Calamités agricoles
Les arbres fruitiers du pays voironnais touchés par le gel d'avril

Isabelle Brenguier
-

Pour parfaire le périmètre dans lequel sera déclenchée la procédure des calamités agricoles, une deuxième mission d’enquête a eu lieu dans le Voironnais et le sud-Grésivaudan.

Les arbres fruitiers du pays voironnais touchés par le gel d'avril
L’épisode de gel survenu au début du mois d’avril a été sévère dans différents secteurs du département, notamment dans le Pays Voironnais, chez Luc Tirard-Gatel, à Charnècles.

L’épisode de gel survenu au début du mois d’avril a été sévère dans différents secteurs du département. Pour affiner le périmètre concerné par le dispositif des calamités agricoles, une deuxième visite d’expertise s’est rendue dans quatre exploitations du Pays voironnais et une du sud-Grésivaudan, le 30 avril.

« 100 % de pertes »

La visite a commencé chez Luc Tirard-Gatel, installé en arboriculture et en maraîchage biologiques, à Charnècles. En cette année où il fête ses dix ans de maraîchage, le gel n’a pas ménagé ses 200 pieds de courgettes, pourtant plantées sous serres et protégées par un voile P17. « Ils ont été grillés et sont devenus noirs. Nous avons dû les arracher et en replanter d’autres très rapidement pour ne pas perdre de temps et répondre aux attentes de nos clients impatients d’en avoir », explique Luc Tirard-Gatel. Ses arbres fruitiers ont aussi été très durement touchés. Il estime à 80 ou 90 % la perte sur ses cerisiers et entre 70 et 80 % sur ses pêchers, selon les variétés et le stade d’avancement de la fleur au moment du gel. En parcourant ses parcelles d’abricotiers, il ne peut que constater qu’« il ne reste pas grand-chose. C’est brûlé. Au moment de la floraison, c’était très beau, mais là, il ne reste que quelques abricots qui se courent après. Sur certaines variétés, sur des arbres de quatre ou cinq ans, il ne reste même rien du tout », se désole-t-il.

Chez sa voisine, Marjolaine Roybon-Lopez, installée au sein des « Vergers de Vernette », les pertes sur ses fraises, ses cerisiers et ses groseilliers sont également importantes.

A Vourey, Pierre-Emmanuel Roybon de la « Ferme du May » a fait constater ses « 100 % de perte sur les kiwis ». « C’est une production que nous maîtrisons parfaitement. Quand elle donne, c’est extraordinaire. En plus, elle n’a besoin d’aucun traitement et elle se conserve très bien au frigo. C’est vraiment dommage. D’autant que nous travaillons beaucoup avec « Mangez bio Isère » qui alimente les cantines du secteur », regrette l’agriculteur. Ses pêchers aussi ont été touchés à hauteur de 100 %. « Il n’y aura rien à ramasser », déplore-t-il.

Productions nulles 

L’expertise s’est poursuivie à Saint-Etienne-de-Crossey. Pour Bénédicte Bernardin, adjointe au chef de service « Agriculture et développement rural » à la DDT, et Cécile Gallin-Martel en charge des calamités agricoles, il était important de venir également dans ce secteur pour bien définir le zonage.

Au sein du Gaec « La poule aux fruits d’or », les kiwis aussi ont été particulièrement touchés. « L’an dernier, dans notre parcelle, nous avions pu récolter plus de 700 kilogrammes. Cette année, si nous en ramassons 50, nous serons contents », avance Emmanuel Allouard, l’un des associés, qui ajoute : « tous les bourgeons sont tombés. Il a gelé de 20 heures à 8 heures. Cela a duré trop longtemps. Nous n’avons même pas essayé d’allumer les bougies. Cela aurait été peine perdue ». Les cerisiers ont également été touchés. Comme les fraises, qui ont vu toute leur première floraison noircie. « Nous ne les avions pas bâchées parce que la météo annonçait des gelées mais aussi de la neige. Nous n’avons pas voulu prendre le risque de perdre les serres », précise Sophie Guillon, une autre dirigeante du Gaec.

Dans le sud-Grésivaudan, la mission d’enquête réalisée à Saint-Hilaire-du-Rosier, pour constater ce qu’il advenait des cerises et des mirabelles du secteur, n’a fait que confirmer ce qui a été vu dans les autres territoires. « Les productions seront nulles ou quasiment nulles », certifie l’adjointe au chef de service.

Bénédicte Bernardin et Cécile Gallin-Martel rappellent que : «  pour qu’un agriculteur soit indemnisé au titre du régime de calamité agricole, il doit justifier d’une perte de production de plus de 30 % et d’un montant de dommages supérieur à 13 % par rapport au produit brut théorique de l’exploitation ». Elles précisent que d’autres missions d’enquête vont être organisées. Il s’agira d’évaluer les dégâts survenus sur les pommiers et les poiriers, car, selon l’avis général, il est encore trop tôt pour se faire une idée. Il sera aussi probablement question des vignes. Normalement, comme elles sont assurables, elles ne sont pas soumises au régime des calamités agricoles. Mais l’ampleur des dégâts est telle que le premier ministre a annoncé vouloir mettre en place un soutien exceptionnel.