L'actu vue par Martine Perrin
La hausse des coûts de l'énergie et le renouvellement des générations comme préoccupations

Isabelle Brenguier
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Présidente des Entrepreneurs des territoires (EDT) de l'Isère, à l'occasion de l'assemblée générale du syndicat. La hausse des prix de l'énergie l'alerte, mais la responsable s'engage aussi pour le renouvellement de la profession.

La hausse des coûts de l'énergie et le renouvellement des générations comme préoccupations
Si elle reste présidente du syndicat au niveau Auvergne-Rhône-Alpes et secrétaire général au niveau national, Martine Perrin vient de quitter la présidence du syndicat isérois des EDT. Elle vient de passer la main à Maël Dallay, installé à Poliénas.

Vous étiez réunis en assemblée générale début mars. Sur quels sujets ont porté vos échanges ?

Toute notre attention est concentrée sur les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse des coûts de carburant. Nous sommes très inquiets. Nous espérons que nous compterons le même nombre d'entreprises à la fin de l'année qu'aujourd'hui, mais nous n'en sommes pas sûrs.

Même si nous commençons juste les travaux, que nous n'avons pas encore établi de facturation, nous savons que nous sommes obligés de passer par une augmentation de nos tarifs. Mais nous ne pourrons pas tout répercuter. Car nous voulons être solidaires de nos clients – les agriculteurs – qui sont aussi pris à la gorge. Si on se bat, c'est pour éviter que nos prestations augmentent. Nous nous battons pour nous, mais également pour eux.

Quelles actions avez-vous mises en place ? 

Certaines régions ont réalisé des blocages. En Isère, nous avons écrit une lettre commune avec les Jeunes agriculteurs, la FDSEA, la chambre d'agriculture, à tous les députés et sénateurs ainsi qu'au préfet pour leur expliquer notre situation. A priori, nous avons obtenu le remboursement de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ndlr) qu'on espère recevoir prochainement. Mais cela ne suffira pas. Et on voudrait arrêter de faire cette avance pendant 18 mois. Nous faire payer cette taxe et nous la rembourser ensuite n'a aucun sens. Nous ne sommes pas banquiers.

Comment se porte le métier d'entrepreneur ? Présente-t-il des perspectives ?

Hors contexte de crise, ce secteur offre de nombreuses opportunités d'emploi pour les jeunes qui aiment le monde rural et la conduite d'engins. Malheureusement, nous n'en parlons pas assez... C'est pour cela que nous nous nous impliquons beaucoup en matière de promotion de ces métiers qui touchent les mondes de la ruralité, de l'agriculture et de la forêt. Sur ce sujet, nous travaillons en partenariat avec les JA. A la campagne, les jeunes nous connaissent. Mais nous souhaiterions élargir notre recrutement vers le milieu urbain.

Y-a-t-il des formations qui permettent d'acquérir les compétences nécessaires ?

Oui, absolument. Étant investie au sein de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires, j'ai participé à la création d'une formation post-Bac de niveau BTS, de CTETA (conducteur de travaux en entreprise de travaux agricoles). Sept structures en France sont habilitées pour l'obtention de ce diplôme, dont une en Isère, à la MFR de Mozas. En acquérant des compétences en matière d'économie, de gestion financière et commerciale, de gestion de chantier, cet apprentissage de 18 mois a pour objectif d’assurer le renouvellement des générations des entrepreneurs, et de permettre aux jeunes d’accéder aux métiers de chefs de chantier agricole ou d'assistant de gestion d'entreprise de travaux agricoles. Il peut être une étape avant la reprise ou la création d'une entreprise.

Et au niveau régional, nous réfléchissons actuellement à la mise en œuvre d'une formation de chauffeur de machines expérimenté dans les domaines de l'informatique et de l'électronique. Cela nous permettrait de former nos salariés au moment de l'embauche pour qu'ils soient tout de suite opérationnels.

Propos recueillis par Isabelle Brenguier