Marcel Teste, est le président de la MFR de Mozas à Bourgoin-Jallieu. L’établissement fête ses 80 ans le 10 juin..
Depuis combien de temps êtes-vous président de la Maison familiale et rurale de Mozas ?
Je suis administrateur des MFR depuis 45 ans et président de la MFR de Mozas depuis 35 ans ! J’ai été élève et très rapidement maître de stage. La MFR m’a aidé dans mon parcours de formation notamment après le décès accidentel de mon père. J’ai voulu rendre à Mozas ce que l’établissement m’a donné. J’ai été réélu 35 fois depuis 1988, bénéficiant de la confiance totale du conseil d’administration et de l’équipe.
Vous êtes un témoin privilégié de l’évolution des MFR ?
Les MFR ont une extraordinaire capacité à s’adapter. Elles ont été créées par le monde agricole et ont su évoluer avec la création de CFA et en développant des formations au service du monde rural. Ce sont des chantiers menés par les fédérations de l’Isère et de Rhône-Alpes. Mozas est la première MFR de l’Isère et une des premières de Rhône-Alpes et de France. Dès le début des années 80, nous avons fait le choix délibéré de poursuivre ses missions au service du monde agricole, avec les deux grandes filières qui permettent l’installation : Bac pro CGEA et Bac pro agroéquipement. Depuis près d’une dizaine d’années nous proposons également une formation Bac + 2 de conducteur de travaux en entreprises de travaux agricoles, qui est une réponse aux besoins du territoire dans un souci d’adaptation au changement du monde professionnel.
Que retirez-vous de ces années d’engagement ?
Il y a deux vraies récompenses : d’une part de nombreuses rencontres avec des salariés, des socioprofessionnels, des bénévoles, des responsables d’OPA et d’autre part celle de croiser des jeunes bien dans leur parcours, bien dans leur tête, qui avancent dans la vie avec confiance et trouvent les moyens de progresser en MFR. C’est un système de formation qui correspond bien à certains jeunes, qui transforme la curiosité naturelle en sens de l’observation, puis en esprit d’analyse, puis en esprit de synthèse. C’est aussi l’apprentissage de la vie sociale, du partage des responsabilités qui font, au final, un technicien et surtout une femme ou un homme en devenir.
Que signifie ce 80e anniversaire pour vous ?
Je termine mon mandat avec cet anniversaire. Ce sera une « passation de vouloirs » avec Jacky Gros, agriculteur à Biol et parent d’élève. Je voulais terminer les gros chantiers et nous profiterons de ce 80e anniversaire pour inaugurer la remise à neuf de l’établissement avec deux constructions nouvelles, la rénovation de l’internat et la mise en accessibilité. C’est un chantier de 2,2 millions d’euros qui a bénéficié de financements de la Région et du Département. Cette inauguration sera le plus bel hommage que nous pouvons rendre aux fondateurs de la MFR. Plusieurs milliers de jeunes ont fréquenté l’établissement et il n’est pas rare que dans les réunions professionnelles nous soyons une majorité d’anciens de la MFR de Mozas !
Quel souvenir(s) marquants avez-vous de la MFR ?
En tant qu’élève, j’arrivais d’un lycée où nous étions plus de 1 300. Ma grande découverte à Mozas est qu’il n’y avait pas de sonnerie et il n’y en a toujours pas. Chacun est responsable de son organisation. J’ai aussi été surpris par la dimension humaine de l’établissement et j’ai découvert le système de formation par alternance, bien suivie, avec une vraie construction du projet du jeune.
Établissements implantés en milieu rural, les MFR sont très ouvertes sur l’extérieur...
C’est une satisfaction d’avoir la capacité de conduire les jeunes à aller vers l’extérieur et vers les autres, notamment à travers les voyages d’étude en France et dans le monde. En tant que président, j’ai participé à des missions de coopération au Brésil, qui est la destination de référence de la fédération des MFR de l’Isère, et participé à la création d’une quarantaine de MFR, qui fonctionnent plus ou moins… Mais nos valeurs sont les mêmes et cela est très bien compris des familles et des responsables politiques. C’est d’ailleurs une coopération qui se poursuit. Nous avons aussi eu l’occasion de conduire des jeunes en « expédition ». Mais se rendre au Brésil est compliqué, car c’est loin et difficile à organiser en raison des financements conséquents à mobiliser. Cependant, les MFR ont une politique de voyage où les familles versent un montant fixe chaque mois et sans dépassement. Le reste du budget voyage est assuré par les jeunes, d’où la fameuse choucroute annuelle de la MFR de Mozas qui attire plusieurs centaines de participants.
Propos recueillis par Isabelle Doucet