Nuciculture
Dégâts sur les noyers : arracher ou redresser ?

Pour aider les producteurs de noix à remettre en état leurs vergers après les aléas climatiques de l'an dernier, la chambre d'agriculture a organisé une journée technique fin décembre, assortie de travaux pratiques au cœur de la noyeraie de l'Earl de Juillet, à Saint-Romans.
Dégâts sur les noyers : arracher ou redresser ?

Si les vergers d'Yves et Florian Odier ont été épargnés par les tempêtes de juin et juillet derniers, les noyers ont subi d'importants dommages au cours de l'épisode neigeux de la mi-novembre. Outre les branches cassées et les arbres fendus en deux, près de 300 noyers sont tombés à terre, surtout parmi les lara, victimes d'une sorte d'effet domino : sur un hectare et demi, près de 90 arbres ont été arrachés. « Nous avons passé deux semaines à nettoyer le verger, en s'intercalant entre les pluies, raconte Florian Odier. Aujourd'hui, on commence à y voir plus clair. » Mais il reste encore beaucoup de travail et pas mal d'interrogations. Ghislain Bouvet, conseiller technique à la chambre d'agriculture de l'Isère, a passé en revue une partie du verger et livré quelques préconisations pratiques.

Cas n°1 : un noyer d'une quarantaine d'années à la silhouette déséquilibrée par la perte de quelques grosses branches brisées par le poids de la neige

Cas n°1
L'avis de l'expert : « Sur des arbres aussi gros, on peut se permettre de ne pas équilibrer : d'ici 7 à 8 ans, il va se remplir. Si vous voulez vraiment équilibrer, il faut prendre en considération le nombre d'arbres à rafraîchir et sortir avant le printemps. »

Cas n°2 : un noyer d'une trentaine d'années à terre 

Cas n°2

L'avis de l'expert : « Comme il n'y a pas trop de mal au niveau du système racinaire, cet arbre, avec dix ans de moins, je l'aurais redressé sans hésiter, car le sol est meuble et les racines ne sont pas abîmées. Là, il faut voir par rapport aux arbres autour, mais on peut tenter de redresser et haubaner. Mais avant de le relever, il faut le couronner en enlevant 80 à 90% de le frondaison en commençant par ce qui est en hauteur. Et bien sûr penser à le blanchir. »

Cas n°3 : un noyer assez jeune, penché, avec plusieurs branches brisées

Cas n°3  
L'avis de l'expert : « Vu que son système racinaire est entier, je le referme, je lui laisse ce qui est droit, je le redresse et le haubane en l'attachant à un arbre plus vieux, bien solide. Il est protégé par ses collègues. C'est le seul type d'arbre qu'on peut redresser complet. »

Cas n°4 : un jeune noyer à terre, déraciné

Cas n°4  
L'avis de l'expert : « A voir l'écorce, l'arbre n'est pas vieux, mais les racines sont à l'air : c'est foutu. Si on le redresse, mais il va repartir et à la prochaine avarie, il va retomber. »

Cas n°5 : un jeune noyer ouvert, les branches à terre

Cas n°5  
L'avis de l'expert : « Avec un arbre un peu plus vieux, ce serait risqué, mais là on peut essayer de le recéper et de l'attacher. Les bourgeons peuvent repartir, mais il ne faut pas oublier de l'épointer et de le tailler tout le temps. Honnêtement, je ne prendrais pas le risque, d'autant qu'il y a trois arbres alignés à terre : ça fait un trou de lumière dans le verger. Quand on fait ce travail, il ne faut pas oublier de penser le verger globalement. »

Cas n°6 : un jeune noyer complètement ouvert

Cas n°6  
L'avis de l'expert : « Il est jeune, mais il est foutu : il a fendu au point de faiblesse. »

Cas n°7 : un noyer fendu

Cas n°7  
L'avis de l'expert : « Rien à faire. S'il avait été plus jeune, on aurait pu essayer de le sangler pour qu'il reparte. »

Cas n°8 : un noyer assez jeune, tout cassé de l'intérieur

Cas n°8  
L'avis de l'expert : « C'est un arbre jeune, avec un bon système racinaire. On va le couronner long (2 mètres à 2 mètres 50) et il va se recharger de l'intérieur. Il aura déjà quelques fruits la saison prochaine. Durant les trois ou quatre saisons suivantes, on n'y touche pas pour éviter un déséquilibre entre les racines et les branches. Et dans quatre à cinq ans, on ne verra plus rien. Et bien sûr, on blanchit, mais on a jusqu'en juin pour le faire. »

Cas n°9 : un jeune noyer déraciné avec sa motte

Cas n°9  
L'avis de l'expert : « Là, on fait un redressage d'hiver : ça vaut le coup, car le système racinaire est bon. Mais d'abord on supprime tout ce qui fait du poids du côté où il est tombé. Ensuite on redresse, on met un piquet et des sangles. On va perdre un ou deux (gros) seaux de noix, c'est tout ! »

Reportage : Marianne Boilève
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