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2020, un marché foncier marqué par la crise sanitaire

Le marché foncier a légèrement reculé en 2020, en raison de la crise sanitaire. Mais la baisse a été atténuée par l’engouement en faveur des maisons de campagne.

2020, un marché foncier marqué par la crise sanitaire
En 2020, le bilan des échanges fonciers s’établit à 325 000 transactions (- 3 % par rapport à 2019) pour 664 000 hectares échangés (- 3,7 %) et un montant total de ces transactions à 36,8 milliards d’euros ( + 5,5 %).

Le marché du foncier agricole a été incontestablement marqué par la crise sanitaire en 2020. Il y a eu une véritable contraction des marchés fonciers au printemps constate la FNSafer qui présentait son rapport annuel sur le prix des terres agricoles. Au mois d’avril 2020, c’est-à-dire au moment du premier confinement, le nombre de transactions, tous marchés confondus, a chuté de 57 % par rapport au mois d’avril 2019. Mais dès le mois de juin, on a assisté à un rattrapage général, avec un pic des transactions de + 20 % en septembre. Finalement, le repli global est mesuré. Le bilan s’établit à 325 000 transactions (- 3 %), pour 664 000 hectares échangés (- 3,7 %). Le montant total de ces transactions est en revanche en hausse de 5,5 % à 36,8 milliards d’euros (Md €), cette hausse étant essentiellement soutenue par le marché des maisons à la campagne. Dans le détail, en ce qui concerne les ventes de terres et de prés, la crise met fin à cinq années de hausse soutenue. Les transactions sont en recul de 8,5 % à 86 820 pour une superficie totale de 406 400 ha (- 4,5 %) et pour un montant de 5,515 Md€ (- 2,3 %). Ce recul est plus marqué dans certains secteurs d’élevage. Le profil des acheteurs est également sensiblement modifié. Les agriculteurs sont moins nombreux (- 13,2 %) alors que le nombre d’acquéreurs particuliers est en hausse (+ 3,4 %). Le prix moyen est en revanche à la hausse que ce soit pour les terrains libres (6 080 euros/ha, + 1,3 %) ou loués (4 930 euros/ha, + 3,6 %).

Fortes disparités dans la vigne

En viticulture, le volume de transaction des vignes est qualifié « d’historiquement bas » par la FNSafer. Le recul s’établit à - 10,9 % pour 8 190 transactions (- 10,9 %), soit 14 600 ha (- 20,3 %), pour un montant total de 861 millions d’euros (M€) (-13,5 %). Tous les bassins viticoles sont concernés par la baisse des transactions. En revanche, ils ne sont pas égaux pour ce qui concerne le prix des ventes. Pour les vignes sous AOP, le prix moyen (150 500 euros/ha) est en hausse de 1,3 %. Mais cette légère évolution positive masque des disparités importantes. Les hausses concernent essentiellement les régions Bordeaux-Aquitaine (+ 8,9 %), Val de Loire-Centre (+ 9,7 %), Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura (+ 2,6 %). La Champagne (- 1,2 %) et le Sud-Ouest (- 3,9 %) sont en recul. En Alsace, le prix des vignes chute de 14,1 %. « Ce bassin est particulièrement impacté par la crise sanitaire et la baisse des ventes de vin, qui a fragilisé les trésoreries des exploitations et entraîné́ des cessations d’activité », explique la FNSafer. Le marché des vignes pour les eaux-de-vie AOP (55 400 euros/ha, + 6,9 %) est tiré par la bonne santé du cognac qui esquive la crise. Cette filière a pu continuer à exporter. Notons que la poursuite de l’extension des autorisations de plantation (3 400 ha supplémentaires en 2020) ne freine pas la hausse des prix. Pour les forêts, le nombre de transactions recule de 9 % à 18 460 transactions pour 132 500 hectares (- 5 %) pour un montant total de 1,740 milliard d’euros (+ 3,6 %). Le marché des maisons à la campagne a, quant à lui, bénéficié de la crise sanitaire. 111 930 transactions ont été enregistrées, soit une hausse de 6,6 % pour une valeur de 23,5 Md€ (+12,1 %). Le marché a été soutenu par la recherche d’espace, l’essor du télétravail, ou le changement de résidence principale. Et il semble que ce phénomène ne s’arrête pas à 2020. La tendance se poursuivrait depuis le début de 2021 selon les premières observations disponibles.

« Zéro artificialisation nette », le compte n’y est pas

« Zéro artificialisation nette », le compte n’y est pas

« Nous continuons à artificialiser, à consommer » du foncier agricole constate Emmanuel Hyest, président de la FNSafer. Certes l’urbanisation a marqué le pas en 2020. Les transactions, en volume, sont en recul de 12,1 %, mais concernent tout de même 27 200 hectares « un niveau de consommation toujours trop élevé ». La FNSafer pointe par ailleurs d’autres formes de pression sur le foncier agricole. Ainsi, en 2020, 24 900 hectares ont été soustraits à l’usage agricole pour devenir « des espaces de loisirs non bâtis » : jardins, usages récréatifs ou pour une agriculture de loisir. Le monde agricole attend toujours une grande loi foncière. Certes, des petits pas permettent d’avancer comme la loi climat qui fixe l’objectif de « zéro artificialisation nette » d’ici 2050. Mais il faut aller plus loin. « Il est encore temps d’arrêter cette course à l’artificialisation », écrit Emmanuel Hyest qui invite la profession agricole, les collectivités à travailler ensemble pour protéger la ressource en foncier, notamment face à l’arrivée de nouveaux habitants dans les campagnes. « Alors que la crise sanitaire confère un nouvel attrait aux territoires ruraux, il serait dangereux que cette chance se convertisse en une pression supplémentaire incontrôlée sur le foncier », conclut le président.