ALÉAS CLIMATIQUES
Sécheresse : la profession tire la sonnette d'alarme

Alors que la réforme de la politique de gestion des risques est encore en discussion et que la sécheresse sévit un peu partout, la profession agricole invite le gouvernement à mettre les curseurs au bon endroit, faute de condamner notre souveraineté alimentaire.

Sécheresse : la profession tire la sonnette d'alarme
Guillaume Redon, éleveur ovin en Haute-Loire, explique nourrir son troupeau au râtelier ou en bâtiment depuis le 25 juillet. ©DR

La multiplicité des aléas climatiques, leur fréquence, leur sévérité et leur généralisation menacent les systèmes agricoles. Les sécheresses à répétition qui ont encore une fois entamé les rendements des récoltes 2022 dans tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes rendent urgente la réforme de la politique de gestion des risques. Alors que le gouvernement élabore actuellement les textes d’application de cette réforme, la FRSEA, Jeunes agriculture et la chambre d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes détaillent, dans un communiqué de presse du 26 juillet, les points essentiels pour garantir son efficacité : « une activation de la solidarité nationale qui couvre la totalité de la perte dès que les seuils sont atteints, un seuil d’accès au fonds de solidarité nationale avec 30 % pour l’herbe et l’arboriculture et 50 % pour les autres cultures, une application complète du règlement européen Omnibus (70 % de subvention dès 20 % de franchise pour un contrat à la nature de culture) pour toutes les productions ». Enfin, pour la profession, « pas de développement de l’assurance sans changement de la règle actuelle de la moyenne olympique qui rend l’assurance progressivement inefficiente ».

L’agriculture doit être prioritaire pour l’accès à l’eau

Alors que la situation hydrique est plus que préoccupante dans bien des territoires, la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes milite pour la seule réponse qui vaille : « stocker de l’eau quand elle est disponible et l’utiliser pour assurer l’alimentation de nos concitoyens. L’agriculture doit être prioritaire pour l’accès à l’eau. Sa fonction nourricière est à ce prix ». En l’absence de précipitations significatives, la situation se tend partout. « La sécheresse qui s’accentue ne permet plus aux éleveurs de couvrir les besoins des animaux en fourrage et entraîne des difficultés pour l’abreuvement. Quand les éleveurs doivent acheter du fourrage pour alimenter leurs troupeaux, de plus en plus font le choix de vendre leurs bêtes. En production végétale, la sécheresse présente et les restrictions d’irrigation ne permettent pas de mener les cultures dans de bonnes conditions pour avoir de la production en qualité et quantité », décrivent les organisations agricoles. En Haute-Loire presque tout le département est désormais en alerte renforcée, soit le troisième niveau d'alerte sur quatre. « Le déficit pluviométrique dépasse les 50 % pour ce mois de juillet », indique la préfecture de Haute-Loire dans son dernier communiqué. Sur le terrain, Guillaume Redon, éleveur ovin du côté de Saugues, explique nourrir son troupeau au râtelier ou en bâtiment depuis le 25 juillet. Dans la Drôme, presque tout le département est passé en niveau de « crise », excepté le bassin situé le plus au Nord, celui de Valloire qui reste en alerte renforcée. Même situation dans la Loire, où alors que le département avait déjà été placé en état d'alerte à la fin du mois de juin, la préfecture a pris le lundi 25 juillet de nouvelles mesures de restrictions sur l'usage de l'eau. En Ardèche, la préfecture a placé le Nord Ardèche, en crise, lundi 25 juillet. En Isère, les territoires de montagne (les bassins-versants) sont en état de crise, leur état d'alerte a été relevé au niveau maximal. C'est le cas du Vercors, de la Chartreuse-Guiers, de Belledonne, de l'Oisans-Bonne et aussi en Trièves-Matheysine. C'est aussi le cas des trois communes situées sur le bassin-versant de la Galaure et de la Drôme des Collines, placées en niveau 4 sur 4 de crise pour les eaux superficielles (et niveau 3 sur 4 pour les eaux souterraines). La préfecture de Haute-Savoie a également placé le secteur du Chéran en niveau de crise. Du jamais vu dans ce secteur. Le reste de la Haute-Savoie reste au niveau d’alerte renforcée, à l’exception de l’Arve amont, qui reste au niveau alerte. En Savoie, depuis le 5 juillet, 60 communes dont les 41 communes du territoire de la Communauté de communes Cœur de Savoie, ont été placées en situation d’alerte renforcée. 91 des 101 départements français ont d’ores et déjà pris des mesures de restrictions d’usage de l’eau par arrêté préfectoral. Pour Météo France, ce mois de juillet « sera très probablement le plus sec jamais enregistré depuis 1958 ». Une situation qui rend le stockage de l’eau essentiel.

Sophie Chatenet

Vigilance, alerte, crise… Quelles conséquences ?

Vigilance (niveau 1) : les particuliers et professionnels concernés par un département en vigilance sont invités à faire des économies d'eau.

Alerte (niveau 2) : ce niveau implique la réduction des prélèvements à des fins agricoles, l'interdiction de manœuvre de vanne et d'activités nautiques. Pour les particuliers, laver sa voiture ou arroser son jardin et les espaces verts sont interdits entre 11 heures et 18 heures.

Alerte renforcée (niveau 3) : ce deuxième niveau conserve la réduction des prélèvements à des fins agricoles, l'interdiction de manœuvre de vanne et d'activités nautiques. Le lavage des voitures, l'arrosage des jardins, des espaces verts et des golfs sont très limités ou même interdits.

Crise (niveau 4) : ce dernier niveau prévoit l'arrêt des prélèvements non prioritaires. Seuls les prélèvements concernant la santé, la sécurité civile, l'eau potable et la salubrité sont autorisés. Concrètement, les particuliers ont interdiction d'arroser leur jardin entre 8 et 20 heures, de remplir leur piscine, de nettoyer leur véhicule, les façades, les murs, les toits et les terrasses ou de mettre à niveau un plan d'eau.