Il y a quelques années le pari était audacieux. Mais la démarche du Pôle agroalimentaire, dont l’objectif est de commercialiser les produits de la marque IsHere, connaît un succès grandissant. L’assemblée générale vient de le confirmer.
Dans un contexte économique, politique, météorologique morose, une éclaircie apparaît. Celle de la dynamique positive que le Pôle agroalimentaire de l’Isère, PAA38, suit depuis plusieurs années.
« Les manifestations agricoles importantes que nous avons connues au début de l’année en Isère reposaient sur un slogan : redonner du sens au métier et trouver de la reconnaissance par le grand public », rappelle Aurélien Clavel, président du Pôle agroalimentaire, au cours de l’assemblée générale tenue le 19 juin à Eybens. « C’est le rôle exact du PAA », souligne-t-il.
Engouement pour les boutiques éphémères
La cinquantaine de participants, producteurs, transformateurs, distributeurs, élus des collectivités locales, ont pu apprécier le développement maîtrisé et réfléchi de la structure. Son activité génère en 2023 plus d’1,6 million d’euros de chiffre d’affaires réalisé dans les grandes et moyennes surfaces et les commerces de proximité (pour 90 % du CA). Deux activités encore modestes, mais en développement, concernent la vente de box (caissettes de différents produits) et les boutiques éphémères. Ces dernières sont implantées lors d’évènements particuliers, comme le marché de Noël à Grenoble. Elles ont connu un engouement particulier soutenu certainement par les débats autour de l’agriculture et de l’alimentation.
Renforcement du cahier des charges
L’activité du PAA repose sur un principe de base, celui de proposer des produits de qualité et de proximité. « Les produits non transformés doivent répondre aux exigences du cahier des charges de l’agriculture biologique ou de celui de la haute valeur environnementale (HVE) », précise Geoffrey Lafosse, le directeur de la structure. Cependant les exigences relatives à la HVE ne sont applicables qu’à ceux qui y sont soumis, les apiculteurs en particulier, en sont exclus car le foncier lié à leur activité ne peut pas répondre aux conditions exigées. Des réponses ont été apportées en direct aux questions de ces professionnels.
Approvisionnement local
De la même manière, l’approvisionnement de proximité supporte des dérogations jusqu’à la fin de l’année pour le porc et la bière en raison d’une faible production locale. Les brasseries se développent fortement dans le département et les producteurs locaux sont désormais favorables à une accélération du renforcement de l’approvisionnement local. « La filière évolue vite pour l’orge et le houblon qui entrent dans la composition des bières. Le tournant peut être pris dès maintenant », estime un brasseur dans la salle.
La montée en puissance de l’activité du PAA a permis la mise en place récente de trois livraisons par semaine dans les magasins de proximité. Parallèlement, une gestion de stock a été expérimentée pour certaines références notamment celles classées en épicerie. « Nous aurons une analyse des fréquences de rotation, promet Geoffrey Lafosse, certaines références pouvant ne pas tourner suffisamment rapidement au regard de leur date de durabilité minimale (DDM). »
Augmenter le panier moyen
L’année 2023 a été dynamique. 2024 va garder le rythme. « En mars, le chiffre d’affaires a atteint 630 000 euros HT alors que l’objectif était de 565 000 euros », note avec satisfaction Geoffrey Lafosse. La stratégie annoncée est de développer le CA par magasin en augmentant le panier moyen et la fréquence de livraison, et en consolidant la gamme de produits frais. Les deux autres axes que sont les entreprises et les particuliers ne sont pas oubliés. Les entreprises vont se voir proposer soit des coffrets cadeau pour leurs clients ou leurs salariés, des paniers de fruits ou d’épicerie pour les lieux de convivialité, un snacking via des distributeurs automatiques.
Du côté de la cible des particuliers, le développement de coffrets cadeau ou de paniers de produits va être exploré avec une livraison soit dans les entreprises soit dans les boutiques de producteurs. « Nous sommes dans une phase exploratoire pour ces deux grands types de clientèle », reconnaît Geoffrey Lafosse.
Comme à la maison IsHere
Le projet de création d’une Maison IsHere revient sur la table. Elle serait située dans la métropole grenobloise afin de participer au développement de la notoriété de la marque auprès de la clientèle urbaine. « L’objectif est de favoriser le lien entre les Isérois, les produits du territoire et les producteurs qui en sont à l’origine, explique le président du PAA. Ce serait à la fois une boutique vitrine et une boutique classique comportant des démonstrations ou des animations avec les producteurs. »
Jean-Marc Emprin
Voir aussi les 3 V qu'il faut connaitre
Et pour approfondir : La matrice crée du lien