INSTALLATION
Un regain d’intérêt pour la production ovine à conforter
Pleinement mobilisée sur l’installation et la transmission, la chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes a organisé le mardi 31 mai dernier une journée sur l’élevage ovin dans l’Allier. Objectif : susciter des vocations et communiquer sur les nouveaux accompagnements.
À Franchesse dans l’Allier, à quelques encablures de la cité thermale de Bourbon l’Archambault, le temps a fait son œuvre. En ce début du mois de juin, l’herbe est déjà bien sèche et Charles Thuard s’interroge déjà sur l’opportunité de réaliser une seconde coupe ou pas. « S’il ne pleut pas rapidement, cela va devenir franchement compliqué. » En choisissant le métier d’agriculteur après sept ans de salariat en abattoir et dans des fermes, Charles Thuard connaissait pertinemment les risques qu’ils prenaient et la météo en est un de plus en plus sérieux. Mais aujourd’hui, malgré les multiples aléas, il ne regrette pas son choix. À la tête d’une troupe ovine de cinq cents brebis Île-de-France et de trente-cinq vaches charolaises, il a repris la ferme de ses parents en 2020¹. Et, comme à bien des endroits, les jeunes retraités lui donnent un sérieux coup de main. « Je ne les force pas à venir. Ils m’aident quand ils le souhaitent, au moment de l’agnelage, notamment », précise Charles. Technique, parfois gourmande en main-d’œuvre, mais désormais mieux valorisée par les prix et mieux accompagnée par la Pac, la production ovine a su évoluer, si bien qu’après des années de désamour, elle attire à nouveau les vocations.
Communiquer sur l’accompagnement
Rien qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, alors qu’en 2015 on ne dénombrait que deux installations en élevage ovin, aujourd’hui, une trentaine de projets aboutit chaque année. L’Allier, la Haute-Loire et la Haute-Savoie sont les trois départements qui installent le plus dans cette production. « Dans l’Allier, nous comptabilisons 1 200 éleveurs pour 120 000 brebis. Preuve que le dynamisme est réel », se félicite le président de la chambre d’agriculture, Patrice Bonnin. « Au niveau régional, dès le point info installation, nous recensons 5 % de projets en ovin. Cent dix porteurs de projets arrivent avec des projets mixtes ovins-bovins viande ou ovins-bovins lait », précise Laurence Romanaz, chargée de mission installation-transmission à la chambre régionale d’agriculture. Au-delà du contexte plus porteur pour la filière ovine et la présence d’opérateurs sur le territoire, ce regain d’intérêt est le fruit d’une politique volontariste, selon Gilbert Guignand, président de la chambre régionale d’agriculture : « Si aujourd’hui on arrive à ces chiffres d’installations aidées, c’est qu’il y a un accompagnement des chambres d’agriculture. Des dispositifs existent avec des étapes assorties d’outils et de financements. Le conseil régional est présent, l’État également. Des journées comme celles-ci sont essentielles pour faire connaître ce que l’on fait. Construire son projet, s’entourer des meilleurs spécialistes est une nécessité, car c’est un engagement au moins pour une partie de sa carrière. L’objectif est de ne laisser aucun jeune sans réponses aux questions qu’il se pose ». En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 55 % des agriculteurs ont plus de cinquante ans. Avec en moyenne, huit cents installations aidées par an, cela ne suffit pas à compenser l’intégralité des départs à la retraite.