Elevage
Christophe Ferrari visite une exploitation à Claix

Le territoire de Grenoble Alpes métropole couvrant 49 communes, des exploitations agricoles relèvent de sa sphère d'intervention. Christophe Ferrari s'est rendu à Claix chez un jeune agriculteur afin d'alimenter sa réflexion pour le prochain budget métropolitain.

Christophe Ferrari visite une exploitation à Claix
Dessin de Cambon

La visite a été rapide mais montre l'intérêt que porte Grenoble Alpes Métropole, la métropole grenobloise, au tissu agricole présent sur son territoire.
Christophe Ferrari et Cyrille Plenet, respectivement président et vice-présidente en charge de l'agriculture et de la forêt, ont visité l'exploitation de la SCEA de La Côte, à Claix, pour « s'interroger sur ce que peut être la politique agricole sur le territoire métropolitain », explique Christophe Ferrari.

Trois personnes

Cette exploitation a un grand mérite : celui de faire travailler 2,5 unités de main-d'œuvre puisque Benjamin Mistri, le jeune gérant de 28 ans, est associé à Raphaël Roulleau (actuellement en double activité) et la compagne de Benjamin, Julie Bortot, est salariée de l'exploitation.
« C'est la vente directe et les circuits courts qui nous permettent de tirer suffisamment de revenus pour cela », explique Benjamin Mistri.
L'exploitation ne totalise que 150 hectares répartis sur les zones de pente des contreforts du Vercors Est, au bord ou quelquefois enclavées dans des zones urbanisées. Mais l'exploitation possède des atouts. Elle est autosuffisante pour nourrir son cheptel de bovins viande, ses brebis mères et leur suite ainsi que les 240 poules pondeuses.
C'est au prix de beaucoup de travail manuel pour distribuer le foin ou la paille aux vaches par exemple, et avec des investissements indispensables mais seulement nécessaires en termes de bâtiments. Ici pas de superflu. Les coûts de production sont donc réduits au minimum pour pouvoir tirer un revenu.

Sept exploitations

« On parle bien de revenus et pas de revenu horaire », souligne avec force Christophe Revil, le maire, enthousiaste sur la dynamique des exploitations dans sa commune.
« Nous avons encore sept exploitations professionnelles dans une commune périubaine. Mais nous avons la volonté de maintenir leur présence et avons d'ailleurs rendu 20 hectares de terres à l'agriculture en seulement 10 ans », s'enorgueillit-il.
L'engouement suscité par la pandémie et les confinements envers l'approvisionnement local renforce les responsables politiques dans leur volonté de soutenir l'agriculture en lisière de Grenoble.
« Nous devons renforcer les dispositifs et les stratégies en matière agricole et les traduire dans le prochain budget de la métrople qui sera discuté en automne », confirme Christophe Ferrari.

Le loup bien implanté

Mais dans cette exploitation, le sujet du loup ne pouvait pas être passé sous silence.
Elle a fait l'objet de deux attaques, la première au mois de mars 2020, l'autre au mois de novembre dernier. Avec de lourdes pertes pour l'exploitation. Et une incertitude quant à la pérennité de l'élevage dans le secteur. Car le loup est souvent aperçu dans la commune, tant par les agriculteurs que par les habitants, et en plein jour.
L'animal reste prudent dans sa relation avec l'homme, mais ne paraît pas effrayé.
« Les deux attaques ont porté sur le troupeau ovin, mais il nous arrive d'avoir les jeunes bovins éparpillés dans la montagne. C'est le signe d'une poursuite par le loup », analyse Raphaël Roulleau. 

Retour au hors-sol

Au-delà des pertes économiques engendrées par ces attaques, c'est aussi toute l'organisation de l'élevage et donc de l'équilibre de son fonctionnement qui sont remis en cause.

Depuis un an, les brebis sont rentrées quotiennement afin de ne pas servir de pâture au prédateur.
En été, les bêtes mangent essentiellement  la nuit lorsqu'il fait moins chaud. Or, ces éleveurs sont obligés de les rentrer dans le bâtiment tous les soirs. Elles ne mangent donc plus que du foin et mobilisent un des membres de l'exploitation pour les emmener et les ramener matin et soir.
« Le modèle économique de l'exploitation est totalement remis en cause, s'exclame Christophe Revil. Pire, les éleveurs sont obligés de travailler avec leur troupeau comme s'ils étaient hors-sol. Cela va à contre-courant de la demande sociétale. »
Les élus locaux présents, désarmés devant la situation, essaient d'élaborer des pistes de propositions, de réflexion. Le patou ? Des alarmes et des systèmes répulsifs ? La métropole regorge de star-up pouvant inventer des engins sophistiqués de détection d'anomalies.
Mais les solutions semblent encore lointaines et difficilement réalisables. « Recourir à un patou est impensable ici car nous sommes trop proches des habitations et de la présence humaine. Ce serait ingérable », estiment les éleveurs. 

Le loup et la Métro est un dossier qui vient tout juste de s'ouvrir.

Jean-Marc Emprin

   

Rencontre entre élus et éleveurs

Rencontre entre élus et éleveurs
Raphaël Roulleau, Benjamin Mistri, Julie Bortot (à partir de la gauche au premier plan) ont expliqué le fonctionnement des trois ateliers de l'exploitation à Christophe Revil, Cyrille Plenet et Christophe Ferrari.
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