Énergie
Yéli, atout vert et local signé GEG

Marianne Boilève
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En lançant une offre énergétique territoriale, l’opérateur historique grenoblois cherche à se positionner comme acteur-clé de la transition énergétique en Auvergne-Rhône-Alpes.

Les consommateurs, les plus jeunes notamment, sont de plus en plus attentifs aux circuits courts. Cet attrait pour le local ne concerne pas uniquement les fraises et les salades : il s’applique à tous les biens de consommation, y compris l’énergie. Les porteurs de projets photovoltaïques ou de méthanisation sont d’ailleurs les premiers à avancer l’argument du local pour populariser leur démarche. D’où le succès – modeste certes, mais réel – d’initiatives comme les centrales villageoises en Isère : il s’en est développé huit depuis l’installation de la première dans le Vercors en 2014. En janvier dernier, GEG, acteur énergétique historique du bassin grenoblois, s’est engagé à son tour en lançant une offre territoriale d’énergie « verte ».

Offre « Circuit Court »

Baptisé Yéli, ce nouveau contrat permet à l’usager de choisir la part d’énergie renouvelable qu’il souhaite dans son abonnement (de 25 à 100% pour l’électricité et de 0 à 100% pour le gaz). Il peut également soutenir un site de production particulier avec l’offre "Circuit Court". « L’abonné consomme ; nous, on produit : pour 100 kilowattheures consommés par le client, nous nous engageons à produire 100 sur le site qu’il a sélectionné et à l’injecter dans le réseau », explique José-Luis Lacasia, directeur commercial de GEG.

Mix énergétique

Pour l’heure, les abonnés "Circuit Court" ont le choix entre les centrales de Fredet-Bergès en Isère, de Montsapey en Savoie ou de Deluz dans le Doubs. Ce qui ne signifie pas que l’énergie qu’ils auront consommée aura été produite par « leur » centrale. « Physiquement, c’est impossible, convient José-Luis Lacasia. Car aujourd’hui, quel que soit le contrat, l’abonné reçoit une énergie électrique composée de 40% de nucléaire, de 29% de pétrole, de 15% de gaz naturel, de 12% d’énergie renouvelable et de 3% de charbon. Chez GEG nous ne produisons que 15 à 20% de ce que nous fournissons : il faut acheter le reste. »

Local et renouvelable

Malgré la quarantaine de sites de production d’énergie renouvelable dont il dispose en France, l’opérateur doit acheter 150 millions d’euros d’énergie par an. Tout en s’efforçant d’être le plus vertueux possible. Dans le cadre d’un contrat Yéli, il s’engage donc, pour chaque kilowattheure consommé, à racheter l’équivalent d’énergie verte produite en Rhône-Alpes. « On peut faire l’analogie avec les fruits et les légumes bio, précise Emmanuel Mauss, responsable des achats chez GEG. On peut être convaincu par le bio et acheter des fraises bio espagnoles, ou opter pour le local. Nous, nous sommes engagés pour l’énergie renouvelable et locale. »

Plus vert, mais plus cher

Un discours très tendance qui surfe sur l’engouement pour l’électricité verte : en septembre 2020, une enquête commandée par Baromètre énergie révèle que sept foyers français sur dix y sont favorables. C’est aussi une réalité de terrain : en six mois, Yéli a convaincu un peu plus de mille foyers, dont 77% sont basés en Rhône-Alpes (70% résident dans les communes limitrophes de Grenoble), mais aussi à Toulouse, en région parisienne ou dans les Hauts-de-France. « Notre offre parle surtout aux jeunes générations, souligne le directeur commercial de GEG. 65% de nos nouveaux clients ont entre 20 et 40 ans. » Et si 10% d’entre eux se sont contentés de l’option "25% d’énergie verte", la grande majorité a souscrit des contrats entre 75 et 100%, « même si c’est plus cher », note José-Luis Lacasia : + 4% pour un contrat "50% d’énergie verte" et +10% pour un contrat "Circuit court".

Marianne Boilève

 

C’est produit près de chez vous !

C’est produit près de chez vous !

De la route, on ne devine rien. Ou presque. Pourtant, la centrale de Fredet-Bergès, à Villard-Bonnot, est l’une des onze unités de production hydroélectrique qui permet à GEG d’accélérer sa transition énergétique. A l’intérieur, une turbine géante, un alternateur et un transformateur, capables d’injecter 13 500 MWh par an dans le réseau, soit l’équivalent de la consommation de 2 840 foyers.

Puissance triplée

Installée sur le ruisseau de Laval, cette centrale remplace les trois unités historiques de Brignoud et de Bas-Laval (Loury). Construites entre 1875 et 1906 par les pionniers de la houille blanche - Alfred Fredet et Aristide Bergès -  les trois vieilles dames étaient devenues vétustes et trop difficiles à exploiter. Leur principe de fonctionnement - utiliser la puissance de l’eau pour produire de l’électricité – n’a pas pour autant pris la moindre ride. Il a juste été optimisé pour gagner en performance. Équipée d’une conduite forcée enterrée, la nouvelle centrale profite de la hauteur de chute du ruisseau de Laval (336 mètres) et d’un débit d’1 m³/s pour développer une puissance de 3,6 MW… contre 1,6 pour les trois précédentes réunies.

Crues et sorbets

Entièrement automatisée, la centrale de Fredet-Bergès est surveillée à distance par les techniciens de GEG qui sont alertés à la moindre anomalie. « Ce que nous craignons le plus, ce sont les sédiments charriés par le ruisseau avec les orages d’été, les feuilles à l’automne ou le "sorbet" l’hiver, explique Thierry Barbe, exploitant chez GEG. Si nous avons une crue importante par exemple, les sédiments risquent d’affluer et d’user l’installation. Le mois dernier, nous avons ainsi été obligés d’arrêter la machine et d’ouvrir les vannes, le temps de laisser passer la crue. » Aucune incidence sur la production d’énergie, assure GEG. Qui précise même que la centrale, depuis son installation en 2015, a fourni 30% d’électricité en plus que ce qui était prévu à l’origine.

MB