Interview
« Égalim 2, Pac 2023-2027 : l’action syndicale a payé »

Sur la loi Égalim 2 et la contractualisation, mais aussi sur le profil de la future Pac 2023-2027, le travail de la profession a porté ses fruits. Yannick Fialip, président de la commission Économie de la FNSEA, le confirme. 

« Égalim 2, Pac 2023-2027 : l’action syndicale a payé »
Yannick Fialip, président de la commission Economie de la FNSEA. ©Sophie Chatenet

Les avancées obtenues sur la loi Égalim 2 est le fruit du combat syndical qui a finalement payé ?

« Nous sommes mobilisés sur les moyens de retrouver de la valeur payée au producteur depuis au moins 2015. Déçus par la première version de la loi Égalim, nous l’avons clairement fait entendre, notamment en mars dernier, lors des manifestations à Lyon et à Clermont-Ferrand. On fonde maintenant nos espoirs sur cette nouvelle version Égalim 2 car, enfin, on change de logique : on passe d’un flux poussé qui donnait l’impression que l’on débarrasse l’agriculteur de son volume de production à un modèle à flux tiré, avec un besoin de matière première que l’on vient rémunérer au juste prix. C’est cette différence qui permet de négocier le prix et d’obtenir une revalorisation rapide. »

La contractualisation fera donc la différence ?

« Mille litres de lait vendus 350 € coûtent 420 € à produire ; un kilo de viande vendu 3,50 € coûte 5,20 € à produire : le déséquilibre s’est instauré car rien ne prenait en compte le coût de production. Or, ce sera désormais ce qui servira de base au contrat, en intégrant les coûts énergétiques, les intrants, la rémunération… En se prononçant suffisamment tôt, l’amont comme l’aval ont des garanties dans le cadre d’un échange commercial. C’est devenu une nécessité pour attirer des jeunes dans la profession. Nous ne sommes pas seulement des fournisseurs, nous sommes le moteur de la souveraineté alimentaire française. »

Les prix au consommateur vont donc augmenter ?

« Nécessairement. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’alimentation, c’est essentiel ! Plus encore qu’une voiture ou un téléphone portable… C’est un sujet qui doit s’inviter dans le débat présidentiel et la campagne des législatives. C’est vrai que, dans ce pays où nous avons la capacité de produire, certaines populations ont du mal à acheter pour se nourrir, comme on l’a vu pour les étudiants pendant la période de confinement. Alors la FNSEA soumet l’idée d’un « chèque alimentaire » plus vertueux qu’une aide sociale basique, et qui permettrait de faire remonter le pouvoir d’achat. »

Des prix, une rémunération, mais aussi des aides nécessaires ?

« Sur les aides de la PAC 2023-2027, là aussi, nous nous sommes battus et nous avons été globalement entendus. En particulier sur la politique de compensation des handicaps naturels en zone de montagne (ICHN) et sur les aides couplées avec une baisse bien moindre que celle qui était prévue. La baisse sera compensée par l’aide à la protéine végétale qui s’applique à des surfaces fourragères, et par des éco-régimes favorables à nos zones de montagne. C’est un combat syndical gagné puisqu’on a réussi à conserver l’essentiel. »

Mais ces nouveaux calculs ne sont-ils pas trop compliqués ?

« Comme à chaque changement, c’est toujours un peu complexe, notamment le calcul à l’UGB, mais aussi les éco-régimes… Les adhérents de la FNSEA savent qu’ils peuvent compter sur un important réseau qui va des communes, au canton, au département et jusqu’au national pour les aider à y voir plus clair. Je les invite à suivre les réunions d’information et les formations qui se tiendront pour décrypter la loi et faire les bons choix, prendre les bonnes décisions pour les aides, mais plus globalement en faveur du développement économique de leur exploitation. Par exemple, saisir la chance d’engraisser des animaux dans des filières qui cherchent à s’approvisionner… »

Propos recueillis par R. Saint-André