR de Chartreuse finalise la procédure de révision de sa charte
Crédit photo : J.L. Rigaux La commune d'Entremont-le-Vieux se situe au cœur du Parc naturel régional de Chartreuse.

Elle arrive au bout de la procédure. Après cinq années de travaux et de multiples étapes, au terme d’une concertation « longue et complexe » dans laquelle elle avait pour « difficile » mission de se projeter jusqu’en 2037, l’équipe du Parc naturel régional (PNR) de Chartreuse, a vu sa charte approuvée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et n’est plus « que » dans l’attente du décret ministériel de renouvellement de son classement.

Si la charte peut être vue comme un « simple » document administratif, sa portée est grande pour le territoire qu’elle engage. Et dans la mesure où sa révision est une remise en question de son label et une nouvelle réflexion sur ses objectifs, elle correspond à une période importante de la vie du parc.

« Nous avons commencé à penser aux enjeux sur lesquels nous souhaitions travailler dès 2016. Il s’en est suivi de multiples rencontres de concertation, la rédaction du document, et puis de très nombreux allers-retours avec toutes les instances impliquées dans la démarche. Cela a été long, mais dans l’ensemble, la procédure s’est bien passée », assure Marion Frachisse, chargée de communication au sein du PNR de Chartreuse.

Trois nouveaux axes

Dominique Escarron, maire du Sappey-en-Chartreuse et président du Parc, fait état du changement d’approche globale entre l’ancienne et la nouvelle charte. « Avant, les sujets étaient cloisonnés. Nous les traitions tous, mais en parallèle les uns des autres. L’agriculture d’un côté. La forêt d’un autre. L’énergie, encore d’un autre… Maintenant, nous voulons les aborder de façon transversale », indique l’élu.

« C’est un choix assumé que d’avoir écrit la charte ainsi », renchérit Stéphane Gusméroli, maire de Saint-Pierre-de-Chartreuse, vice-président, délégué à l'agriculture et à la transition alimentaire. « On voit bien que toutes les thématiques sont interdépendantes les unes des autres. C’est donc tout naturel de les travailler comme ça », ajoute-t-il encore.

« Les enjeux issus du diagnostic ont donc structuré un projet de territoire – la charte - en trois axes, que nous avons intitulé « une Chartreuse multifacettes », une « Chartreuse en transitions », et « une Chartreuse en harmonie ». Concrètement, grâce à elle, le Parc prévoit de tendre vers un territoire à énergie positive à l’horizon 2050, de développer des modes de déplacement alternatif à l’utilisation individuelle de la voiture, même si compte-tenu des caractéristiques du territoire, son recours peut rester important, de renforcer la résilience du territoire au changement climatique, de dynamiser les services et usages numériques en Chartreuse et d’accompagner de nouvelles formes de travail, d’activités et de vivre ensemble », indique Marion Frachisse.

Rassembler et fédérer

Loin de mettre le territoire sous cloche, l’objectif d’un PNR est de mettre en œuvre un projet concerté de développement durable, économique et social. Le Parc est un outil au service de ses habitants, des socio-professionnels, pour développer des actions.

Et grâce à lui, le territoire dispose de chargés de mission dans de nombreux domaines. Ils peuvent être mis à contribution pour aider à l’émergence et à la mise en œuvre des projets, chercher des solutions et des financements.

Pourtant, le Parc de Chartreuse est parfois considéré comme une grosse machine, un peu éloignée du quotidien des gens. Ses dirigeants et ses techniciens en sont bien conscients. Pas facile, en effet, d’être proche des habitants des 72 communes (1), à cheval sur sept intercommunalités et deux départements (2), que compte désormais le territoire du Parc.

Pour autant, il a contribué à la mise en œuvre de nombreux projets structurants. Et la révision de la charte a représenté une bonne opportunité pour rassembler et fédérer tous les acteurs du territoire.

Sans le PNR, l’AOC (Appellation d’origine contrôlée) Bois de Chartreuse, la promotion touristique de la destination Chartreuse, la préservation du tétras-lyre, la réintroduction du bouquetin, le développement de l’agriculture biologique… sont autant de projets qui n’auraient certainement jamais – ou pas de cette façon - vu le jour…

Traitement transversal

Pour Stéphane Gusméroli, « l’agriculture fait partie des axes forts de la charte du PNR, car elle porte de forts défis en matière d’économie, d’environnement et de social ». Il estime que « c’est peut-être la politique qui illustre le mieux la nouvelle volonté de traitement transversal des sujets, puisqu’elle se situent au carrefour de tous les enjeux portés par un parc : alimentation, santé, climat, foncier, tourisme, économie, énergie, paysage, culture, biodiversité… ».

La structure conduit depuis longtemps de nombreuses actions dans ces domaines. Certes, elle a œuvré pour le développement de la bio et des circuits courts. Mais pas seulement.

Pour autant, ses actions ne sont peut-être pas suffisamment visibles des agriculteurs déjà installés, qui peinent à se retrouver au milieu de cette complexité administrative. L’élu avance cependant que les exploitants peuvent bénéficier de l’appui de deux chargés de mission dédiés aux activités agricole et pastorale, dont l’un est financé à la fois par le PNR, mais aussi par les Chambres d’agriculture d’Isère et de Savoie Mont-Blanc.

« Grâce à cette organisation, nous souhaitons être à leurs côtés, pour aider de nouvelles installations, malgré les difficultés que nous rencontrons en matière de foncier, assurer la transmission des exploitations des agriculteurs qui vont partir à la retraite, consolider le lien entre eux et le grand public. Nous voulons favoriser l’accès à une alimentation de qualité. Et nous voulons que les agriculteurs profitent d’une meilleure viabilité économique de leur exploitation et d’une meilleure qualité de vie », indique-t-il.

Plus visible

Dominique Escarron se montre confiant quant à l’avenir du Parc de Chartreuse, estimant que le territoire a joué un rôle de pionnier, parce que les nombreux sujets environnementaux dont on parle régulièrement aujourd’hui (la protection de la biodiversité, le développement des circuits courts, la limitation des déplacements, l’extinction des lumières…), cela fait bien longtemps qu’ils sont abordés dans son périmètre. Ainsi, il semble que, dans de nombreux domaines, le travail soit fait.

Reste à le rendre plus visible. Ce sera certainement un des enjeux sur lequel le Parc devra travailler au cours des années à venir. Pour Stéphane Gusméroli, cela pourra peut-être se faire grâce à davantage de pédagogie et à un renforcement du lien entre le Parc et les communes, qui restent – encore – l’instance dont les habitants se sentent les plus proches.

(1) dont 15 nouvelles

(2) l’Isère et la Savoie

Isabelle Brenguier

Pour plus d'informations sur la révision de la charte du PNR de Chartreuse, cliquer ici

Le PNR est aussi engagé dans la révision de sa charte
Crédit photo : Parc naturel régional du Vercors Le PNR du Vercors a entamé la procédure de révision de sa charte.
Vercors

Le PNR est aussi engagé dans la révision de sa charte

S’il n’en est pas au même stade que le PNR de Chartreuse, celui du Vercors est aussi en train d’écrire son futur projet de territoire. 

Le Parc naturel régional du Vercors est aussi engagé dans la procédure de révision de sa charte. « Si le document est écrit, il en est encore au stade de la concertation et de l’enquête publique. Il devrait être approuvé en 2024 », indique Olivier Putot, le directeur du Parc. Son périmètre devrait aussi se trouver agrandi. Entre la Drôme et l’Isère, il rassemble 83 communes aujourd’hui, mais il se pourrait qu’il en compte 107 à l’issue de la procédure.

Trois axes fondateurs

Dans le Vercors, le projet de territoire s’articule également autour de trois axes fondateurs. « La première volonté des dirigeants du Parc est de conforter son économie locale, dans le respect de l’environnement, et en s’appuyant sur le triptyque agriculture, forêt et tourisme. La deuxième s’appuie sur la problématique des évolutions (changement climatique, crise de l’énergie…), nombreuses actuellement, et qui vont susciter des transitions en matière d’agriculture, de gestion forestière, de transition énergétique, de mobilité, de développement touristique, et qu’il faudra accompagner. Quant à la troisième intention, elle aborde la question du partage du territoire au sens large. En étant proche de plusieurs agglomérations, le Vercors est un territoire très convoité, qui suscitent de nombreuses visites et pratiques. Nous devrons faire preuve de pédagogie pour que chacun trouve sa place et que les conflits d’usage soient limités », précise Olivier Putot.

A noter que sur différents sujets, les parcs naturels régionaux du Vercors et de la Chartreuse, associés à d’autres PNR, travaillent ensemble.

IB