AGENCE RMC
Vers la reconquête des captages d’eau potable

Face aux enjeux de santé publique et de coût des traitements des eaux, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse mobilise les élus pour renforcer les démarches de reconquête des captages d’eau potable dégradés par les pollutions diffuses. 

Vers la reconquête des captages d’eau potable
Les captages d’eau potable dégradés par les pesticides et les nitrates, comme ici le captage du Golley en Isère, sont considérés comme prioritaires dans la reconquête d’une meilleure qualité de l’eau potable. DR

« 80 % de l’eau potable du bassin Rhône-Méditerranée provient des eaux souterraines. 269 captages d’eau potable touchés par des pollutions diffuses par les nitrates et les pesticides sont considérés comme prioritaires pour la mise en place de programmes de restauration de la qualité de leurs eaux », annonce l’agence Rhône Méditerranée Corse (RMC) dans un communiqué. « Il y a nécessité d’agir pour réussir à garantir une alimentation en eau potable des populations par de l’eau de bonne qualité et reconquérir la ressource », ajoute Laurent Roy, son directeur général. Les acteurs locaux, au sein même des territoires, prennent ce sujet très au sérieux.

C’est le cas notamment de Valence Romans Agglo, qui, au travers de son programme Agriculture durable et eau, concentre ses efforts sur sept captages d’eau prioritaires au titre de leur sensibilité aux pollutions diffuses. 20 000 hectares de surface agricole sont concernés par une aire d’alimentation de captage, soit la moitié des surfaces agricoles de l’agglomération. « En tant que collectivité, nous sommes dans un objectif de maîtrise des usages et d’accompagnement vers un changement de pratiques agricoles. Des études sont menées pour développer des filières à bas niveau d’intrant et garantir des débouchés économiques de qualité aux agriculteurs. D’autre part, nous développons actuellement une « stratégie foncière eau », prenant en compte les milieux aquatiques et zones humides, les ressources souterraines et les risques inondations », souligne Floriane Ollier, chef de projet. 

Vers un changement de pratiques

En Isère, le groupe technique Arboriculture de la chambre d’agriculture est également mobilisé sur le sujet depuis trois ans. Richard Fragnoud, exploitant agricole sur le captage d’Agnin et membre du groupe, souligne que le partage d’expérience entre agriculteurs, appuyé par une conseillère technique, est intéressant pour échanger sur les erreurs commises à certains moments, les pratiques à améliorer, les traitements phytosanitaires à éviter, etc. « Cela fait prendre conscience qu’on peut tendre, avec certaines pratiques, à diminuer ces emplois de produits pour obtenir un résultat similaire », précise-t-il.

De son côté, la communauté de communes Entre Bièvre et Rhône (Isère) réserve une part de son budget à l’animation sur l’aire d’alimentation du captage prioritaire du Golley, d’une surface agricole utile de 1 500 ha. « Cette eau pose problème au niveau de la qualité, avec des traces de nitrate et de désherbant. La nappe souterraine est très suivie et fait l’objet de discussions avec les agriculteurs depuis longtemps », relate Jean-Charles Malatrait, vice-président délégué au Cycle de l’eau. Le secteur, disposant d’importantes quantités d’eau, attire également de plus en plus les industries. Une inquiétude pour la collectivité locale avec le fort impact environnemental que cela représente. 

Le long renouvellement des eaux…

Pour renforcer les démarches des collectivités dans le cadre de la reconquête de la qualité de l’eau des captages prioritaires, l’agence de l’eau et les services de l’Etat ont mis au point une nouvelle stratégie d’actions, différente selon les territoires, en tenant compte du temps moyen de renouvellement des eaux souterraines, c’est-à-dire le délai nécessaire pour retrouver une eau de qualité en sortie de captage lorsque l'usage de pesticides et l'excès de fertilisants sont stoppés. « Des études de datation des eaux dans le bassin Rhône-Méditerranée montrent que 51 % des captages sont alimentés par des nappes qui mettent en moyenne plus de 20 ans à se renouveler », prévient Fabien Abad, chef du service pollutions et services publics de l’eau et assainissement à l’agence de l’eau. 

Amandine Priolet