Aléas climatiques
Gel: semaine noire pour l’arboriculture, qui demeure en état d’alerte

Gel: semaine noire pour l’arboriculture, qui demeure en état d’alerte

Les trois nuits consécutives de gel depuis le 5 avril ont affecté tous les bassins de production fruitière et toutes les espèces, a confié la directrice de la FNPF (producteurs de fruits, FNSEA) Stéphanie Prat à Agra Presse le 8 avril. «C’est une semaine noire», lâche-t-elle. «Kiwis, pommes, poires, abricots, pêches, nectarines, cerises, raisins, tout ça sera impacté, à plus ou moins grande échelle en fonction des départements et puis des moyens de lutte à disposition.» «On vit une situation extraordinaire de par l’étendue, l’intensité du gel, et surtout le fait que ça intervient après une phase de reprise végétative active suite aux températures exceptionnelles des quinze derniers jours», abonde le directeur de l’association nationale pommes poires (ANPP) Josselin Saint-Raymond. Il est trop tôt cependant pour évaluer les dégâts, d’autant qu’un nouvel épisode de gel est prévu en début de semaine prochaine. «Pour les vergers qui ont pu avoir une lutte active, notamment par aspersion, je pense que le travail de protection est fait. Mais pour les autres, je pense que les dégâts seront significatifs», conclut M. Saint-Raymond.

Le gel fait maintenant des dégâts dans les vignobles méridionaux

Le gel a frappé d’importants vignobles méridionaux durant la nuit du 7 au 8 avril. Le vignoble bordelais est «très sévèrement touché par le gel», titre le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux dans un communiqué du 8 avril. «Le gel a durement frappé de vastes zones» de ce vignoble de 111 000 hectares. Les températures «sont parfois descendues en dessous de -5°C», a indiqué l’interprofession bordelaise. Son président Bernard Farges parle de «gel exceptionnel». Dans l’Hérault, 90% du vignoble seraient frappés par le gel, rapporte le député Philippe Huppé (LREM, Hérault) dans un communiqué diffusé le 8 avril. Une estimation «confirmée» par la chambre départementale d’agriculture. Les deux co-présidents de l’Association des élus de la vigne (Anev), Philippe Huppé et la sénatrice Nathalie Delattre (Mouvement radical, Gironde), ont adressé au Premier ministre un courrier lui demandant un plan de sauvetage. Au niveau national, Jean-Marie Barillère, le président du Cniv (interprofessions des vins à appellation d'origine et à indication géographique) indique dans un communiqué le 8 avril que «s’il est encore trop tôt pour connaître avec précision l’étendue des dégâts, 80% du vignoble de nos régions est aujourd’hui affecté».

La FNSEA et le Modef exigent une réaction «rapide» des pouvoirs publics

La FNSEA appelle les pouvoirs publics à «une réaction rapide» pour «apporter des solutions concrètes» aux agriculteurs victimes de l’intense épisode de gel qui sévit depuis trois jours dans toute la France, indique un communiqué le 8 avril. «Les dégâts sont impressionnants chez les viticulteurs et chez les arboriculteurs. La détresse est grande aussi dans le monde des grandes cultures», constate le syndicat majoritaire, qui exprime le besoin «de retrouver de la visibilité, notamment quant aux conditions de re-semis des betteraves» et «d’envisager dès à présent les mesures d’indemnisation permettant à chacun de passer l’année difficile qui s’annonce». La FNSEA rappelle au passage «l’urgence d’agir» pour doter les producteurs de moyens de protection contre les aléas climatiques, réformer l’assurance multirisques climatiques (MRC) et rénover le régime des calamités agricoles: les trois volets du chantier de gestion des risques mené par le ministère de l’Agriculture et censé aboutir d’ici l’été. Dans un autre communiqué, le Modef exige une «évaluation rapide» des dommages, l'activation et l'abondement «à hauteur des dégâts» du FNGRA dans le cadre du régime des calamités agricoles.