Stratégie
Le producteur de noix devenu paysan-savonnier

Producteurs de noix à Chatte, Nicolas et Catherine Iserable ont choisi de sécuriser leurs revenus en misant sur la fabrication d'huiles et de savons artisanaux bio commercialisés en circuit-court.
Le producteur de noix devenu paysan-savonnier

Dans la cour, le tracteur est en cours de préparation pour la récolte de lara destinée au marché belge. En cette matinée de début septembre, Nicolas Isérable, producteur de noix à Chatte et administrateur de la Senura, s'en détourne momentanément pour s'improviser guide touristique : il reçoit une vingtaine de représentants de l'Irfel, très intéressés par son parcours.

Valeur ajoutée

Le nuciculteur commence par brosser à grands traits les évolutions récentes de l'agriculture locale et les siennes propres. « Autrefois, comme beaucoup de fermes du coin, nous étions en polyculture-élevage et nous produisions du tabac, raconte-t-il. Mais le tabac a disparu et, avec les collègues, nous nous sommes axés sur la noix. Or qui dit monoculture, dit aussi mono-chiffre d'affaires. C'est comme ça, qu'avec mon épouse, nous avons réfléchi à un projet de diversification créateur de valeur ajoutée. »

Cultures oléagineuses

Conscients de la fragilité de l'exploitation, notamment du fait des aléas climatiques à répétition, Nicolas et Catherine Isérable ont d'abord imaginé de transformer leurs noix : « Trop fastidieux, avoue Nicolas. Je ne me voyais casser des cerneaux à longueur de journée. » L'agriculteur s'essaie alors à de nouvelles cultures, notamment oléagineuses, et décide de sauter le pas du bio. « Notre idée, c'était de produire des huiles bio pour fabriquer des savons à base d'huile végétales, différents des savons industriels à la graisse animale, souvent pleins de produits chimiques », explique Nicolas.

Paysan-savonnier

A côté de ses 30 hectares de noyers (irrigués et conduits en conventionnel), l'Earl Iserable cultive aujourd'hui 18 hectares d'oléagineux (chanvre, tournesol, cameline...) qui, avec les noisettes, donnent des « huiles saponifiables, riches en oméga 3 et 6 ». Pour la culture du chanvre, « nous utilisons la planteuse à tabac et pour le séchage, nous valorisons notre ancien séchoir », précise l'agriculteur devenu paysan-savonnier.

Pour les aider, notamment au développement commercial sur internet, les Iserable ont recruté un jeune formé à la MFR d'Anneyron (licence pro ABCD).

L'Earl a tout de même dû investir dans une presse à froid et tout le matériel de fabrication et de conditionnement des savons. « Ma partie, c'est de la graine à l'huile. Pour les savons, c'est ma femme. Elle s'est formée pour ça. Nous avons mis un an et demi pour préparer toute la gamme. » Une gamme composée d'huiles et de savons commercialisés depuis peu sous la marque Zenolea. Objectif affiché : glisser sur la vague du circuit-court et du bien-être au naturel. Y compris via le e-commerce.
MB