Edito
Rien ne va plus

Dans un éditorial, le président de la FDSEA de l’Isère, Jérôme Crozat, alerte sur la flambée des prix et ses conséquences. Il invite ses sympathisants à participer au congrès du 18 mars à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs.

Rien ne va plus
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l'Isère

Il y a eu le covid, maintenant il y a la guerre en Ukraine. Tous ces aléas n’empêchent pas les agriculteurs de travailler, mais dans quelles conditions ? 

L’ensemble des cours de l’énergie explose. A la FDSEA, nous organisons des achats groupés et négociés de carburant. Nous avions conclu la dernière commande la semaine passée avec un GNR entre 1,2 et 1,33 euro le litre. Cinq jours plus tard, les fournisseurs révisent leur prix et nous annoncent 1,65 euro. C’est un euro de plus par litre qu’il y a seulement deux ans !

Les conséquences vont être dantesques : une exploitation utilise couramment 20 à 30 000 litres de gasoil par an. Elle a souvent recours à du battage ou des prestations pour l’ensilage. Autant de coût en plus pour toutes ces entreprises de travaux agricoles. 

Le tourteau coûtait 350 euros la tonne il y a 2 ans. Aujourd’hui c’est 700 euros la même tonne. 

L’un dans l’autre, une exploitation moyenne va constater 90 000 euros de surcoût, c’est-à-dire l’équivalent de son excédent brut d’exploitation (EBE). On va finir par nous expliquer qu’il faut que nous continuions à travailler tout en mettant la main à la poche pour financer cette activité ! 

Je dis stop !

Et j’invite tous les sympathisants de la FDSEA à venir à notre congrès, la semaine prochaine, le 18 mars, à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs. 

La partie publique, après 11 heures, est ouverte à tous ceux qui se sentent concernés par la mise en œuvre de la loi Egalim. Car les enjeux de ce dossier-là, nous les traitons depuis trois ans. Nous voyons une avancée, mais il nous faut transformer l’essai. 

Nous constatons dans la viande un soupçon d’augmentation, mais c’est une filière où les prix se tendent. 

Pour la production laitière, les prix du lait spot et du beurre poudre sont très élevés en raison de la conjoncture. Il n’ y a rien de rassurant en la matière. Les industriels savent que les éleveurs ne changent pas de laiterie en un claquement de doigts. Chacun d’eux est coincé. L’exemple de Danone est significatif : l’entreprise, après avoir supprimé en quatre ans, 40 millions de litres de lait produits dans notre département, plutôt que de détendre les volumes et redonner des perspectives aux éleveurs isérois va les chercher chez nos voisins de l’Ain. 

Les industriels peuvent toujours nous expliquer vainement que le lait produit aux quatre coins du monde reste vert, ils n’osent surtout pas s’avouer à eux-mêmes que leur modèle ne correspond plus aux attentes du consommateur. Ni en qualité environnementale, ni en termes de sécurité alimentaire. Ce sont dorénavant des critères essentiels. 

Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère