Outil de proximité
L'abattoir de Grenoble en mode circuits courts

Aux abois en 2013, l'abattoir de Grenoble s'est sorti d'affaire en misant sur le local et en modernisant l'outil avec le soutien sans faille de la collectivité, réprésentée par le Symaa (Syndicat mixte Alpes abattage).
L'abattoir de Grenoble en mode circuits courts

Construit dans les années 70 pour assurer l'approvisionnement en viande de l'agglomération grenobloise, l'abattoir de Grenoble (Abag) s'affiche aujourd'hui comme « un service d'abattage aux acteurs locaux dans une logique de circuit court », selon Eric Rochas, son président, éleveur lui-même. Dans un contexte ultra-concurrentiel, le positionnement semble lui réussir : l'Abag s'en sort en traitant un peu plus de 2 000 tonnes équivalent carcasse chaque année. « On boucle les comptes en positif », confirme sobrement le responsable.

Nouvelles prestations

Ce n'était pas gagné. Suite à une procédure de redressement judiciaire, l'abattoir de Grenoble, propriété du Symaa (1), a été repris en janvier 2013 par un comité d'usagers. Organisé en SCIC, le collectif s'est attaché à redresser la barre en rationalisant l'outil et en proposant de nouvelles prestations comme le ramassage des animaux, la découpe des ovins et des porcins, la saucisserie ou la fabrication de steaks hachés assaisonnés sous-vide.

Plus de 3 millions d'euros ont été investis par le Symaa pour la rénovation de l'abattoir.L'Abag a réalisé de nombreuses améliorations, y compris dans la bouverie et l'amenée des animaux qui prennent en compte du bien-être animal.

Dans le même temps, le Symaa a investi plus de 3 millions d'euros dans des travaux de mise en conformité et de modernisation. Adaptations, amélioration de la bouverie et de l'amenée des animaux avec la prise en compte du bien-être animal, rénovation des locaux, redimensionnement des ateliers de découpe et de conditionnement : tout a été fait pour répondre au mieux à la demande des clients locaux.

Traçabilité

D'ici le printemps, la mise en service de la nouvelle salle de découpe et d'un nouveau système de production de froid vont encore accroître l'efficacité de l'outil. « Alors que l'ancienne salle de découpe était à 150 mètres des frigos, la nouvelle n'est plus qu'à 20 mètres, explique le président de l'abattoir. Ça va nous permettre d'être plus performants, notamment sur les quantités et la traçabilité. » Un saut qualitatif d'une importance stratégique pour un abattoir de proximité qui a vu son chiffre d'affaires lié à la découpe « doubler, voire tripler ces dernières années », selon Eric Rochas.

En septembre 2019, l'Abag a organisé une journée portes ouvertes pour faire visiter l'outil aux professionnels.

Et ce n'est sans doute pas fini. A l'heure où le monde de l'élevage se voit confronté à des perspectives plutôt moroses, l'Abag se montre serein. Bénéficiant d'un soutien sans faille de la collectivité depuis 2013, l'Abag vient en effet de se voir renouveler sa délégation de service public (DSP) pour 10 ans, ce qui lui offre une belle visibilité. « La nouvelle DSP nous confie la partie abattage et découpe et délègue au Pôle agroalimentaire de l'Isère le soin de développer de nouvelles activités, explique le responsable professionnel. L'objectif, à terme, c'est d'utiliser 100% des surfaces de l'abattoir et de mutualiser les moyens. » Plusieurs projets d'installation sont d'ores et déjà dans les tuyaux, notamment un atelier de fabrication d'aliments pour animaux et un labo de transformation porté par un collectif d'éleveurs.

Marianne Boilève

(1) Le Symaa (Syndicat mixte Alpes abattage) est constitué du Département de l'Isère (51%), de Grenoble Alpes Métropole (46,1%) et des communautés de communes du Grésivaudan (2,5%), du massif du Vercors (0,3%) et du Pays voironnais (0,1%).

 

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