Énergies
Des économies d’échelle en transformation
L’enveloppe et les systèmes méritent une réflexion globale lorsqu’il s’agit de penser performance énergétique d’un atelier de transformation.
« Nous partons de l’existant et travaillons pour voir comment un bâtiment peut être modifié pour être plus performant énergétiquement. Nous intervenons aussi (le reste de l'article est réservé à nos abonnés)
dès la conception. »
Olivier Rey est gérant d’Enerbat, un bureau d’études et de conseil spécialisé dans le domaine de l’économie d’énergie basé à Entremont-le-Vieux en Chartreuse.
Il accompagne des particuliers, des entreprises et des collectivités et a mené plusieurs opérations dans le milieu agricole et agroalimentaire comme la Coopérative des Entremonts Ici en Chartreuse ou l’abattoir de Grenoble.
« Cela dépend d’où l’on part, mais on a toujours à gagner », assure-t-il.
C’est la raison pour laquelle il animera au mois de février, à la demande de la Chambre d’agriculture de l’Isère, une formation « pour améliorer la performance énergétique d’un atelier de transformation ». Il délivrera « des conseils très pratiques et applicables » sur la base de projets que les producteurs pourront lui soumettre.
L’enveloppe et les systèmes
À sa construction, un atelier de transformation répond à des contraintes réglementaires, sanitaires ainsi qu’à des exigences en matière d’isolation.
« Ce n’est pas parce que l’enveloppe est performante, que le bâtiment est moins énergivore », argumente Olivier Rey. Son bureau d’études se penche aussi sur les systèmes.
Il accompagne ainsi la Bergerie Saint-Pierre, à Saint-Pierre-de-Genebroz, en Chartreuse, dans sa démarche de performance énergétique.
La première intervention a porté sur la source d’énergie, c’est-à-dire l’installation d’une chaufferie bois et de son réseau de chaleur, puis de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques, pour le chaudron et en autoconsommation.
« L’énergie fossile est en voie de disparition. Depuis 2022, nous avons beaucoup de demandes pour de la production électrique. Jusqu’à présent c’était plutôt pour de la revente, c’est désormais pour de l’autoconsommation », indique le spécialiste.
Il estime que la question est d’autant plus pertinente « pour les agriculteurs qui ont de grandes surfaces de toitures et qui sont bien orientés ».
Mais Olivier Rey recommande la plus grande vigilance quant au type de contrat proposé et conseille « de bien dimensionner la taille de son installation, pour produire ce que l’on autoconsomme, voire un petit peu plus pour la revendre ».
Il estime le retour sur investissement entre 10 et 12 ans. « Mais attention au coût du raccordement », prévient-il encore.
Pour éviter les surcoûts, une installation de panneaux peut être envisagée dès la conception d’un bâtiment, en dictant son orientation et sa capacité de charge. Parce que le renforcement d’une charpente a posteriori va souvent de pair avec la pose de panneaux.
Chaud-froid
Autres points de vigilance à l’intérieur des bâtiments : les espaces chauffés et climatisés.
Olivier Rey insiste sur le choix des matériaux, surtout s’ils conjuguent intérêt environnemental et économique. Par exemple, « une chambre froide consommera moins dans une structure bois et isolant biosourcé », explique le conseiller.
« Les matériaux biosourcés retardent la pénétration de la chaleur et créent du déphasage. Quand il fait chaud dehors, la chaleur pénètre moins vite avec de la laine de bois que de la laine minérale et cela limite les besoins en énergie », détaille-t-il.
Le conseiller traque aussi tous les moyens de récupérer la chaleur produite dans les ateliers de transformation.
Il cible les groupes froids dont l’énergie chaude qu’ils dégagent peut être utilisée pour produire de l’eau chaude.
Il a également travaillé avec l’abattoir de Grenoble dont les gigantesques groupes froids avaient besoin d’être remplacés par des modèles plus performants ainsi qu’un système de récupération d’énergie qui a permis d’économiser l’équivalent de toute la production d’eau chaude de l’établissement.
Des économies d’énergie
Pour Olivier Rey, toute réflexion sur la performance énergétique mérite une approche globale. « Il faut savoir vers quoi on veut tendre, par quel bout le prendre et progresser en phasages, de façon cohérente. Inutile de changer les fenêtres, si les huisseries ne sont pas compatibles avec une future isolation ».
Murs, toiture, isolation, ventilation : « il faut prendre le problème dans le bon sens. Souvent, la gestion même des systèmes permet de réaliser 10 % d’économie d’énergie », déclare-t-il.
Enfin Olivier Rey reconnaît que le coût du conseil et des études peuvent être un premier frein à des projets de travaux qui représentent eux-mêmes un coût.
Il signale cependant que des aides existent permettant de subventionner pratiquement tous les postes.
Isabelle Doucet
Amélioration continue à Ici en Chartreuse
Enerbat travaille depuis 14 ans avec la Coopératives des Entremont sur la maîtrise de sa ressource en eau et en énergie.
Le bureau Enerbat travaille depuis 2009 avec la Coopérative laitière des Entremonts, leur voisine d’en face.
Cela a commencé par un audit mené via le parc de Chartreuse, puis l’accompagnement s’est poursuivi en continu.
Les actions phares ont porté sur les installations de froid en 2012. Le remplacement du groupe froid a permis de réaliser 20 % d’économies d’énergie.
Ont suivi le changement du bac à glace dans la partie stockage puis l’installation de compteurs pour observer la production de froid et optimiser les circuits de climatisation des caves.
Le bureau d’études a aussi fait l’assistance à maîtrise d’ouvrage dans l’extension des caves en 2017, couvrant les parties isolation, ventilation et toiture végétalisée.
« Depuis, nous faisons les suivis et la caractérisation de la consommation », indique Olivier Rey, le gérant d’Enerbat.
Ainsi, il observe que la consommation d’eau a été divisée par deux dans l’atelier de transformation du lait et la coopérative mène une réflexion sur la récupération de la chaleur du bac à glace ainsi que sur la production électrique.
ID