BOVINS
Interbev replace l’engraissement au cœur des débats

Interbev Aura a tenu son assemblée générale à la Tour-de-Salvagny (Rhône), jeudi 31 mars. Dans un contexte de conjoncture plus que tendu pour les éleveurs, l’interprofession régionale bétail viande a tenu à mettre l’accent sur l’importance de l’accompagnement à l’engraissement. Une manière de soutenir l’élevage et d’éviter que le phénomène de décapitalisation s’amplifie.

Interbev replace l’engraissement au cœur des débats
Annick Jentzer, responsable nationale de la section bovine d’Interbev. ©Alison Pelotier

À l’occasion de son assemblée générale, après avoir approuvé les comptes de l’année 2021 avec un résultat d’exploitation déficitaire à - 45 211 €, le choix a été fait « de le reporter sur celui de 2020 (ndlr, 273 508 €), obtenant donc un résultat pour l’année écoulée de 228 296 € », précise Romain Kjan, son directeur.

La décapitalisation continue

Dans un contexte national de flambée des coûts des matières premières marqué par une décapitalisation forte du cheptel bovin lait et viande ainsi que la hausse des cours de la viande, l’interprofession régionale constate une baisse de production de 5 000 tonnes de viande bovine finie entre 2017 et 2021 sur la région avec une perte de 51 000 têtes de vaches allaitantes avec, malgré tout, des abattages bovins à la hausse (+ 10 000 tonnes). Des chiffres appuyés par Annick Jentzer, responsable nationale de la section bovine d’Interbev qui pose le décor : « La décapitalisation s’accélère. Depuis 2017, la France a perdu 330 000 vaches allaitantes (- 7,8 %) et 270 000 vaches laitières (- 7,3 %). Entre 1 500 et 1 800 nouveaux éleveurs de plus de vingt vaches allaitantes s’installent chaque année mais ces installations ne compensent que 83 % des départs. » D’après les projections de l’Idele, la France perdrait 14 % des éleveurs de plus de vingt vaches allaitantes d’ici 2030, soit 16 % du cheptel et l’équivalent de 600 000 vaches.

Une aide à l’engraissement à rétablir

Très attendue des éleveurs en région, l’aide à l’engraissement d’un montant de 455 000 € par an prévue dans l’actuel plan de filière régional bovin viande, a été divisée par deux en 2022. Pour l’année en cours, une enveloppe de 227 500 € est destinée à délivrer un appui technique aux éleveurs. L’autre moitié de l’enveloppe, de la même somme, a désormais vocation à les accompagner dans l’investissement à la contention. Christophe Jardoux, éleveur naisseur engraisseur en polyculture élevage dans l’Allier, a pu bénéficier du fonds régional engraissement pendant six ans. « C’est un accompagnement non négligeable qui permet d’éviter que ce soient les maillons de la production et de la mise en marché qui prennent tous les risques », témoigne-t-il. « Quand il y a moins de vaches à abattre, il y a moins d’outils et moins de gens pour travailler aussi. C’est mathématique ! Il faut bien penser que l’on n’est pas dans la seule logique de trouver des places supplémentaires mais surtout de les maintenir. Même si ce n’est pas que l’action de la Région qui va aider à changer les choses, elle y participe grandement », ajoute l’éleveur.

Baisse de l’aide couplée bovine

Venue apporter un éclairage sur la refonte des aides couplées bovines instaurées dans la nouvelle Pac 2023-2027, Léa Geneix, cheffe de service au Sidam Copamac, a donné quelques informations clés : « Avec l’aide à la vache allaitante qui passe à une aide à l’unité de gros bétail (UGB), la volonté n’est plus d’inciter les vêlages mais de mettre plus ou moins l’accent sur l’engraissement selon les systèmes d’exploitation. Le budget de la Pac, en baisse de 2 %, impacte dès le départ toutes les aides du premier pilier mais il y a quand même une victoire : le maintien de 15 % d’aides couplées qui concernent aussi bien les filières animales que végétales », explique-t-elle. Si l’aide couplée bovine détient la part la plus importante de l’enveloppe, elle devrait la voir diminuer au profit des aides aux protéines végétales qui bénéficieront de 2,3 % de celle-ci en 2023 pour atteindre 3,5 % en fin de programmation. Une stratégie qui répond à la volonté du ministère de l’Agriculture de doubler la surface en protéines végétales pour arriver à 8 % de la SAU nationale. Dans ce contexte, Interbev Aura souhaite continuer à travailler sur des schémas nouveaux de contractualisation en jeune bovin, notamment en label rouge. Et Romain Kjan de conclure : « Augmenter les parts d’approvisionnement en RHD doit continuer à faire partie de la stratégie de l’interprofession dans le même objectif que celui défini par le plan de filière bovine nationale en 2017. »

Alison Pelotier