Elevage bio
Des poulettes bien rythmées

A l’initiative conjointe de la Chambre d’agriculture de l’Isère, de l’Adabio et de l’association Volailles fines du Dauphiné, une quinzaine d’éleveurs de volailles et de porteurs de projet se sont réunis au cours de l’automne dernier pour échanger sur l’élevage de poulettes prêtes à pondre conduit en agriculture biologique. 

Des poulettes bien rythmées
Visite de l'élevage de Marie-Anne Puffera, éleveuse à Saint-Martin-de-la-Cluze.

Marie-Anne Puffera, éleveuse à Saint-Martin-de-la-Cluze a accueilli une  rencontre entre éleveurs destinée à recueillir les expériences de chacun.
L'hôte s’est installée en 2020 en production de volailles de chair bio. Depuis janvier 2023, elle s’est lancée dans l’élevage de poulettes bio, pour répondre à une demande importante. 

Des premiers essais dans la ferme 

Dans ses essais, l’éleveuse est aidée d’une collègue Sylvie Pruvot, qui a été plusieurs années, productrice de poulettes. Pour cette dernière, « la poulette, c’est comme un bébé, il faut lui apprendre à manger, à boire et à dormir ».
L’organisation des repas, et des temps de repos semble primordiale pour ces apprentissages. Un programme lumineux est mis en place.
Chez Marie-Anne Puffera, jusqu’à 10 jours, les poulettes alternent 2 heures de nuit et 4 heures de jour, puis elles sont confrontées à une vraie alternance jour-nuit. Le temps de lumière baisse respectivement de 19h à l’âge de 10 jours, jusque 15h à celui de 35 jours, pour se stabiliser à 16h jusqu’à 17 semaines (ryhtme adapté en fonction de la saison et des cycles naturels).
En se concentrant sur l’alimentation pendant leur période de réveil, les volailles s’éduquent ainsi à manger.
Le fait qu’elles ne soient pas « à volonté » permet également de jauger s’il n’y a pas de refus.

Un gros travail sur l’alimentation

La qualité de l’alimentation influe fortement sur la croissance des animaux.
Une perte de croissance a été constatée pour un lot de poulettes qui consommait mal un aliment à la granulométrie inadaptée.
Les éleveurs souhaitent engager un travail avec leurs fournisseurs pour stabiliser un aliment poulette, utilisé entre les âges de 4 à 14 semaines.
Des pesées toutes les 2 semaines, et au moins une à l’âge de 35 jours, permettent de détecter et remédier à des anomalies de croissance. Elles sont l’occasion de faire un check up très rapide des animaux. 

A l’extérieur pendant un tiers de leur vie

Christel Nayet, conseillère en élevage biologique dans la Drôme, rappelle que la réglementation bio impose de sortir les poulettes durant au minimum un tiers de leur vie des poulettes, soit durant 6 semaines.
Chez Marie-Anne Puffera, l’accès à l’extérieur intervient autour de 8 semaines, en prenant en compte les conditions météos.
Quatre bâtiments mobiles provisoires de 20m², qui desservent chacun 2 parcours de 800m² sont alors utilisés, en attendant la construction d’un plus grand bâtiment.

Soigner le transfert des poulettes 

L’accueil de poulettes pour la ponte peut rester une phase délicate. Il faut les soigner en ayant une bonne connaissance des conditions de l’élevage précédent telles que l’accès à la lumière, la température, l’alimentation.
Les poulettes restent généralement 3 à 4 jours sans accès à l’extérieur pour s’habituer à leur nouvel espace.
Les comportements peuvent être variables, mais il semble opportun de déplacer les perchoirs si elles ne sont pas décidées à les utiliser.

Mieux maîtriser l’élevage de poulettes

La rencontre a été l’occasion d’échanger sur ces premières expériences.
Les échanges se poursuivent au sein de l’association Volailles Fines du Dauphiné et lors des formations ou rencontres techniques. Mais le sujet reste prospectif.
Des essais et suivis d’élevages vont être mis en place dans le cadre d’une étude orchestrée par l’Itab (Institut technique de l’agriculture biologique), en multiple partenariats (ITAVI -Institut technique de l’aviculture-, Fnab -Fédération nationale de l’agriculture biologique- et d’autres partenaires), pour mieux connaître les conditions de réussite de l’élevage de poulettes en agriculture biologique.

Catherine Venineaux, Chambre d’agriculture de l’Isère, Luna Terrier, Adabio