SYNDICALISME
Congrès national des JA : entretien croisé avec Pierre Picard et Jordan Magnet

Le 2 juin dernier se tenait le congrès national des Jeunes agriculteurs auquel ont participé les JA Auvergne-Rhône-Alpes. Entretien croisé avec Pierre Picard, président des JA AuRA et son secrétaire général, Jordan Magnet, pour revenir sur cet événement et sur les chantiers en cours.

Congrès national des JA : entretien croisé avec Pierre Picard et Jordan Magnet
Pierre Picard, président des Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes. ©JA AuRA

Quel était le programme du congrès national des JA qui s'est déroulé le mercredi 2 juin ?

Jordan Magnet : « En temps normal, ce congrès est l'occasion d'un grand moment de convivialité qui se déroule sur deux jours. Covid-19 oblige, il s'est déroulé cette année en visioconférence. Les représentants nationaux se sont réunis à Paris, aux JA AuRA nous nous sommes retrouvés au siège de Groupama Rhône-Alpes Auvergne à Lyon-Vaise. L'objectif de ce congrès était de rassembler tous les échelons des Jeunes agriculteurs, du national au départemental. La première moitié de la journée était purement statutaire avec la présentation du rapport d'activité et du rapport financier. Les élus nationaux ont ensuite présenté les chantiers qui ont été menés durant l'année par les différents groupes de travail. L'après-midi était consacré au vote du rapport moral et à celui de plusieurs propositions importantes de réformes concernant les statuts des Jeunes agriculteurs. »

Quelles sont les principales décisions qui ont été prises durant ce congrès ?

J.M. : « Au total, quatre propositions de modification des statuts ont été soumises aux votants. La première concernait l'âge légal maximum pour être membre des Jeunes agriculteurs, qui est aujourd'hui fixé à 35 ans. Après de nombreuses propositions, il a été proposé que l'âge limite soit repoussé à 40 ans, ce qui n'a finalement pas été accepté par le réseau. Deux autres résolutions portant respectivement sur le nombre et la durée des mandats au sein des Jeunes agriculteurs ont également été discutées mais aucun vote n'a finalement été organisé. Enfin, et c'est la seule résolution qui a été acceptée : à l'avenir, si un Jeune agriculteur décide de se porter candidat à une élection, que ce soit au niveau communal, départemental, régional ou même au niveau national voire européen, il devra démissionner des Jeunes agriculteurs. »

Quelle est l'actualité aujourd'hui au niveau des Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes ?

Pierre Picard : « Via notre association Terres d'AuRA, lancée en août 2020, nous travaillons au quotidien sur plusieurs sujets. Le projet « Lait jeune » consiste par exemple à récupérer le lait classé B dans les laiteries d'Auvergne-Rhône-Alpes et à le remettre en briques pour reverser la plus-value aux jeunes qui s'installent. L'actualité de cette association, c'est aussi le lancement d'un organisme de formation avec l'objectif d'obtenir d'ici septembre la certification pour les formations de l'organisme Vivea. Dans Terres d'AuRA, il y aussi la question des stages agricoles qui sont parfois difficiles à trouver. Nous travaillons à une meilleure mise en relation des stagiaires et des maitres de stage. Ce dispositif est très étendu en France et il marche bien, il sera également mis en place en septembre et impliquera bien entendu l'ensemble des sections départementales de la région. Rappelons par ailleurs qu'après le groupe grandes cultures, créé il y a peu, un groupe circuits courts verra le jour chez les JA AuRA d'ici la mi-juin. Nous travaillons également avec le Tour des terroirs à la création d'un événement festif en septembre prochain. Nous organiserons également lors du prochain Sommet de l'Elevage une journée d'animation qui sera entièrement consacrée aux jeunes et à l'installation. »

Dans quelques semaines auront lieu les élections départementales et régionales. Sur quels sujets comptez-vous interpeler les différents candidats ?

P.P. : « Nous avons rencontré l'ensemble des candidats aux élections régionales, ils nous ont présenté leurs programmes agricoles et nous leur avons exposé nos priorités. La première d'entre elles est bien entendu l'installation. Si nous n'avons aucune visibilité sur l'avenir, le renouvellement des générations ne peut pas se faire. Deuxième sujet primordial : les prix. Nous avons mené des actions dans les grandes et moyennes surfaces, nous diffusons aussi une facture permettant de calculer le manque à gagner dans les exploitations. Nous sommes très actifs sur le sujet, car même si nous sentons une volonté de voir les choses bouger dans les grandes enseignes, le résultat n'est pas encore à la hauteur pour la filière bovin allaitant. Le troisième sujet est celui de la Pac, même si c'est une bonne chose de voir le budget installation augmenter. Le quatrième enjeu, souvent oublié, est celui de la prédation face à laquelle nous sommes souvent désarmés. Dernier sujet important : la transition agroécologique, pour laquelle nous aurons besoin d'être soutenus financièrement pour parvenir à répondre aux attentes sociétales ».

Propos recueillis par Pierre Garcia