Salon de l'agriculture
L’Isère au Salon de l’agriculture

Isabelle Doucet
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Les portes se sont refermées sur la plus grande ferme de France tandis que les élus et les professionnels isérois tirent parti de la journée dédié au département, le 3 mars.

L’Isère au Salon de l’agriculture
Autour des jeunes éleveurs du Vercors - Lucien Idelon, sa villarde Laïka et son veau, et Pauline Guillot - les vice-présidents du Département, Fabien Mulyk, Nathalie Faure, Jean Papadopulo et Cyrille Madinier, ainsi que Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l'Isère.

Ambiance de retrouvailles sur le stand de la Région Auvergne-Rhône-Alpes paré aux couleurs de l’Isère, le 3 mars, au Salon de l’agriculture.
« C’est le moment de présenter l’agriculture française à chaque concitoyen qui ne la voit qu’une fois par an », assure Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d’agriculture de l’Isère.
Dans les allées de la porte de Versailles, dans les médias et sur les réseaux sociaux, on ne parle qu’agriculture.
Ce temps fort, les professionnels en profitent : pour faire-valoir leurs productions, rencontrer des responsables politiques et d’OPA, partager un grand moment d’échanges et de convivialité.


Aussi, le jour où il est mis à l’honneur, le département ne doit pas manquer ce rendez-vous. Tandis que les produits de l’Isère, ses vins, ses fromages, ses noix, ses truites et toutes les productions de la marque IsHère investissent le stand régional, les délégations – pas moins de quatre vice-présidents du Conseil départemental (1)-, de nombreux élus de la Chambre d’agriculture de l’Isère et des responsables syndicaux et d’Organisations professionnelles agricoles (OPA) gravitent autour de ce point de ralliement.

Rencontre avec le ministre de l’Agriculture

Il s’agit non seulement « de rendre visite et de soutenir les agriculteurs du département qui vont au concours général et en plus rapportent des prix », comme le souligne Jean-Claude Darlet, mais aussi « d’aller voir des institutions, des partenaires, parler de ce qu’on fait avec les politiques ».


« Nous avons pu interpeller le ministre de l’Agriculture sur un dossier important pour toutes les OPA qui est celui du projet d’unité de trituration pour le soja et le colza porté par la coopérative Oxyane dans le cadre du Plan de relance, indique Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère. Nous avons aussi interpellé le ministre isérois Olivier Véran à ce sujet. En tant que professionnels nous souhaitons avoir un outil de transformation dans le département. »

Du lait recherché

Sur le stand de l’interprofession laitière, le responsable syndical a également rencontré le responsable des Fromageries de l’Étoile (Étoile du Vercors), l’interrogeant sur le prix du lait.
« Le lait qui n’est pas transformé en saint-marcellin est payé au prix standard. Or, avec Plein lait yeux Isère, nous avons trouvé une issue avec des contrats plus favorables pour ce lait. Mais le fabricant ne veut pas lâcher ce lait car il dit qu’il en a besoin. Nous avons également appris que Danone cherchait du lait dans l’Ain pour fabriquer le pavé d'Affinois. Après avoir évacué 40 millions de litres dans le secteur en 5 ans, c’est dommage d’en chercher aujourd’hui », regrette Jérôme Crozat qui constate que les industriels « ne veulent pas payer le lait, mais en recherchent ».

La PAC et le Feader

Les Isérois ont beaucoup échangé avec les élus du Conseil régional, dont le président Laurent Wauquiez, présent au salon mercredi soir 2 mars.
La politique agricole menée en Isère s’inscrit dans le cadre d’une convention entre le Département et la Région, que les deux collectivités mènent en bonne entente. « La nouvelle PAC, les nouvelles enveloppes Feader (2) nécessitent des ajustements et nous devons être dans les mêmes clous », commente Fabien Mulyk, vice-président du département en charge de l’agriculture.


Les élus isérois et les professionnels souhaitaient s’assurer que la participation du Département « soit bien fléchée vers le département », explique le vice-président.
Les échanges avec Jean-Pierre Taite, vice-président régional à l’agriculture, Jean-Claude Darlet et Jérôme Crozat sont allés dans ce sens.



« Nous avons besoin de cet argent pour le développement des filières végétales, de la vente directe, de la marque IsHère, poursuit ce dernier. Car si l’argent que donne le Conseil départemental devait être redistribué à d’autres départements, nous demanderions que celui de la PAC le soit aussi. »
Fabien Mulyk liste encore les domaines dans lesquels intervient sa collectivité : pastoralisme, produits locaux, spécificités territoriales, « mais aussi les urgences comme les aléas climatiques pour lesquels nous adaptons nos règlements d’intervention ».

Défilé

« Et puis, en cette période de campagne présidentielle, nous n’avons pas vu défiler que des animaux », ajoute avec malice Alexandre Escoffier.
Pour Jean-Claude Darlet, ne pas être présent au salon, c’est laisser une place vide, lui qui en a profité pour aller du stand de l’APCA à celui de la FNSEA et de JA, du Cniel ou des Brasseurs de France avec Aurélien Clavel.
La délégation Iséroise a aussi rendu visite à Adrien Botalla, associé du Gaec de Bourbre à Burcin, dont la vache Panthère, une belle montbéliarde, s’est classée 4e de sa catégorie.


       


Alexandre Escoffier, qui est nuciculteur, souligne avec fierté tout l’or dont se sont parées les huiles de noix iséroises.

Les éleveurs du Vercors, avec leurs villardes et leurs chevaux du Vercors de Barraquand ont aussi quitté l’espace d’une journée le stand du parc pour participer à l’animation de la journée iséroise.

Isabelle Doucet

(1) Fabien Mulyk, VP en charge de l'agriculture, Nathalie Faure, VP en charge de la montagne, Jean Papadopulo, VP en charge du bien-être animal et Cyrille Madinier, VP en charge de la ruralité.
(2) Fonds européen agricole pour le développement rural

International / L’ombre de la guerre en Ukraine 
La délégation de la FDSEA iséroise au salon avec Neige, l'égérie : Richard Duvert, Aurélien Clavel, Alexandre Escoffier et Jérôme Crozat.

International / L’ombre de la guerre en Ukraine 

Tous les secteurs de l’agriculture vont être touchés par les conséquences du conflit qui se déroule en Ukraine. Déjà, les prix des matières premières flambent.

« C’est un sujet qui revient dans toutes les conversations. Pour certaines filières, il y a déjà des conséquences, mais nous n’en connaissons pas la portée », indique Jean-Claude Darlet, le président de la chambre d’agriculture.
« La guerre en Ukraine fait comprendre encore plus aux citoyens qu’ils ont besoin des agriculteurs, estime Alexandre Escoffier, élu à la chambre d'agriculture. La situation accentue les tensions sur nos productions : manger français et européen, avoir moins d’import pour éviter que les prix n’augmentent. Mais le problème est que les agriculteurs risquent de devoir payer une fortune pour produire. Les semences de maïs, de blé, d’orge et de soja viennent essentiellement d’Ukraine. »
Il ajoute : « Quant à ceux qui achètent des blés et des céréales pour nourrir les bêtes, ils savent qu’il va en manquer. Certains pays, comme l’Egypte, n’avaient pas commandé leurs stocks, estimant que les cours étaient trop élevés. Aujourd’hui, ça risque de coincer encore plus, surtout pour les pays du Maghreb. Si seulement cela pouvait faire comprendre aux politiciens les limites de certaines orientations, comme la jachère, car il n’y a pas à manger pour tout le monde. Il faut des terres pour cultiver et produire sainement et que tout le monde ait à manger ! » 

400 euros la tonne

Alexandre Escoffier reprend : « Cette situation en Ukraine va rebattre les cartes. Les contrats de blés sont aujourd’hui à 340 euros/t et 260 euros en maïs. Ils prennent 10 euros par jours. Ca va être compliqué, d’autant qu’à cela s’ajoute le coût de l’énergie. »
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, préconise de ne pas signer de contrat d’achat de céréales à plus de 400 euros/t, notamment pour les producteurs laitiers. Il renvoie aux industriels la question de la redistribution des marges qu’ils ont accumulées pour soutenir la production agricole. 
«  C’est un sujet en filigrane du salon : le risque qu’on soit demain dépendant alimentairement d’autres pays et d’autres continents, reprend Jean-Claude Darlet. En cas de conflit, les conséquences sont importantes. Nous devons retrouver notre autonomie alimentaire et les marges de manœuvre d’il y a 10 ans, où l’excédent de la balance commerciale en agriculture était de 10 milliards d’euros alors qu’il est tombé à 0 aujourd’hui. »

ID

 

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