Viticulture
Le sacre de la verdesse au Concours des vins de l'Isère

Isabelle Doucet
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Les cépages locaux étaient à l’honneur lors du Concours des vins de l’Isère qui a succédé à deux jours de salon.

Le sacre de la verdesse au Concours des vins de l'Isère
Les lauréats 2022 du concours des vins de l'Isère.

« Un grand cépage blanc, un cépage d’avenir », la verdesse a fait l’unanimité lors de la 11e édition du concours des vins de l’Isère, qui s’est déroulée lundi 7 novembre à Montbonnot-Saint-Martin.
Seul ou en assemblage, le cépage blanc emblématique de l’Isère a occupé le haut du tableau des médailles.



Cette année, quinze médailles ont été décernées, ainsi que deux coups de cœur.
Il y avait 56 vins en lice, présentés par 22 domaines. En retrait par rapport à la précédente édition, où 77 échantillons étaient proposés, cette moindre contribution s’explique par une année 2021 compliquée pour les viticulteurs isérois qui ont essuyé grêle, gel et parfois le mildiou.
« Mais la qualité des vins n’est plus à prouver », insiste Wilfrid Debroize, le président du syndicat des vins de l’Isère.

Et l’étraire de la Dhuy

Une douzaine de viticulteurs a été récompensée, des habitués, mais aussi des nouveaux venus comme le domaine Gueydan de Saint-Ismier qui s’est distingué avec là aussi des cépages ultra-locaux : l’étraire de la Dhuy et le persan.
« J’étais dans mon coin, reconnais Wilfried Giardina qui a replanté des vignes sur les coteaux ismérusiens il y a sept ans. Je découvre un concours très professionnel, fait par des professionnels et pour les professionnels. »
Passé la surprise de ces distinctions, il se dit séduit par l’ambiance confraternelle de la manifestation. « Cela stimule », confie-t-il.



Les vignerons soulignent la bienveillance des jurés dans leurs remarques constructives. Mais peut-être est-ce le signe de la reconnaissance de la qualité de ce jeune vignoble ?
« Une médaille, c’est le début d’une histoire », commente Wilfrid Debroize, dont le domaine des Rutissons a décroché une breloque en or.
Le président du syndicat des vins de l’Isère se réjouit surtout de la présence de tous les terroirs : Collines rhodaniennes, Trièves, Balmes dauphinoises, Grésivaudan, Sud-Grésivaudan, Savoie.

Soutien à la filière

« La viticulture renaît de façon magistrale », déclare Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère qui, avec le Conseil départemental, apporte tout son soutien à cette filière renaissante.
Une nouvelle charte tripartite, signée avec le syndicat le jour du concours, assure la pérennité de la manifestation, l’appui au fonctionnement du syndicat et l’accompagnement des dossiers dans le cadre du plan filière.
« On a besoin de tout le monde pour développer cette filière », ajoute Wilfrid Debroize.



Une filière qui s’étoffe encore avec de nouvelles installations. S’ils n’avaient pas encore de vins à présenter, la dernière génération de vignerons était bien présente pour donner un coup de main à cette manifestation en trois actes.

Une demande grandissante

« Ils s’impliquent dans la vie du syndicat et demain ces jeunes vignerons participeront avec leurs stands », s’enthousiasme Antoine Depierre, du domaine Mayoussier, coorganisateur avec Stéphanie Loup, du domaine Loup des vignes, et Wilfrid Debroize de ce week-end dédié aux vins de l’Isère.
Pendant deux jours, le salon grand public a attiré environ 700 personnes. « Nous pouvons encore mieux faire en termes de fréquentation, mais les visiteurs qui se déplacent ont bien dépensé », commente l’organisateur.
Les viticulteurs présents - la dizaine d’Isérois et autant de leurs amis d’autres terroirs – reconnaissent un niveau de vente assez élevé.
Lundi 7 novembre, le salon était réservé aux professionnels, nombreux, avertis, intéressés et témoignant d’une demande grandissante de la clientèle des restaurants, caves et magasin pour les vins locaux.

Une identité visuelle

La manifestation semble durablement ancrée à la Maison des arts de Montbonnot, la municipalité ayant mesuré le potentiel attractif de cet événement convivial, à la fois professionnel et grand public.
Les organisateurs confient qu’il pourrait encore évoluer pour prendre une nouvelle dimension.



Déjà, les vins isérois s’habillent d’une nouvelle identité graphique, sous le crayon de Gabriella Orosz.
L’artiste a imaginé un pochoir « I love Isère » où le cœur est remplacé par un flacon. « Les vins de l’Isère ont quelque chose de marginal. Ils ont du caractère. Ils sont portés par un groupe jeune et dynamique, des valeurs qu’il fallait exprimer à travers un projet contemporain. »
Sur fond jaune, dans une feuille de style aux accents artisanaux en écho au travail de la vigne, la bouteille porte la symbolique de la rivière et des montagnes. Elle est soulignée par la liste des cépages rares et locaux.
Isabelle Doucet

 

Les animaux sont dans la vigne
Aurélia Aucourt et Serge Meunier sont viticulteurs à Saint-Chef.

Les animaux sont dans la vigne

À Saint-Chef, le domaine La Courna effectue une percée dans le paysage des Balmes dauphinoises.

Des vignes, des chevaux, des moutons : « La Courna, c’est toute notre passion », lance Aurélia Aucourt, viticultrice à Saint-Chef, avec son compagnon Serge Meunier.
Ils tenaient un stand pour la première fois au Salon des vins de l’Isère. Et pour cause, le vignoble ne date que de 2019, même si le couple produisait auparavant du vin issu de parcelles louées au domaine Martin.

Echalas et traction animale

Les plantations sont allées au pas de course : pas moins de 2,6 ha en 2020.
Aujourd’hui, l’exploitation fait 4 ha, avec des cépages pinot, mondeuse, syrah, chardonnay, aligoté, viognier, marsanne et roussanne, le tout sur échalas. Les viticulteurs produisent un vin naturel et le travail de la vigne se fait à la traction animale.
« Donne Ulysse, contre bons soins, comtois borgne qui ne sait rien faire ». C’est l’annonce qui a séduit Aurélia Aucourt lorsqu’elle a récupéré ce cheval en Savoie il y a quelques années.
« Dès que je lui ai mis le collier, il s’est mis au travail. La traction, chez ces animaux, c’est génétique. »
C’est elle qui conduit le comtois dans les vignes, pour le travail du sol. La fertilisation et l’entretien sont assurés par le passage des brebis, puis des volailles.
ID

Le palmarès du XIe concours des vins de l'Isère

Médailles
• IGP Isère blanc
OR
Domaine du Loup des Vignes, Stéphanie Loup et Mario Amaro Rabico, Balmes Dauphinoises, 2021 Le Loup sort du bois (viognier/verdesse)
Domaine des Rutissons, Wilfrid Debroize et Laurent Fondimare, Coteaux du Grésivaudan, 2021, verdesse
Domaine Jérémy Bricka, 2021, Pont de Brion, verdesse
ARGENT
Domaine Finot, Thomas Finot, Coteaux du Grésivaudan, 2021, chardonnay
BRONZE
Les Alpins, Sébastien Benard, Coteaux du Grésivaudan, 2020, Métisse (chardonnay, aligoté, viognier, jacquère)
Domaine Finot, Thomas Finot, Coteaux du Grésivaudan, 2021, Galopine (viognier)

• IGP Isère rouge
OR
Domaine du Gueydan, Wilfried Giardina, Coteaux du Grésivaudan, 2019, Alliance (étraire de la Dhuy et persan)
Domaine du Gueydan, Wilfried Giardina, Coteaux du Grésivaudan, 2020, Renaissance (persan)
Vignoble Chevalier Bayard, Yves Jean, Coteaux du Grésivaudan, 2020, persan
Domaine Finot, Thomas Finot, Coteaux du Grésivaudan, 2020, pinot noir
BRONZE
Domaine de l'Obiou, Samuel Delus, 2020, Prabouisson (pinot et gamay)

• IGP Collines rhodaniennes blanc
OR
Domaine Pichon, Christophe Pichon, 2021, Diapason (viognier)

• IGP Collines rhodaniennes, rouge
OR
Les Vins de Vienne, Cuilleron, Villard & Gaillard, 2020, Sotanum (syrah)
ARGENT
Domaine Christophe Billon, Christophe Billon, 2019, La Batie (syrah)

• AOP Savoie cru des abymes
ARGENT
Domaine Marc Portaz, 2021, Tête de cuvée

Mentions spéciales du jury
Vins sans IG blanc
Finot Frères, Thomas Finot, 2021, « Tracteur » (jacquère, chardonnay, verdesse)
Vins sans IG rouge
Domaine de l'Obiou, Samuel Delus, 2021, La Foussaillàs