Mobilisations, élections chambres d’agriculture, crises sanitaires… En ce début d’année 2024, le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Joux, fait le tour de l’actualité.
Nous débutons 2025. Des engagements ont été pris par le gouvernement à la suite des mobilisations historiques que nous avons connues l’an dernier. Où en est-on ?
Michel Joux : « Depuis plus d’un an, maintenant, nous mettons la pression sur le gouvernement pour obtenir davantage de reconnaissance et de sérénité, de la simplification et l’amélioration de la vie des agriculteurs. Après les mobilisations qui se sont tenues en début d’année dernière, nous avons obtenu quelques mesures concernant notamment le gazole non-routier (GNR), l’entretien des fossés, des fonds d’urgence d’indemnisation concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE)… Le gouvernement nous a également fait des promesses qui doivent être tenues aujourd’hui. En effet, la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024, a tout mis en stand-by pendant plusieurs mois. Le gouvernement Barnier avait repris à son compte l’intégralité des promesses avant le vote de censure en décembre qui a, là encore, mis un coup d’arrêt à la concrétisation des engagements. Notre nouveau Premier ministre François Bayrou s’est à son tour engagé. Il faut maintenant espérer que le budget, dans lequel apparaissent plusieurs mesures fiscales et financières pour l’agriculture, ainsi que la proposition de loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur, proposée notamment par Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire, soient rapidement votés, car du fait de la non-responsabilité collective de certains, nous avons perdu plusieurs mois. J’espère que le bon sens des hommes politiques, s’il en reste, va permettre maintenant d’avancer vite. Si tout ce qui nous a été promis se concrétise enfin, il s’agira d’une évolution historique pour le monde agricole. »
Qu’en est-il des relations commerciales ?
M.J. : « Les trois premières lois Égalim que nous avons obtenues ces dernières années ont instauré des relations commerciales plus équilibrées. Toutefois, nous devons aller encore plus loin et obtenir davantage de transparence. C’est un travail de longue haleine. Nous restons tous persuadés que nous faisons un métier superbe dont nous voulons vivre et faire vivre notre famille. La rentabilité passe par la maîtrise de nos charges et un prix à la production qui soit indexé à nos coûts de production. »
La campagne des élections chambres d’agriculture a officiellement été lancée mardi 7 janvier. Quels en sont les enjeux ?
M.J. : « De ces élections aux chambres d’agriculture dépend la représentativité du monde agricole auprès des instances politiques nationales, régionales, départementales et locales. Les présidents des chambres d’agriculture et leur équipe, qui seront élus, deviendront les représentants du monde agricole pour six ans. Les chambres d’agriculture sont, en effet, des organismes semi-publics sur lesquels l’État et les collectivités s’appuient pour écrire leur politique d’accompagnement à l’agriculture. Il y a de véritables enjeux sur de nombreux sujets comme l’eau, le foncier… Les femmes et les hommes qui seront élus pour six ans porteront ainsi des projets structurants pour notre agriculture. »
Les crises sanitaires en élevage, mais également en cultures végétales, sont de plus en plus fréquentes ces dernières années. Comment y faire face ?
M.J. : « Au sein du réseau Jeunes agriculteurs-FNSEA, nous défendons depuis longtemps maintenant qu’il ne doit pas y avoir de restrictions sans solutions efficaces et économiquement viables. La recherche et le développement de solutions, d’alternatives doivent prévaloir. Nous ne voulons plus voir la disparition de molécules sans alternative qui met à mal toute une filière. Par ailleurs, la prévention des risques est également primordiale. Face aux maladies dans les élevages, la vaccination, notamment, permettra de protéger au mieux les troupeaux. Au sein des OPA, nous devons tout mettre en œuvre pour donner un coup de main aux agriculteurs pour qu’ils puissent s’adapter le mieux possible aux crises sanitaires, mais également face au changement climatique. En revanche, il est également primordial que l’État prenne ses responsabilités. »
Propos recueillis par Marie-Cécile Seigle-Buyat