Politiques publiques
Laurent Wauquiez veut sortir du " Zéro artificialisation nette "

Isabelle Brenguier
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Laurent Wauquiez a profité du congrès des maires ruraux pour demander que les habitants des villes et des campagnes bénéficient de la même attention et aient accès aux mêmes services.

Laurent Wauquiez veut sortir du " Zéro artificialisation nette "
Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a martelé durant le congrès national des maires ruraux à l'Alpe-d'Huez, son attachement à la ruralité.

« La France a un atout immense. C’est sa ruralité. La ruralité, ce n’est pas le passé, ce n’est pas un archaïsme, c’est l’avenir ». Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, n’a pas eu peur des mots, à l’occasion du congrès des maires ruraux de France, le 30 septembre à L’Alpe-d’Huez.
Se présentant « comme un élu de la ruralité », rappelant que « la ruralité a toujours été à la base de son engagement », il a évoqué deux problèmes majeurs.
D’abord celui de la « folie des normes administratives ».
« Si c’est un sujet pour tous les élus, il est bien plus important pour ceux des petites communes qui ne sont pas entourés d’une équipe de techniciens prêts à remplir de lourds dossiers. La réalité, c’est que trop de règles, cela ne fonctionne pas, et que des règles trop compliquées tuent les initiatives », affirme le président.
Puis, il a mentionné la question du respect des élus. « N’oublions pas que ce sont aux maires que les administrés portent le plus leur confiance », précise-t-il.
Mais selon lui, « les maires ne peuvent plus décider. Ce sont les services des DDT (1), des Dreal (2), qui nous expliquent ce que nous avons le droit de faire ou de ne pas faire. Et avec des incohérences telles entre les services que les projets s’en trouvent stoppés. Où est la démocratie quand un maire n’a plus la main sur les permis de construire ? Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que ce soit les élus qui décident », ajoute-t-il.

« Solidarité nationale »

Abordant la thématique de la culture, Laurent Wauquiez énonce que « le ministre de la Culture alloue 800 euros de budget à un habitant de Paris, contre 20 euros à un habitant du reste du territoire ».
« Est-ce que les habitants du monde rural n’ont pas aussi le droit d’aller à la bibliothèque, dans des festivals ? La France est une. On doit tous pouvoir accéder à la culture ! »
Autre inégalité exposée par le président régional : la mobilité. « C’est notre budget à tous qui finance la mobilité parisienne. Pourquoi la réciproque n’est-elle pas vrai ? »
Continuant sur le déploiement de la fibre et du haut-débit, il rappelle que durant la troisième République, c’est l’État qui a payé l’électrification des campagnes. « Alors, pourquoi aujourd’hui, est-ce nous qui devons nous saigner aux quatre veines ? Cela devrait être une solidarité nationale ».
L’élu poursuit : « Pour moi, il n’y a pas de fatalité. Il n’y a aucune raison pour qu’un citoyen qui vit en milieu rural soit moins bien loti qu’un citoyen qui vit en milieu urbain. Il faut rééquilibrer les territoires. Il faut permettre à nos enfants de s’installer chez nous. Mais il faut qu’on s’en donne les moyens, et qu’on soutienne que les services ruraux ne sont pas des coûts, mais des atouts de compétitivité ».

Sortie dU ZAN

En demandant « une ruralité vivante dans laquelle ce sont les élus qui décident », le président Wauquiez a aussi indiqué avoir décidé que « la Région Auvergne-Rhône-Alpes sortait du dispositif de « zéro artificialisation nette » des sols ».
C’est une loi « ruralicide » adoptée en dehors du champ démocratique
». Et de considérer que « mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité » revient à s’interdire « toute forme d’avenir ». Le propos a plu. Il a été vivement applaudi par l’assemblée.

Isabelle Brenguier

1)    Direction départementale des territoires
2)    Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement

 

En bref

En bref

Revenant sur le dispositif de « zéro artificialisation nette », le président du Département de l’Isère, Jean-Pierre Barbier s’est montré plus modéré que Laurent Wauquiez qui annonce que la région en sortait.

« Je ne suis pas contre la maîtrise du foncier. Mais le dispositif tel qu’il est présenté nous demande des mesures immédiates, très fortes, qui risquent d’impacter toute cette période de transition jusqu’à 2050. Je pense que ce dispositif-là, avec toutes ses conséquences sur la ruralité, ne va pas, qu’il faut qu’on revoit la copie. Est-ce qu’il faut faire autre chose que les Scot (1) et les PLU (2), qui, on peut le reconnaître, ont peut-être un succès limité parce que les terres agricoles continuent d’être consommées ? Pourquoi pas ? Est-ce qu’il faut arriver à zéro ? Cela pose question. Et ensuite à quelle vitesse faut-il y aller ? La loi dit 2050. J’ai peur d’une accélération immédiate de la mise en œuvre de ce ZAN qui va pénaliser les territoires qui n’auront pas le temps d’organiser la transition. Je suis favorable à l’idée de se remettre autour de la table pour discuter ».

(1)   Schéma de cohérence territoriale

(2)   Plan local d’urbanisme

IB