APICULTURE
Des réserves très limitées pour les abeilles

La canicule et les fortes chaleurs de ces dernières semaines sur la région Auvergne-Rhône-Alpes impactent forcément l’activité des abeilles dans les ruches.

Des réserves très limitées pour les abeilles
Avec les fortes chaleurs, l’activité des reines fonctionne au ralenti. ©DR

« Les abeilles ont très chaud et la végétation étant en stress hydrique elles sont sous-alimentées en eau, les plantes et arbres mellifères ne diffusant plus de nectar », alerte Claude Delaire, président de L’Abeille Dauphinoise, syndicat d’apiculture de l’Isère. Le pollen continue quant à lui de rentrer dans les ruches, à faible dose toutefois, conséquence de fleurs desséchées par les températures excessives de ces dernières semaines. Si très peu de déclarations de mortalités ont été relevées ces dernières semaines en région Auvergne-Rhône-Alpes, l’activité des reines fonctionne parfois au ralenti. « Nous constatons des arrêts de ponte », rajoute Claude Delaire. « Les reines pondent uniquement s’il y a une rentrée de pollen et de nectar dans les ruches », rappelle Marion Guinemer, technicienne Abeille et environnement à l’association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes (ADA Aura).
L’insuffisance de la ressource en eau est un sujet crucial auquel ne manque pas de réagir Michel Coillard, apiculteur à Domsure (Ain) et représentant de la filière auprès de la FDSEA de l’Ain et de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes : « L’abreuvage des colonies, bien qu’indispensable, pose de plus en plus de conflits de voisinage. Les abeilles vont boire dans les piscines ou autour des maisons, au grand malheur des riverains ! Il faudrait vraiment travailler sur une charte au sein des communes rurales pour que les habitants acceptent définitivement les nuisances de la campagne… ».

Une surveillance accrue

Pour protéger ses ruches et préserver ses quatre-cents colonies, Florian Bompard, apiculteur à Roussas (Drôme), a sélectionné tous ses emplacements à l’ombre et à proximité de cours d’eau. « Dans le sud de la Drôme, nous sommes habitués à avoir des épisodes assez secs. Il faut donc s’adapter régulièrement », prévient-il. En cas de fortes chaleurs, les abeilles ventilent les ruches en battant des ailes pour maintenir une température acceptable (environ 37 °C) et sauver la reine. « Il est nécessaire que les apiculteurs surveillent leurs colonisations et complètent avec un apport de sirop de fructose voire de pâtes protéinées si besoin », insiste Claude Delaire. « Nous devrons être vigilants sur les prochaines semaines. Les colonies auront besoin de constituer des réserves pour éviter des carences et passer l’hiver… », complète Marion Guinemer. Face à cette situation, plus tout à fait inédite, l’ADA Aura travaille sur les effets du changement climatique. « Les apiculteurs sont très inquiets du devenir des abeilles », souligne-t-elle.

Amandine Priolet