Tourisme
Les grottes de La Balme déconfinées

Malgré les pertes importantes dues à la crise sanitaire, les grottes de La Balme, en Nord-Isère, s’adaptent pour continuer à recevoir les visiteurs. Un site naturel remarquable, refuge de 23 espèces de chauves-souris.
Les grottes de La Balme déconfinées

Un bruit de battement d'ailes, qui s'engouffre dans la falaise à travers une cavité de 35 mètres de haut. Cette configuration rocheuse atypique est celle de l'entrée des grottes de La Balme, au cœur de l'espace naturel sensible Les coteaux de Saint-Roch, près des berges du Rhône en Nord-Isère. Le site, géré par la commune de La Balme-les-Grottes, a rouvert ses portes le 30 mai, avec un plan sanitaire strict et une galerie fermée temporairement. « Seules les visites libres ont repris, avec un parcours d'un kilomètre pour découvrir les trois galeries principales et le labyrinthe dans la roche », explique Alicia Gilbert, responsable d'exploitation.

Une cavité de 35 mètres de haut ainsi qu’une chapelle incrustée dans la pierre forment l’impressionnante entrée des grottes de La Balme.

Du patrimoine local en hauteur

Les grottes, ouvertes au public depuis le 19eme siècle, accueillent aujourd'hui 68 000 visiteurs par an, soit 45% de plus qu'en 2012. La température stable, entre 12 et 15 degrés toute l'année, permet au site d'être ouvert en permanence, à l'exception du mois janvier. Autre spécificité : pas de descente en souterrain mais 660 marches pour monter dans la roche. Là, on découvre un dôme de 40 mètres de haut, une fontaine, un lac souterrain ou encore un labyrinthe naturel emprunté par François 1er. 
En plus des groupes scolaires et des touristes, le site accueille de nombreux locaux, notamment en automne. « Les habitants du village sont très attachés au lieu », précise Alicia Gilbert. « Dans les années 60, la grotte faisait office de boîte de nuit locale. » Aujourd'hui, des fêtes et mariages y sont organisés. Toutefois, la directrice insiste : « Nous voulons faire prendre conscience aux gens que les grottes sont un espace naturel avant d'être un lieu de loisirs. »

Non loin de la salle réservée aux chauve-souris, des petits bassins, appelés gours, sont constitués d’un dépôt de calcite laissé par l’écoulement de l’eau.

Un tiers de pertes

La fermeture du site pendant deux mois a engendré une perte de 150 000 euros de chiffre d'affaires, soit presque un tiers du montant annuel. « Ce n'est pas tout : nous allons probablement perdre tous les groupes scolaires, soit une grosse partie de nos clients, jusqu'à décembre », déplore Alicia Gilbert.
Les six guides et le reste de l'équipe ont continué à toucher leur salaire pendant le confinement, en revanche le budget de fonctionnement est aujourd'hui réduit. « Nous ne faisons qu'acheter du gel et des masques. En un mois et demi, nous avons consommé plus de 30 litres de gel hydroalcoolique », décrit la responsable.

« Invités des chauves-souris »

Certaines ont néanmoins bien profité du confinement : les chauves-souris. Cette année, elles sont plus de 800 à séjourner dans les grottes, contre 200 de moins habituellement. Le site en abrite 23 espèces, petits rhinolophes et pipistrelles notamment. « Une galerie, fermée au public, leur est dédiée », indique Alicia Gilbert. « Nous sommes les invités des chauves-souris et non l'inverse. » Ces mammifères ont un rôle très important dans la régulation des insectes volants. Chaque année, des experts se rendent sur le site. Des études scientifiques sont toujours en cours pour percer les mystères des grottes, notamment sur l'origine de l'eau présente dans la rivière souterraine.

Coline Mollard