INTERVIEW
Gilbert Guignand : « L’accompagnement des agriculteurs nécessite des moyens »

Le 28 septembre dernier s’est tenue la session de la chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. Retour avec son président, Gilbert Guignand, sur les sujets d’actualité et le rôle stratégique joué par les chambres d’agriculture en matière de conseil.

Gilbert Guignand : « L’accompagnement des agriculteurs nécessite des moyens »
Gilbert Guignand, président de la chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. ©APCA

Lors de la dernière session de la chambre régionale d’agriculture, les discussions ont beaucoup tourné autour du Varenne de l’eau. Quel en est l’enjeu pour l’agriculture régionale ?

Gilbert Guignand : "Le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique vise à identifier, avec l’ensemble des parties-prenantes, des solutions concrètes et établir une feuille de route opérationnelle. Les chambres d’agriculture sont mobilisées pour réaliser, à l’échelle de chaque région, un diagnostic de territoire permettant de visualiser les effets du changement climatique à partir d’un état des lieux de l’existant. A la suite de ces diagnostics, des plans d’adaptation régionaux seront lancés en 2022 pour accompagner les agriculteurs en fonction de leurs besoins. A ce stade, Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions qui a le plus avancé dans son diagnostic régional. Grâce à des travaux tels que AP3C, nous disposons de données pertinentes et étayées qui nous permettront d’être force de proposition. Pour avancer, nous aurons besoin que l’ensemble des instances impliquées œuvrent dans la même direction. Dans ce cadre, nous souhaitons que l’agence de l’eau Loire-Bretagne se positionne en véritable partenaire de l’agriculture. L’adaptation des SDAGE est impérative, et nous travaillerons de concert avec la Région pour les faire évoluer."

Concernant justement la Région, qu’attendez-vous d’elle en qualité d’autorité de gestion du second pilier de la PAC ?

G.G. : "Nous sommes résolument dans une volonté de co-construction. Sur la forme, la Région plaide pour la simplification administrative et nous allons y travailler avec elle. Sur le fond, des propositions en matière d’installation, d’investissement, de MAE forfaitaire sont sur la table. Nous souhaitons un maintien du niveau des aides à l’installation, qui portent aujourd’hui leur fruit puisqu’Auvergne-Rhône-Alpes est la région française où l’on installe le plus. Sur l’investissement, pour ne parler que du PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles), là aussi, son effet levier est réel. Les deux programmes menés en Auvergne et en Rhône-Alpes ont répondu aux attentes de la profession. Nous souhaitons que cela continue, notamment pour conforter la nécessaire modernisation des outils d’élevage."

Le président de Région, Laurent Wauquiez, a annoncé vouloir prolonger d’un an les plans de filières avec l’ambition de les renouveler en 2022…

G.G. : "Effectivement, les dix-sept plans de filière vont être prolongés d’un an. La nouvelle génération de ces plans devrait être prête pour début 2022. Nous comptons sur la région pour les doter de la même enveloppe financière. Ces plans de filière devront toutefois intégrer la dimension du changement climatique (gestion de l’irrigation, filet paragrêle…). Cela va donner lieu à des discussions filière par filière, sachant que certaines comme les filières végétales ont d’ores et déjà pris en compte cet impératif."

La venue du ministre de l’Agriculture au Sommet de l’élevage sera l’occasion de l’interroger sur les perspectives financières pour les chambres d’agriculture…

G.G. : "Les ressources des chambres prévues dans le projet de finances pour 2022 sont stables. Mais, alors que nous avons entamé la mise en œuvre de notre plan stratégique pour 2025, nous sommes inquiets car nous n’avons pour l’heure aucune perspective sur les deux ou trois ans à venir. Il serait très dommageable qu’on nous impose le même schéma que celui des chambres de commerce et d’industrie. Il y a deux ans, nous avons obtenu gain de cause face à la tentative de baisse de la TFNB (taxe sur le foncier non bâti), qui constitue entre 30 et 60 % des ressources financières des chambres d’agriculture. Aujourd’hui, nous attendons des garanties formelles de l’Etat. L’accompagnement des agriculteurs face aux nouveaux enjeux de production, d’adaptation au changement climatique, de réponse aux attentes sociétales nécessite de disposer de moyens suffisants pour le mener à bien."

Propos recueillis par Sophie Chatenet