Méthanisation
Un méthaniseur totalement agricole

Morgane Poulet
-

Le 28 mars, le méthaniseur Vial Biométhane, à Saint-Quentin-Fallavier, a été inauguré.

Un méthaniseur totalement agricole
Vial Biométhane, à Saint-Quentin-Fallavier, a été inauguré le 28 mars.

Mis en route en septembre 2022, le méthaniseur Vial Biométhane, de Martial et Anthony Vial, a été inauguré par en présence d’élus le 28 mars. Il s’agit du premier méthaniseur « 100 % agricole » de la Capi : il est alimenté par des cultures prévues à cet effet.
 
Gaz renouvelable
 
Martial et Anthony Vial ont acheté la parcelle occupée par leur méthaniseur en 2016. Après avoir visité une vingtaine de sites de méthanisation en France mais également en Europe (en Allemagne et en Italie, entre autres), ils ont « rapidement compris que le digestat produit [les] accompagnerait dans [leur] conversion en bio », explique Martial Vial. Cette dernière a commencé en mai 2020, un mois avant le dépôt du permis de construire du méthaniseur. Perturbés par la crise sanitaire, les travaux n’ont quant à eux pu commencer qu’en mars 2021.
Le site de Vial Biométhane occupe 250 hectares et produit des céréales bio en Cultures intermédiaires à valeur énergétique (Cive). Aucune concurrence n’est ainsi créée avec l’alimentation, qu’elle soit humaine ou animale. L’objectif des agriculteurs est avant tout de « devenir acteurs du développement durable, commente Anthony Vial, de réduire les intrants présents dans l’exploitation et d’être une exploitation agricole parmi celles faisant partie du projet de transition agroécologique ». Quatre silos sont par ailleurs en capacité de stocker un an de Cive.
23 tonnes de matière sont ingérées chaque jour par deux digesteurs, ce qui permet de produire 24 000 kWh quotidiens pour fertiliser environ 400 hectares grâce au digestat. Et pour arriver à de tels résultats, l’équivalent de 300 hectares devra être ensilé chaque année. Le biométhane produit sera vendu à prix fixe pendant quinze ans.
 
Projet à valeur d’exemple
 
En termes de financements, la construction du méthaniseur aura coûté environ 5,5 millions d’euros. 190 000 euros ont été financés par l’Ademe, 200 000 par le Département et 412 460 par la Région. La famille Vial a souhaité travailler avec des entreprises locales, situées par exemple à Heyrieux, à Chambéry ou encore à Lyon. La seule exception faite a été le recours à une entreprise néerlandaise pour les murs des silos de stockage, « car nous n’avons pas trouvé les compétences recherchées plus près », précise Martial Vial.
Ce projet s’inscrit pleinement dans l’agriculture future soutenue par la Chambre d’agriculture de l’Isère. Son président, Jean-Claude Darlet, estiment que les deux agriculteurs « sont le devenir de l’agriculture car ils reviennent aux sols avec le digestat, qui est un produit noble, qui nourrit tout ce qui compose le sol ».
Et Véronique Pinet, de GRDF, rappelle que ce site apportera sa contribution à l’indépendant énergétique du pays. S’il y a douze ans, il n’y avait pas de méthaniseur en France, il y en a aujourd’hui 540 qui produisent l’équivalent de l’énergie créée par un réacteur nucléaire. A la fin de l’année 2025, il devrait y avoir en France l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires grâce aux méthaniseurs. D’ici là, peut-être que pourraient être produits 10 % de l’énergie nécessaire dans le département isérois. Et 100 % du gaz renouvelable consommé en France pourrait être produit par des structures vertes, comme les méthaniseurs, d’ici 2050.

Morgane Poulet