CONFLIT
Les Vingt-Sept entendent débloquer les céréales ukrainiennes

Alors que vingt millions de tonnes de céréales ukrainiennes ne peuvent sortir des ports de la mer Noire en raison de la guerre, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE réunis en Sommet extraordinaire à Bruxelles, ont appelé la Russie à lever le blocus.

Les Vingt-Sept entendent débloquer les céréales ukrainiennes
Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE appellent la Russie à lever le blocus des ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d’Odessa. ©Wikimedia

Alors que la guerre en Ukraine a un impact direct sur la sécurité alimentaire mondiale, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE réunis lors d’une réunion extraordinaire à Bruxelles les 30 et 31 mai, appellent la Russie à lever le blocus des ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d’Odessa. Sur ce point, le président français Emmanuel Macron a indiqué avoir proposé le 28 mai à Vladimir Poutine le vote d’une résolution des Nations unies pour « donner un cadre très clair à cette opération ». Avant d’ajouter que « la décision de débloquer les ports dépend d’un accord de la Russie et des garanties qu’elle apporte face au déminage qui est indispensable pour que les vraquiers et bateaux puissent être acheminés et prendre ces céréales (20 Mt doivent quitter les silos avant la prochaine moisson de cet été, NDLR) ». « Il faut ainsi des garanties de sécurité apportées aux Ukrainiens pour éviter qu’ils ne soient attaqués, c’est le cadre des Nations unies qui nous permettra de le faire », a insisté Emmanuel Macron. De son côté, Vladimir Poutine a expliqué qu’il serait ouvert à une solution négociée avec l’UE, à condition d’une levée des sanctions, afin d’augmenter les livraisons des engrais et des produits agricoles russes. Un chantage qui n’a pas fait plier l’UE puisque les Vingt-Sept se sont mis d’accord le 30 mai pour la mise en place d’un embargo progressif sur le pétrole russe.

Réunion Turquie-Russie

Le président français a confirmé à l’issue du Sommet européen, « le rôle très important de la Turquie, compte tenu de sa responsabilité dans la mer Noire » et de ses échanges récents avec Moscou. En effet, le président russe Vladimir Poutine avait expliqué le 30 mai, lors d’un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, vouloir travailler avec Ankara à la libre circulation des marchandises en mer Noire, y compris des céréales provenant d’Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov avait ainsi estimé que « si le problème du déminage était réglé, les forces navales russes pourraient assurer le passage sans entrave des navires vers la mer Méditerranée puis vers leurs destinations ». Une réunion bilatérale est prévue afin de discuter de la mise en place de corridors sécurisés. Dans ce cadre, la Turquie souhaiterait créer « un centre d’observation des corridors à Istanbul », selon son ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu. En attendant, le Conseil européen invite les États membres à accélérer les travaux sur les « Voies de solidarité » proposées par Bruxelles afin de faciliter les exportations de denrées alimentaires en provenance d’Ukraine par des voies alternatives (rails, routes et voies fluviales). Dans ce cadre, l’Allemagne a déjà mis sur pied un « pont ferroviaire avec l’Ukraine pour aider Kiev à exporter ses céréales », a indiqué le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli (sa nomination doit encore être confirmée par le Congrès). Avant de préciser que « la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn est en train d’extraire d’Ukraine des quantités massives de céréales, via la Pologne, en direction des ports du nord de l’Allemagne pour leur exportation ».

Coopération multilatérale et Pac

Face à la pénurie d’engrais actuelle, le Conseil demande également que des efforts supplémentaires soient fournis afin de promouvoir une utilisation plus efficace des engrais et des solutions de remplacement. D’autre part, il se félicite du lancement par la présidence française de l’UE (le 24 mars) de la mission de résilience de l’alimentation et de l’agriculture (Farm) qui vise à atténuer les conséquences sur le niveau des prix, la production, l’accès aux céréales et leur approvisionnement. Tout en apportant son soutien à l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (Gafs) lancée lors de la réunion des ministres du développement du G7 à Berlin (19 mai). Par ailleurs, il réitère son engagement à maintenir le commerce mondial des produits alimentaires ouvert, à augmenter la production alimentaire, locale durable afin de réduire les dépendances structurelles ou encore à renforcer la solidarité envers les pays les plus vulnérables. Sur ce point, le Conseil européen invite la Commission à étudier la possibilité de mobiliser les réserves du Fonds européen de développement pour soutenir les pays partenaires les plus touchés.

R.M