Fruits à pépins
Premier bilan de récolte de la production iséroise 2022
Les arboriculteurs font état d’un bilan de récolte de pommes mitigé. Si les variétés précoces ont été affectées par la chaleur et la sécheresse, puis par la pluie, les autres affichent une tendance plus favorable. Le bilan est correct pour les poires.
La majorité des variétés de pommes ayant été récoltées, il devient possible de réaliser un premier bilan de récolte. De l’avis des producteurs et des metteurs en marché, il fluctue d’une variété à une autre.
Les précoces, notamment gala, ont souffert des conditions climatiques, des fortes chaleurs et des pluies tombées fin août.
« Pas suffisamment mûrs pour être ramassés, les fruits ont éclaté sur les arbres, occasionnant environ 30 % de perte », explique ainsi Philippe Fiard, producteur au Bouchage.
Comme lui de nombreux autres producteurs isérois ont vu leur production affectée. Et comme les fruits récoltés ont eu du mal à se conserver, une partie importante est partie directement à l’industrie. « Mais les autres variétés, moins précoces, ont moins souffert et ont même tiré bénéfice de ces pluies de fin d’été », nuance Serge Figuet, de la société Coccinelle à Ville-sous-Anjou.
Cyril Brunet-Manquat, producteur installé au Cheylas, dans le Grésivaudan, considère en effet que sa récolte de pommes tardive est « jolie », à l’inverse des précoces pour lesquelles il a reconnu « manquer de volume et avoir beaucoup de sous-calibres et de second choix ». Comme Philippe Fiard, qui estime que « les variétés ramassées après le début du mois de septembre, sont juteuses, fermes et croquantes, et présentent un taux de sucre nettement supérieur aux autres années ».
A cause des problèmes de conservation des variétés précoces, le marché a connu un début de campagne difficile en termes de prix. Serge Figuet indique que le marché souffre de la concurrence de l’Italie et des pays d’Europe de l’est. Jean-Michel Chanas, directeur commercial chez Métral fruits, entreprise spécialisée dans le conditionnement et la mise en marché de fruits implantée à Chanas, souligne aussi actuellement une « petite consommation » de pommes. Il espère une deuxième partie de campagne plus favorable après les fêtes.
Pour les agriculteurs qui commercialisent en direct, le bilan des ventes est plutôt mitigé. Elles se passent bien pour Cyril Brunet-Manquat dans son exploitation et au sein du magasin de producteur « A la ferme » au sein duquel il est associé. Mais elles sont plus difficiles pour Philippe Fiard, qui estime que le panier moyen de ses clients est inférieur à d’habitude, à cause de la baisse de pouvoir d’achat.
Récolte « normale »
S’agissant des poires, l’arboriculteur du Cheylas voyait ses arbres très chargés. La récolte fut moindre qu’attendue, mais ce qui a été ramassé était de très bonne qualité. « Nous avons eu de beaux calibres et une belle couleur de fruits », précise ainsi l’agriculteur.
Producteur bio installé à Bougé-Chambalud, Claude Vaudaine fait état d’une récolte « normale ». Quant à Philippe Fiard, il considère avoir fait « une belle saison, avec de beaux fruits ». Les volumes étaient moindres que d’habitude, mais comme il n’avait rien eu l’an passé, il se dit content.
Production coûteuse
Cyril Brunet-Manquat qualifie son bilan de campagne de fruits à pépins de « mitigé ». N’ayant pas eu de récolte l’année dernière à cause du gel, il pensait que celle-ci serait bien meilleure. Pour lui donner toutes ses chances, il a renoncé à irriguer ses céréales, au profit des fruits.
Cela a bien aidé, mais cela a aussi été très coûteux. La question des coûts de l’énergie a aussi été abordée par Philippe Fiard. « Les hausses de prix annoncées nous inquiètent énormément. L’impact qu’elles auront sur nos coûts de stockage sera certainement très important », assure-t-il.
Isabelle Brenguier